SDD du 3 mars 2013 : marques aimées, marques détestées.
Posté : 03 mars 2013 10:23
Marques aimées, adulées
Wahl Eversharp
Je n'en ai pas fait mystère, j'adore la marque Wahl Eversharp pour ses productions jusqu'aux années 1940. La quintessence de l'art déco dès les premiers BCHR (Tempoints) en passant par les Décobands, God Seal, Doric, Coronet, mais même les minuscules Bantam et les premiers Oxford, avec une apothéose dans les Skylines. Des stylos somptueux, généreux, des plumes parfois fabuleuses (Parmi mes "écrivains", il y a un Doric "Burma" 1re génération à la plume flexiiiible, je ne vous dis que ça).
Bien sûr des stylos qui "coûtaient" trop cher à fabriquer, des prix de vente insuffisants pour amortir la fabrication, et de toutes façons trop élevés pour le "vulgum pecus".
J'avais présenté mon écurie dans le SDD sur les USA et les Bantam ici. Non, ne me demandez pas, je ne suis pas près d'en revendre . Et je suis toujours à la chasse du mythique Coronet si rare, si fragile, mais aussi beau que le Chrysler building
Waterman
Une passion née ici, mais qui m'a amené très vite à me restreindre aux modèles d'avant les années 1930, pour la qualité de leur ébonite, la "justesse" et la variété de leur ligne. La notion de mesure industrielle étendue aux stylos, non seulement sur la taille du stylo, la forme de la plume, mais aussi la largeur du stylo. Et une déclinaison de décorations très simples, mais si "évidentes" que ce sont des stylos géniaux à utiliser. Le stylo fabriqués par des ingénieurs cultivés et de vrais professionnels de la main d'écrivain. Dommage, ça a bien changé à partir des années 1980.
Mabie Todd
Le stylo souple par excellence. Des variétés de ton, surtout dans la gamme Swan fabriquée en Angleterre. Une très (trop ?) grande qualité de fabrication aux USA qui a peut-être causé sa perte à la fin des années 1930 ? Il est clair que cette firme, née au milieu du 19ème siècle aux USA, s'est bien développée pour sa survie en Angleterre, d'où elle arrosait très tôt le continent (Les "Merle Blanc" fabriqués pour la France).
J'avais présenté aussi ces deux derniers fabricants dans le SDD sur les USA
Marques détestées
Pas d'a priori en général que des critères esthétiques pour les stylos que je n'ai pas, et je n'ai pas de marque détestée pour ceux que j'ai.
Je vais quand même essayer d'expliquer un certain ressenti très particulier qui ne m'est pas propre
Montblanc
Subjectivement, parce qu'il représente pour moi une partie de l'attirail de l'"ingénieur" de la fin du 20ème siècle, avec la mini-cooper dans les années 1970, la jaguar des années 1990, la BMW des années 2000 et l'Audi aujourd'hui, toujours noire la voiture, bien sûr, avec le petit costume étriqué et les chaussures à bout pointu !
(Comme quoi je peux être un délice de subjectivité totale, je vous dis !).
Bien sûr, ce n'est pas aux concepteurs de Montblanc que j'en veux, mais à ce marketing qui transforme un objet d'un intimité féroce (Quoi de plus proche de votre âme quand vous vous sentez hors d'état que votre stylo lorsque vous écrivez votre peine ?) en produit de supermarché. Parce que, pour moi, le "Business Model" des boutiques Montblanc, c'est bien la supérette.
Mais pour tempérer tout ça, je veux parler du seul et unique Montblanc que je possède, parce qu'il m'a appris beaucoup de choses.
J'ai commencé à entasser les stylos fin 2011 (Je m'en suis expliqué sur mon fil de présentation), et si j'avais beaucoup lu en terme stylophilique, je n'avais jamais qu'un bête nononsense que je n'utilisais pas, étant à cette époque bien formaté au clavier par mon boulot d'informaticien.
Donc après avoir acheté quelques (D'aucuns par ici parlent "d'achat de n'importe quoi" ) bouts de plastique, j'ai cru comprendre qu'il y avait quelques "icones" incontournables, et je me suis armé entre autres d'un M1000 en pyjama rayé, un KOP, et ... un 149. Pardonnez moi pour ces n'importe quoi.
