SDD du 27 août 2023 : Au fond, pourquoi aimez-vous donc écrire ?

[Stylograf]

SDD du 27 août 2023 : Au fond, pourquoi aimez-vous donc écrire ? A la main ? A la plume ? A l'encre ? Sur du papier ?


Voilà, aujourd'hui, tout est dans le titre !

Et cela commence demain, à 00:00...

[grindsel]

Excellent sujet de réflexion et ...d'écriture, Stylograf !

La question n'est plus comment mais pourquoi , pour quoi, et aussi pour qui ?

[toffou]

Ce sujet va être un vrai bonheur pour les psychologues du forum.

[lastmohican]

Pour moi ça se rapproche plus du dessin que de l'écriture.

J'adore passer des heures pour écrire 1 mot en calligraphie : Prendre le temps de tracer une courbe lentement, regarder changer de couleur l'encre qui s'est concentrée au levé de la plume. Réfléchir à quelle association couleur/sheen/shimmer rendra le mieux. Changer d'encre et obtenir un beau dégradé à partir de l'encre précédente. Terminer la première lettre, passer à la suivante, ainsi de suite.

J'adore les encres, toutes ces jolies teintes qui mettent de la couleur dans la vie, dans leurs magnifiques flacons. L'odeur de l'encre quand on ouvre le flacon.

J'adore mes stylos, tous différents, chacun avec sa matière, sa texture, son poids, sa prise en main, son mode de remplissage, sa plume, son caractère.

J'adore les papiers, doux, rugueux, fins, épais, quand je l'éfleure du bout des doigts, puis avec la plume. Faire tourner les pages et sentir l'odeur du papier.

Et finalement, la magie qui s'opère quand on choisit un stylo, une encre, un papier, pour dessiner un mot.

[silverado]

Bravo Lasty ! C'est émouvant et ta copine doit être folle de toi

Plus prosaïquement en ce qui me concerne :

[/img]

[Stylograf]

Merci Grindsel, Toffou, Lastmohican et Silverado !

[Stylograf]

Tiens, un CF avec une plume stub B ! Elle n'est pas d'origine, je parie ! Ce doit être une B qui a subi une cure d'amaigrissement dans le sens de la longueur...

[jddegap]

Je ne sais pas exactement quand m’est venu le plaisir d’écrire. Pas tout petit en tout cas.
Il me semble qu'à l'école primaire, le moment où il fallait laisser le crayon à papier pour le porte-plume m'effrayait plutôt, mais ce sont les Bics Orange qui ont supplanté la plume en CM2 (1969) que j'ai véritablement détesté, alors que j’ai immédiatement apprécié les stylos-plume d’écoliers en plastique aux couleurs tranchées (Stypen, puis Waterman) du collège.
A l’époque, j'étais attentif à la qualité des feuilles de papier destinées à mes classeurs.

C'est véritablement dans le cadre de mon activité professionnelle, où j'ai souvent dû rédiger notes techniques et autres rapports, que j’ai développé une réelle appétence à l’écriture au stylo-plume, sans pour autant m’attacher plus que cela à l’objet en lui-même.
Le ressenti de la plume courant sur la feuille de papier m’était devenu tellement agréable que j’entamais avec plaisir et confiance le premier jet de textes traitant de sujet que je jugeais rébarbatifs et ennuyeux.

Aussi, je dois le dire, je déteste devoir me servir d'un clavier. D’ailleurs, pour la numérisation de mes écrits, je passe volontiers par une dictée dans Word, de plus en plus efficiente depuis le smartphone, et je surveille de près les applications comme Pen to Print, qui s’avère de plus en plus convaincante avec une écriture personnelle modérément appliquée :


J’ai donc développé une véritable addiction à l’écriture au stylo-plume durant plus de 35 années, mais c’est seulement 3 ans avant de prendre ma retraite que je me suis finalement intéressé aux stylos-plume pour eux-mêmes, acceptant de dépenser de l’argent sur ce poste et découvrant sur le tard combien ils peuvent être dissemblables, sans même tenir compte de l’esthétique, et, partant, prenant conscience que ces belles sensations se renouvelaient au quotidien en jouant avec les variations infinies du triptyque stylo/encre/papier.

Alors, pourquoi est-ce que j'aime donc tant écrire avec mes stylos-plume et tout le fatras de papeterie qui les accompagne ?
Les conditions de confort et de calme réunies, le temps de l’écriture me semble plus aigu, comme parfaitement employé : aucun ennui, c'est à la fois délassant et gratifiant, et j'ai pour coutume d'affirmer que c'est pour moi comme un exercice de méditation active, orientée.
Quand, profitant de ce réflexe quasi pavlovien acquis depuis toutes ces années d'écriture au stylo-plume, les idées et souvenirs affluent, comme guidés vers ce stylo qui prolonge la main, je ne doute plus de ces études qui affirment, nombreuses, que les composantes de la proprioception mises en œuvre pour l'écriture manuscrite sont étroitement liées à l'émergence même des idées retranscrites.

