Je copie-colle ici modestement mon intervention de l'été dernier concernant les plumes, en y apportant quelques retouches en italique...
Mes plumes, mes "belles" à moi... Que voulez-vous, moi, dans un stylo, je cherche la plume "ultime", comme disait Loositen, celle qui va révéler mon écriture, montée sur un stylo agréable à ma main par sa forme, son équilibre, son toucher.
Les voici, mes "belles", couchées sur un texte dont vous reconnaîtrez peut-être l'auteur (réponse sur une photo un peu plus loin), et que j'avais recopié tant il avait fait mes délices en vacances.
Elles ont toutes en commun d'être des Sheaffer de l'ère avant Bic, et d'avoir été polies et affinées au Micromesh, pour une écriture extra-fine et une glisse parfaite.
Je vous les présente dans l'ordre de la photo, qui est d'ailleurs l'ordre chronologique.
- un Sheaffer Crest vintage datant des années 1940, et sa plume tubulaire "Triumph". Pilotnamiki avait consacré à ces plumes un fil très documenté, et je viens de découvrir un post de Georges à ce sujet. Ces plumes ont équipé bien des Sheaffer de l'époque, les petits Tuckaways par exemple.
- un petit Lady Sheaffer de rien du tout, datant des années 1950 ou 1960 et équipé d'une mini-plume Triumph, alors qu'on les rencontre souvent avec un plume "nail", comme on peut le découvrir par exemple sur le site de Teri
http://store03.prostores.com/servlet/pe ... Categories
- un de mes deux Sheaffer Targa actuels, à la plume "inlaid" si particulière. Cette plume, apparue sur les PFM des années 1960, a peu à peu remplacé les plumes Triumph. Elle équipe encore les modèles Sheaffer actuels, tels que le Valor ou le Legacy.
- deux Sheaffer Crest Reissue années 1990, qui remettait à la mode les plumes Triumph, toutefois moins massives, plus élancées et sobres dans leur gravure.
Voici à présent les stylos dans leur ensemble.
Parlons écriture et sensations, puisque c'est ce qui m'intéresse dans un stylo.
- La plume du Crest Vintage est très rigide, me donnant l'impression d'écrire avec une pointe. Avez-vous remarqué - je sais, je ne suis pas très douée en photo - que sa plume est "turned-up", c'est-à-dire qu'elle a le nez retroussé, ce qui lui permettait d'être si dure qu'on pouvait l'utiliser pour dupliquer un document via le papier carbone. Je reviendrai sur ce point plus tard. Ce Crest écrit bien, certes, mais je n'éprouve aucune plaisir, aucune sensation à le faire. De plus il a déjà fait deux voyages chez Jean-Elie pour réparation du système de remplissage. Mes doigts se placent également mal sur la section, à l'endroit du pas de vis.
- J'ai "roulé" en Sheaffer Targa (c'est le cas de le dire) pendant plus de deux décennies, ne trouvant aucun équivalent à cette plume si particulière. Je ne jurais que par elle jusqu'à ce que je rencontre ...
- le Sheaffer Crest Reissue. Coup de foudre aux premiers mots écrits. Ce plaisir de sentir mon écriture se dérouler, s'envoler sous sa longue plume, cette sensation d'écrire au pinceau... J'en possède 4 à présent, que j'ai habillés de laque rouge, d'argent, de palladium et accessoirement de plaqué or, signe que l'aspect du stylo m'importe aussi ... une fois la plume adoptée. Ce sont mes stylos de travail, tous encrés d'Iroshizuku.
- J'aime bien le Lady Sheaffer de deux sous, à la plume ferme et douce à la fois, dont le débit généreux sied à ravir à l'Iroshizuku Kiri Same. C'est mon stylo de correspondance, mais sa petite taille en fait un stylo quotidien très agréable, qui se glisse au besoin dans mon sac.
Je voudrais revenir à présent sur la plume "upturned" du Crest Vintage, à ne surtout pas appeler "Waverley", sous peine de se faire reprendre par Richard Binder himself, qui rectifia ses informations sur son site suite à ma bévue, de peur que pareille infâmie ne se reproduise.
En effet, Waverley était le nom qu'une firme anglaise, aujourd'hui disparue, avait donné à ses plumes et stylos-plume au "nez retroussé". Sheaffer, sans utiliser le nom de Waverley, reprit voire amplifia cette caractéristique sur beaucoup de stylos. Richard Binder racheta ce nom pour désigner les plumes qu'il retouche ainsi, afin d'allier extrême finesse et douceur et revendique cette appellation pour ses seules plumes.
Reste à savoir ce que ce nez retroussé apporte à l'écriture. Je possède 3 plumes de ce type.
- Je vous ai déjà parlé de l'extrême rigidité de la plume du Crest Vintage, que j'apprécie peu. Pour mieux vous montrer, je reprendrai - qu'il me pardonne - une photo de l'excellente présentation de Pilotnamiki.
- Le Targa doté d'une telle plume, récemment acquise, ne me satisfait guère, sans que je sache si son nez retroussé y est pour quelque chose ou s'il me faut simplement la roder.
- J'ai fait retoucher par Richard Binder une des plumes Crest Reissue malencontreusement tombée, et transformée par ses soins en une XXF Waverley. Elle est tout simplement exquise à l'écriture, offrant un trait très fin mais "mouillé", révélant pleinement la couleur de l'encre. Mais est-elle supérieure aux autres que je possède ???? Elle est différente, sans savoir si c'est ce caractère Waverley ou le fait qu'elle ait été "binderizée" qui la distingue des autres.
J'ajouterai que ces plumes sont extrêmement fiables, à toute épreuve, un débit ô combien stable, généreux pour ce qui est des Triumph.
J'édite ici mon message. Me croyant inconditionnelle de Sheaffer, j'ai acquis récemment un Balance II Amber Glow à plume "classique". J'ai tenu une demi-heure avant de prendre la décision de le renvoyer : belle plume classique certes, mais trop rigide, section trop grosse et trop courte pour moi. Mon écriture, qui glisse sous les plumes Crest Reissue, hésite, incertaine.