Ce 149, je l'ai trouvé sur une enchère eBay, le 4 janvier 2012, à un prix qui représentait le quart du neuf (166€ pour être exact, port compris). L'annonce était propre, les photos correctes pour le débutant que j'étais. Il y avait juste la plume qui était tordue du bec mais tout semblait correct. Pas de papier, pas de boîte.
Un petit coup d'adrénaline, et j'ai reçu mon paquet quelques jours plus tard (C'était un belge qui vendait ça, je crois).
Le stylo fonctionnait parfaitement, malgré la plume tordue, le piston était parfait, la capacité pleine et entière. La plume était douce, taille moyenne, avec ce qu'il faut de semi-flex qui permet une écriture rapide tout en permettant quelques nuances.
Je n'ai toujours pas compris pourquoi son annonce n'avait pas eu de succès. Je pense que les gens ne savent pas qu'on peut redresser des plumes !
Par curiosité, j'ai fouiné sur FPN et trouvé le superbe fil d'aide à la datation des 149. J'ai posté parce que le mien ne rentrait pas dans le moule (J'avais évidemment peur des contrefaçons). A ma grande surprise, mon 149 s'est avéré parfaitement "Casher", que c'était une production pour la France de 1971 et qu'il n'avait visiblement pas eu de pièces de remplacement. Ô joie, j'y gagnais d'avoir contribué à un des fils les plus importants de FPN, et de savoir que j'avais un bout d'histoire entre les doigts.
C'est d'ailleurs quelque part de là que j'ai commencé à fouiner dans le passé stylophilique parce que je découvrais au fur et à mesure que "nouveauté" n'équivaut pas toujours à "meilleur" (En tous cas pas pour les clients), quelque soit la marque, d'ailleurs.
Au début de cette année, je suis allé voir M.Arabian et lui ai demandé de redresser la plume et la rendre légèrement oblique, vu que j'avais pris goût à ce type d'écriture. Aujourd'hui il écrit parfaitement, mais quelquefois, je regrette presque de ne pas l'avoir laissé avec sa plume tordue, parce que j'ai adoré écrire avec telle qu'elle était.
Je l'ai toujours gardé dans mes écrivains, longtemps, il alternait avec le M1000 et le KOP comme écrivain-chef. Maintenant ça tourne davantage (mes écrivains sont au nombre de 15 aujourd'hui), mais il en fait toujours partie.
J'avoue que j'ai une énorme tendresse pour ce stylo en lui-même.
Et je regrette qu'il ait quelque part été pris en otage du marketing aux dépends du snobisme des jeunes niais sortis des grandes écoles d'inculture (Croyez-moi, j'en ai encadré pas mal en 25 ans, ce n'est pas après le bac qu'on apprend ce qu'est l'art).
Et une dernière remarque en négatif : j'en veux beaucoup à cette homogénéité et unicité de pensée qui s'est installée, au point que les gens croient qu'il n'a existé que deux marques en Allemagne, Montblanc et un petit artisan appelé Pelikan. (Et ça, c'est de la choucroute ? Presque toutes les marques allemandes des années 1950 ont disparu ou ont abandonné les stylos).
Faber Castell
Toujours aussi subjectivement, sinon davantage que pour Montblanc, puisque je n'en ai jamais possédé, j'ai très peur que cette marque prenne les traces de Montblanc.
Toutes les marques à Blingbling vendu 10000€ et plus !
Voilà, c'était ma diatribe à 2 balles toute subjective, parfaitement contrable. Je sais que je ne convaincrai que les convaincus, et que personne, pour ou contre ne changera d'avis, puisqu'effectivement, un stylo, c'est une extension du corps, et que nous n'avons pas des corps identiques. Et je ne cherche à contraindre personne .
D'ailleurs, j'ai presqu'envie d'enchaîner un fil sur lequel je raconterais exactement le contraire ! Schizophrénie, quand tu nous tiens !
En fait, le problème de fond est qu'on peut apprécier une marque pour un ou plusieurs stylos avec le(s)quel(s) on se retrouve en quasi-parfaite affinité, et la détester en même temps pour son business model.
Pour paraphraser un slogan des années 1980, Montblanc, je te hais-me ?
