De la mauvaise odeur de certains stylos de fabrication indienne
Posté : 18 nov. 2019 00:06
J'ai profité l'autre jour d'une coïncidence (livraison d'un stylo Noodler's avec un flacon d'encre et lecture d'une discussion en cours mentionnant l'odeur de ces instruments) pour émettre quelques hypothèses au sujet de l'odeur pestilentielle dégagée par certains stylos (ici). J'incriminais surtout la graisse utilisée sur les filetages, sur base d'un problème que j'avais eu avec un FPR Himalaya. D'autres mettaient en avant que l'odeur tristement célèbre des stylos Noodlers provenait uniquement du matériau utilisé.
Je me suis donc penché sur la question. Il n'est jamais aisé de savoir avec certitude quel polymère est utilisé pour fabriquer un stylo. Certains se distinguent facilement, d'autres beaucoup moins. Noodler's se vante d'utiliser une résine préc..., euh pardon, végétale, à la fois biosourcée et biodégradable. Mais ils n'indiquent pas, à ma connaissance, de quelle résine il s'agit. En parcourant Internet, je pense avoir trouvé la réponse: il s'agit d'acétate/butyrate de cellulose (que d'autres fabricants revendiquent ouvertement, avec les mêmes arguments et les mêmes effets secondaires, voir ici).
De quoi s'agit-il? C'est une matière plastique dérivée de la cellulose (le coton donc) apparenté à l'acétate de cellulose et au celluloïd, matières classiques dans la fabrication de stylos. La différence réside essentiellement dans la solubilité acrue de l'acétate/butyrate dans certains solvants, ce qui facilite sa mise en oeuvre. Chimiquement, l'acétate de cellulose est produit de réaction de la cellulose avec l'acide acétique (l'acide contenu dans le vinaigre), formant des fonctions ester. L'acétate/butyrate contient en plus des esters de l'acide butyrique (dont le nom dérive de sa présence dans le beurre rance). Voilà donc le coupable. L'odeur nauséabonde de ces stylos vient de la présence d'acide butyrique dans le plastique. Cet acide peut provenir soit d'un excès présent lors de la fabrication, ou alors d'une dégradation (hydrolyse) des esters après fabrication.
L'acétate/butyrate de celullose (ou CAB) est réputé stable, et devrait être inodore lorsqu'il est fabriqué convenablement. Je penche donc pour un excès d'acide butyrique provenant de la fabrication de la résine. Comme des fabricants indiquent que leur CAB est inodore et le reste pendant au moins 10 ans, je suspecte un produit de médiocre qualité.
Mais alors, pourquoi mon FPR Himalaya en ébonite puait-il? Là, le coupable est le convertisseur: je suppose que lui aussi est en CAB.
Les graisses n'avaient donc rien à voir avec tout ça? Pas complètement: la documentation technique du CAB (téléchargeable sur le site de la société Eastman) indique qu'il réagit avec certaines silicones. Et au niveau du Noodler's Charlie, ça se voit: les parties graissées ont jauni. L'utilisation d'une graisse non appropriée altère donc le matériau. Si le matériau est altéré, la graisse l'est aussi. Si elle se décompose, elle peut provoquer les problèmes de débit que j'ai constaté avec le FPR.
Que faire? Que ne pas faire? A mon avis, il faut à tout prix éviter des trempages en milieu basique, donc ne surtout pas utiliser d'ammoniaque pendant des périodes prolongées. Cela risquerait de retransformer la résine en...coton! Je testerai, quand j'en aurai l'occasion, un lavage avec une solution diluée de bicarbonate de soude. Cela devrait permettre d'enlever l'acide butyrique en surface sans endommager la résine.
Je me suis donc penché sur la question. Il n'est jamais aisé de savoir avec certitude quel polymère est utilisé pour fabriquer un stylo. Certains se distinguent facilement, d'autres beaucoup moins. Noodler's se vante d'utiliser une résine préc..., euh pardon, végétale, à la fois biosourcée et biodégradable. Mais ils n'indiquent pas, à ma connaissance, de quelle résine il s'agit. En parcourant Internet, je pense avoir trouvé la réponse: il s'agit d'acétate/butyrate de cellulose (que d'autres fabricants revendiquent ouvertement, avec les mêmes arguments et les mêmes effets secondaires, voir ici).
De quoi s'agit-il? C'est une matière plastique dérivée de la cellulose (le coton donc) apparenté à l'acétate de cellulose et au celluloïd, matières classiques dans la fabrication de stylos. La différence réside essentiellement dans la solubilité acrue de l'acétate/butyrate dans certains solvants, ce qui facilite sa mise en oeuvre. Chimiquement, l'acétate de cellulose est produit de réaction de la cellulose avec l'acide acétique (l'acide contenu dans le vinaigre), formant des fonctions ester. L'acétate/butyrate contient en plus des esters de l'acide butyrique (dont le nom dérive de sa présence dans le beurre rance). Voilà donc le coupable. L'odeur nauséabonde de ces stylos vient de la présence d'acide butyrique dans le plastique. Cet acide peut provenir soit d'un excès présent lors de la fabrication, ou alors d'une dégradation (hydrolyse) des esters après fabrication.
L'acétate/butyrate de celullose (ou CAB) est réputé stable, et devrait être inodore lorsqu'il est fabriqué convenablement. Je penche donc pour un excès d'acide butyrique provenant de la fabrication de la résine. Comme des fabricants indiquent que leur CAB est inodore et le reste pendant au moins 10 ans, je suspecte un produit de médiocre qualité.
Mais alors, pourquoi mon FPR Himalaya en ébonite puait-il? Là, le coupable est le convertisseur: je suppose que lui aussi est en CAB.
Les graisses n'avaient donc rien à voir avec tout ça? Pas complètement: la documentation technique du CAB (téléchargeable sur le site de la société Eastman) indique qu'il réagit avec certaines silicones. Et au niveau du Noodler's Charlie, ça se voit: les parties graissées ont jauni. L'utilisation d'une graisse non appropriée altère donc le matériau. Si le matériau est altéré, la graisse l'est aussi. Si elle se décompose, elle peut provoquer les problèmes de débit que j'ai constaté avec le FPR.
Que faire? Que ne pas faire? A mon avis, il faut à tout prix éviter des trempages en milieu basique, donc ne surtout pas utiliser d'ammoniaque pendant des périodes prolongées. Cela risquerait de retransformer la résine en...coton! Je testerai, quand j'en aurai l'occasion, un lavage avec une solution diluée de bicarbonate de soude. Cela devrait permettre d'enlever l'acide butyrique en surface sans endommager la résine.