Concernant l’encre … Disons déjà que les coloris m'attirent. Pour une encre donnée, le rendu peut être très différent selon l'épaisseur du trait de plume et le débit du stylo-plume utilisé : un résultat plus ou moins foncé, des ombrages marqués ou absents … Tout cela me plaît beaucoup, au regard de la multitude de liquides disponibles, d'autant plus qu'on peut compter sur les dons d'échantillons entre calamophiles, (ou leur achat chez fountainfeder.de), pour varier les expériences.

Après une période bleue-noire, puis grise, je me suis beaucoup attaché aux nuances de vert.

Il n’y a pas que l’aspect qui compte, les qualités visco-dynamiques sont pour moi primordiales pour me décider à l’achat d’un flacon. Récemment, j’ai voulu me procurer une encre rappelant le cuivre, mais je n’ai pas cédé aux superbes attraits de la Diamine Ancient Copper, alerté par les avertissements du web quant à ses dispositions à cristalliser en une poudre compacte qui s'incruste entre la plume et le conduit.

Voici aussi une raison d’aimer l’encre : c'est une recherche perpétuelle, au gré des emballements et du désamour.

[Stylograf]

Beau texte, Jérôme, merci !

[orsotiti]

Pour ma part je suis un peu comme Silverado ; j’écris pour me souvenir de certaines choses et surtout pour préparer mes divers road trips en van.
Noter ce que j’ai visité dans la journée, prévoir pour le lendemain où je vais aller, ce qu’il faut voir, le kilométrage et le temps de trajet prévu etc (cela m’évite de retourner 50 fois sur Google)

Je me suis mis aussi à écrire car j’aime la sensation que donne l'écriture avec un stylo plume.
J’en possède plusieurs encrés différemment avec en général des plumes F ou M ne dépassant pas les 0,4.

La sensation avec chacun est différente et surtout je me suis mis a chercher des encres un peu originales (disons pour moi!) et surtout pas du noir ou du bleu traditionnel.
Par contre je sens que j’ai envie d’en avoir plus de différentes marques ou coloris (Est ce grave Docteur?).

J’aime aussi quelquefois recopier des poèmes en essayant d’améliorer mon écriture mais c’est pas encore gagné !

[grindsel]

... pourquoi aimez-vous donc écrire ? A la main ? 


La toute première question est de me demander si j'aime vraiment écrire à la main.
Pour être franche : pas toujours. Et je mets de côté les fiches de renseignements à remplir, les corrections à apporter éventuellement deci delà...
Si je dois focaliser mon esprit sur la réflexion, si je dois trouver le mot exact, développer mes idées, le clavier est mon ami, ou le dictaphone, c'est selon. Je peux alors effacer, revenir en arrière, prendre mon temps sans que l'encre ne sèche au bout de ma plume...

L'écriture manuscrite est donc, comme le décrit avec sensualité Lasty, ( silverado) une question de sensation, de perception d'infimes petits plaisirs dont j'avais déjà parlé ailleurs.
Je ne sais plus où j'ai lu que tout cela était question de « dopamine libérée », engendrant une sensation diffuse de bonheur. L'humain qui écrit à la main serait heureux grâce à la libération de ses médiateurs chimiques cérébraux lors du geste. Ah, la belle poésie !
Le démiurge occidental a parlé. C'est celui de la réduction à un « tout est biochimique » qui taille dans le vif de tout ce qui dépasse jugé inutile car non productif. Encore que de savoir cela, ça risque peut-être un jour d'être censuré par leurs labos royaumes des psychotropes

Je reviens à mon plaisir d'écrire : il n'est pas aussi intense que celui de dessiner, c'est aussi un apprentissage mais plus ancien, plus élaboré, peut-être plus "cadré" ; tandis que celui de la couleur, celui des encres, de leurs mélanges, suivrait l’immense jouissance de la peinture.

Et pour répondre à la question pour qui ? Sans hésiter : pour moi. Ce sont sans aucun doute des plaisirs égoïstes, des moments d'isolement entre je et moi, celle qui écrit et celle qui lit ou qui regarde sans vraiment être consciente de ce qui l'entoure. Une forme d'exil intérieur nécessaire...



(ça te va, toffou? )

[toffou]

Pilot Custom Heritage 912 FA
Pilot Iroshizulu kon-peki
Oxford "papier à lettres" vélin en 80 g/m²

Tout simplement parce que, sans que sache pourquoi, la réalisation de pleins et de déliés me délasse.
Si en plus, le résultat est satisfaisant, une forme de joie enfantine s'empare de moi.
Enfin, plus j'écris plus le rendu s'affine, chaque mot transcrit me rapprochant d'une sage plénitude.