A vous de nous raconter vos amours et déchirements stylophiliques, vos cris et chuchotement calamophiles.
Wahl Eversharp
Je n'en ai pas fait mystère, j'adore la marque Wahl Eversharp pour ses productions jusqu'aux années 1940. La quintessence de l'art déco dès les premiers BCHR (Tempoints) en passant par les Décobands, God Seal, Doric, Coronet, mais même les minuscules Bantam et les premiers Oxford, avec une apothéose dans les Skylines. Des stylos somptueux, généreux, des plumes parfois fabuleuses (Parmi mes "écrivains", il y a un Doric "Burma" 1re génération à la plume flexiiiible, je ne vous dis que ça).
Bien sûr des stylos qui "coûtaient" trop cher à fabriquer, des prix de vente insuffisants pour amortir la fabrication, et de toutes façons trop élevés pour le "vulgum pecus".
J'avais présenté mon écurie dans le SDD sur les USA et les Bantam ici. Non, ne me demandez pas, je ne suis pas près d'en revendre . Et je suis toujours à la chasse du mythique Coronet si rare, si fragile, mais aussi beau que le Chrysler building
Waterman
Une passion née ici, mais qui m'a amené très vite à me restreindre aux modèles d'avant les années 1930, pour la qualité de leur ébonite, la "justesse" et la variété de leur ligne. La notion de mesure industrielle étendue aux stylos, non seulement sur la taille du stylo, la forme de la plume, mais aussi la largeur du stylo. Et une déclinaison de décorations très simples, mais si "évidentes" que ce sont des stylos géniaux à utiliser. Le stylo fabriqués par des ingénieurs cultivés et de vrais professionnels de la main d'écrivain. Dommage, ça a bien changé à partir des années 1980.
Mabie Todd
Le stylo souple par excellence. Des variétés de ton, surtout dans la gamme Swan fabriquée en Angleterre. Une très (trop ?) grande qualité de fabrication aux USA qui a peut-être causé sa perte à la fin des années 1930 ? Il est clair que cette firme, née au milieu du 19ème siècle aux USA, s'est bien développée pour sa survie en Angleterre, d'où elle arrosait très tôt le continent (Les "Merle Blanc" fabriqués pour la France).
J'avais présenté aussi ces deux derniers fabricants dans le SDD sur les USA
Marques détestées
Pas d'a priori en général que des critères esthétiques pour les stylos que je n'ai pas, et je n'ai pas de marque détestée pour ceux que j'ai.
Je vais quand même essayer d'expliquer un certain ressenti très particulier qui ne m'est pas propre
Montblanc
Subjectivement, parce qu'il représente pour moi une partie de l'attirail de l'"ingénieur" de la fin du 20ème siècle, avec la mini-cooper dans les années 1970, la jaguar des années 1990, la BMW des années 2000 et l'Audi aujourd'hui, toujours noire la voiture, bien sûr, avec le petit costume étriqué et les chaussures à bout pointu !
(Comme quoi je peux être un délice de subjectivité totale, je vous dis !).
Bien sûr, ce n'est pas aux concepteurs de Montblanc que j'en veux, mais à ce marketing qui transforme un objet d'un intimité féroce (Quoi de plus proche de votre âme quand vous vous sentez hors d'état que votre stylo lorsque vous écrivez votre peine ?) en produit de supermarché. Parce que, pour moi, le "Business Model" des boutiques Montblanc, c'est bien la supérette.
Mais pour tempérer tout ça, je veux parler du seul et unique Montblanc que je possède, parce qu'il m'a appris beaucoup de choses.
J'ai commencé à entasser les stylos fin 2011 (Je m'en suis expliqué sur mon fil de présentation), et si j'avais beaucoup lu en terme stylophilique, je n'avais jamais qu'un bête nononsense que je n'utilisais pas, étant à cette époque bien formaté au clavier par mon boulot d'informaticien.
Donc après avoir acheté quelques (D'aucuns par ici parlent "d'achat de n'importe quoi" ) bouts de plastique, j'ai cru comprendre qu'il y avait quelques "icones" incontournables, et je me suis armé entre autres d'un M1000 en pyjama rayé, un KOP, et ... un 149. Pardonnez moi pour ces n'importe quoi.
Ce 149, je l'ai trouvé sur une enchère eBay, le 4 janvier 2012, à un prix qui représentait le quart du neuf (166€ pour être exact, port compris). L'annonce était propre, les photos correctes pour le débutant que j'étais. Il y avait juste la plume qui était tordue du bec mais tout semblait correct. Pas de papier, pas de boîte.
Un petit coup d'adrénaline, et j'ai reçu mon paquet quelques jours plus tard (C'était un belge qui vendait ça, je crois).
Le stylo fonctionnait parfaitement, malgré la plume tordue, le piston était parfait, la capacité pleine et entière. La plume était douce, taille moyenne, avec ce qu'il faut de semi-flex qui permet une écriture rapide tout en permettant quelques nuances.
Je n'ai toujours pas compris pourquoi son annonce n'avait pas eu de succès. Je pense que les gens ne savent pas qu'on peut redresser des plumes !
Par curiosité, j'ai fouiné sur FPN et trouvé le superbe fil d'aide à la datation des 149. J'ai posté parce que le mien ne rentrait pas dans le moule (J'avais évidemment peur des contrefaçons). A ma grande surprise, mon 149 s'est avéré parfaitement "Casher", que c'était une production pour la France de 1971 et qu'il n'avait visiblement pas eu de pièces de remplacement. Ô joie, j'y gagnais d'avoir contribué à un des fils les plus importants de FPN, et de savoir que j'avais un bout d'histoire entre les doigts.
C'est d'ailleurs quelque part de là que j'ai commencé à fouiner dans le passé stylophilique parce que je découvrais au fur et à mesure que "nouveauté" n'équivaut pas toujours à "meilleur" (En tous cas pas pour les clients), quelque soit la marque, d'ailleurs.
Au début de cette année, je suis allé voir M.Arabian et lui ai demandé de redresser la plume et la rendre légèrement oblique, vu que j'avais pris goût à ce type d'écriture. Aujourd'hui il écrit parfaitement, mais quelquefois, je regrette presque de ne pas l'avoir laissé avec sa plume tordue, parce que j'ai adoré écrire avec telle qu'elle était.
Je l'ai toujours gardé dans mes écrivains, longtemps, il alternait avec le M1000 et le KOP comme écrivain-chef. Maintenant ça tourne davantage (mes écrivains sont au nombre de 15 aujourd'hui), mais il en fait toujours partie.
J'avoue que j'ai une énorme tendresse pour ce stylo en lui-même.
Et je regrette qu'il ait quelque part été pris en otage du marketing aux dépends du snobisme des jeunes niais sortis des grandes écoles d'inculture (Croyez-moi, j'en ai encadré pas mal en 25 ans, ce n'est pas après le bac qu'on apprend ce qu'est l'art).
Et une dernière remarque en négatif : j'en veux beaucoup à cette homogénéité et unicité de pensée qui s'est installée, au point que les gens croient qu'il n'a existé que deux marques en Allemagne, Montblanc et un petit artisan appelé Pelikan. (Et ça, c'est de la choucroute ? Presque toutes les marques allemandes des années 1950 ont disparu ou ont abandonné les stylos).
Faber Castell
Toujours aussi subjectivement, sinon davantage que pour Montblanc, puisque je n'en ai jamais possédé, j'ai très peur que cette marque prenne les traces de Montblanc.
Toutes les marques à Blingbling vendu 10000€ et plus !
Voilà, c'était ma diatribe à 2 balles toute subjective, parfaitement contrable. Je sais que je ne convaincrai que les convaincus, et que personne, pour ou contre ne changera d'avis, puisqu'effectivement, un stylo, c'est une extension du corps, et que nous n'avons pas des corps identiques. Et je ne cherche à contraindre personne .
D'ailleurs, j'ai presqu'envie d'enchaîner un fil sur lequel je raconterais exactement le contraire ! Schizophrénie, quand tu nous tiens !
En fait, le problème de fond est qu'on peut apprécier une marque pour un ou plusieurs stylos avec le(s)quel(s) on se retrouve en quasi-parfaite affinité, et la détester en même temps pour son business model.
Pour paraphraser un slogan des années 1980, Montblanc, je te hais-me ?
A vous de nous raconter vos amours et déchirements stylophiliques, vos cris et chuchotement calamophiles.