[kaha]

J’aime écrire, à la main ou au clavier, c’est selon le besoin.

Au clavier, principalement, pour tout ce qui est rédaction de textes et notes diverses. Il faut que ce soit efficace, rapide (je tape en bépo avec tous mes doigts sans regarder le clavier), et durable, aka que je puisse retrouver mes notes et mémos sur mes écrans quand j’en ai besoin.
Quand au clavier de l’ordiphone, je l’utilise aussi et avec les suggestions de mots ça reste assez efficace et rapide même à deux pouces.

Au stylo-plume, pour le plaisir de réapprendre à tracer de belles lettres (y’a encore du job ) mais aussi pour dessiner.
Parfois je copie certaines de mes notes tapées au clavier car j’ai remarqué que ça me permet de mémoriser plus facilement. Mais souvent j’écris ou gribouille n’importe quoi qui me passe par la tête juste pour un moment de détente.

Je rejoins grindsel pour la partie « pour qui », surtout lorsque je dessine (que ce soit à la plume ou au crayon de mine d’ailleurs) : je suis seule avec moi-même (même au milieu des gens) et presque plus rien n’existe autour. Et ça, ça fait un bien fou.

[Stylograf]

Merci Orsotiti, Grindsel, Toffou et Kaha !

[Stylograf]

Est ce grave Docteur?

Oui, très grave, je le crains ! C'est une épidémie foudroyante qui frappe des patients dont le point commun est d'être passés par SPO et de s'y être attardé !

[Stylograf]

« Pourquoi aimez-vous écrire ? » Il est franchement bizarre, le type qui pose une question pareille, et un dimanche matin encore ! Animateur du SDD ? Tu parles ! Plutôt perturbateur du SDD, oui !


Bon, je m’y colle tout de même :

• Mode épicurien : parce que j’aime ça ;

• Mode sceptique : parce que ma plume est l’arme scintillante par laquelle je conteste et nie toutes les fausses vérités de la doxa moderne ; d’ailleurs, le génie a horreur du consensus, parce que lorsque le consensus est atteint, la pensée s’arrête ;

• Mode ironique : pourquoi ? Dis-moi pourquoi, l’Pelikan a des plumes, partout ? L’Parker DeLuxe, des écailles comme costume, partout ?

• Mode stoïque : car le calme olympien que me procure une séance d’écriture me permet d’endurer la laideur du Monde ;

• Mode suiviste : pour faire comme les autres sur SPO ;

• Mode silveradien : parce que John Mottishaw m’a dit : « Va, et porte Ma Parole, par Ma Plume, de par le vaste monde.»

• Mode cicéronien : parce que scripta multa sunt et scribentur fortasse plura, si vita suppetet ;

• Mode soumis : parce que si je ne fais pas ma page d’écriture quotidienne, sans ratures ni taches d’encre, je suis privé d’aligot et cruellement battu par ma marâtre, Grindsel ;

• Mode utilitaire : pffff, avec un vieux stylo centenaire et sur du papier de récup’, rose, et qui fait râler Mirifix….

• Mode moderne : que jaykrye avequel l’clavié etke ji pij que pouic au rest que tu raqonte ;

• Mode jddegapien : pour traduire à la plume, par l’écriture et le dessin, les sensations intenses que me procure la première gorgée de bière à la vue du chapeau de Napoléon surplombant le bassin Gapençais ;

• Mode classique, à la manière de Descartes : parce que l’écriture est un acte d’espérance implicite, la plus étrange – et pourtant la plus évidente – des preuves ontologiques……

[senzen]

À l'origine, écrire était pénible, lent, illisible; ce ne l'est plus. C'est avant tout un moyen pour penser, élucider; pour pouvoir l'utiliser il fallut trouver les stylos comfortables, fiables, les bonnes combinaisons d'encres: toute une épopée de découvertes, de petits paris; puis améliorer l'écriture, arriver à écrire sans trop penser à l'écriture. Finalement viennent les couleurs des encres, la sensation sur le papier, même le dessin des stylos, leur histoire.

[Stylograf]

Merci Senzen !

[albert65]

AU FOND...

Tu descends au fond de la mer très loin
Si loin que le bleu (des mers du sud?) n’existe plus
Là où le ciel n’est plus qu’un souvenir
Une fois que tu es là, dans le silence, tu y restes

Je vous laisse retrouver la référence cinématographique (Roberto mio stylos...)

[grindsel]

Stylograf ! Perge ut verbis tuis humorque nos delectet...