www.stylo-plume.org

Professeur de lettres (une de plus !), aimant les plumes extra-fines, allant même jusqu'à affiner moi-même les plumes F (technique personnelle très artisanale) que j'ai dû me résigner d'acheter, faute d'en trouver une vraiment à ma main.
J'aime les écritures fines, nettes, précises, sans bavures. J'aime le plaisir l'écriture et les pages manuscrites. J'aime observer l'écriture manuscrite des autres, reflet de leur personnalité.
J'ai la même exigence quant aux polices de caractère sur mon ordinateur : j'ai adopté les polices Adobe (Stempel Schneidler par exemple) pour la précision de leur trait et leur déclinaison en plusieurs graisses, dont une très fine.
J'ai très longtemps roulé en Sheaffer. Je désespère de mettre mon Cross Townsend, un cadeau, à ma main. (voir mes différents messages).
Je me suis souvent trouvée bien seule face à mes exigences au milieu d' amateurs de Bic baveux, jusqu'à ce que je tombe par hasard sur ce forum.
Bonne journée à tous.

Voilà quelqu'un avec qui l'entente devrait être naturelle et aisée ! En espérant vous lire régulièrement et longtemps, bienvenue dans le premier cercle de l'Enfer.

Jimmy

Bienvenue au service addictologie des stylos plumes.

AD71 a écrit :Professeur de lettres (une de plus !), aimant les plumes extra-fines, allant même jusqu'à affiner moi-même les plumes F (technique personnelle très artisanale).

Bonjour et bienvenue !
Et votre méthode d'affinage artisanal, vous pourriez nous donner éventuellement quelques commentaires sur ce que vous faites vous-même ? Comment procédez-vous, avec quels outils ?
a bientôt de vous lire.

Je vais tâcher de traduire en mots une technique très très personnelle, acquise au fil des ans : pas facile.
J'ai récupéré de mon père une pierre à aiguiser très très fine. Je ne touche jamais la pointe de mon stylo, je travaille les côtés afin que la plume soit plus étroite, tout en préservant le bout, en allant un peu en biseau. Je tiens mon stylo sur le côté, orienté "ouest-sud-ouest", et "est-sud est" : je le vois donc de profil. En le tenant très légèrement par le bout, je le fais glisser tout en légèreté sur la pierre, de gauche à droite et vice-versa, aussi rapidement que je le peux, puis je dessine avec la même légèreté des boucles dans le sens de l'écriture. L'encre n'atteint la pierre qu'en fin d'opération. Je suis très prudente à ce moment-là.
J'y vais petit à petit, en testant au fur et à mesure. J'observe à la loupe l'avancée en particulier la pointe.
C'est un travail de patience, qui peut me prendre des heures, voire des jours car j'y vais petit à petit.
Cela réussit bien avec les plumes dont le bout, assez renflé, fait comme une petite boule que l'on va tailler un peu en biseau. Beaucoup moins sur des plumes plates, sans épaisseur, où il n'y a pas de matière à travailler. Vous m'avez fait découvrir les plumes Sailor saibi-togi dont je rêve à présent. Sur la page suivante, http://www.nibs.com/SailorSaibiTogiNib.html, on voit bien l'idéal vers lequel il faudrait tendre.
J'ai de belles réussites sur des plumes or, qui se travaillent bien, et un beau raté sur une plume plaqué or. Pour l'acier, c'est variable, mais les stylos sont de peu de prix.
Je ne testerais pas bien sûr pas cela sur des stylos de collection, ni de valeur.
Je vais tâcher de tester le Micro-mesh dont on m'a parlé.
En espérant avoir répondu à votre question.

Autant je serais capable de faire n'importe quoi sur une plume acier, autant je ne toucherais jamais au Parker & Waterman avec plume or, au Mtblanc ou au Cross... je connais le prix de ces porte-plumes, j'imagine le prix des plumes... Inutile de m'entrainer dans ton délire AD, j'te suis pas

Par ex. j'ai un vieux Parker en laque verte bien 'avancé' (qui n'a jamais fonctionné même après qu'on m'ait changé la plume...et par la même occasion remis une bague en acier...- l'encre n'a jamais coulé et je n'ai jamais osé lever le ton, trop jeune à l'époque) et là...je me lancerai bien, ne serait-ce que pour voir comment ça réagit

pourquoi je dis porte-plumes moi ? parce que j'ai l'intention de ressortir l'attirail de calligraphie ????

Voilà un goût pour les plumes fines que nous partageons !

Y.

Je ne souhaite entraîner personne dans mon "délire", ni faire des émules, ni surtout pas vous voir vous attaquer à un stylo de prix !
Moi, je fais, c'est tout, consciente du risque encouru. Loïc m'a demandé, j'ai expliqué.
Je l'ai fait suite à la déception de découvrir, en rentrant à la maison, que le stylo que j'avais choisi faute de mieux, qui me paraissait pas mal chez le vendeur, ne me convenait pas. En en connaissant le risque et le prix (150€ pour une plume Cross)... mais en étant prête à le payer plutôt que de laisser le stylo dans sa boîte. Cela ne regarde que moi.
Ma main connaît la pierre, le geste que je fais depuis plus de 10 ans. Il m'arrive encore de me maudire d'avoir entrepris, et puis un peu de patience, et ça y est.
Je ne suis aucunement une collectionneuse de stylos, deux ou trois au maximum, un pour chaque couleur d'encre ou chaque usage. C'est l'acte d'écrire que j'aime, l'alchimie entre la main et la plume, l'écriture sur un beau papier. J'aimerais à penser que derrière chaque plume vendue, il y ait une main qui l'a façonnée, polie selon les voeux de son destinataire. Le geste, le savoir-faire, plutôt que l'objet rare et coûteux.

AD71 a écrit :Je ne souhaite entraîner personne dans mon "délire", ni faire des émules, ni surtout pas vous voir vous attaquer à un stylo de prix !
Moi, je fais, c'est tout, consciente du risque encouru. Loïc m'a demandé, j'ai expliqué.
Je l'ai fait suite à la déception de découvrir, en rentrant à la maison, que le stylo que j'avais choisi faute de mieux, qui me paraissait pas mal chez le vendeur, ne me convenait pas. En en connaissant le risque et le prix (150€ pour une plume Cross)... mais en étant prête à le payer plutôt que de laisser le stylo dans sa boîte. Cela ne regarde que moi.
Ma main connaît la pierre, le geste que je fais depuis plus de 10 ans. Il m'arrive encore de me maudire d'avoir entrepris, et puis un peu de patience, et ça y est.
Je ne suis aucunement une collectionneuse de stylos, deux ou trois au maximum, un pour chaque couleur d'encre ou chaque usage. C'est l'acte d'écrire que j'aime, l'alchimie entre la main et la plume, l'écriture sur un beau papier. J'aimerais à penser que derrière chaque plume vendue, il y ait une main qui l'a façonnée, polie selon les voeux de son destinataire. Le geste, le savoir-faire, plutôt que l'objet rare et coûteux.

J'avais bien compris tout ça AD, c'était une boutade et je comprends fort bien vos choix d'autant que je n'aime pas non plus que les stylos restent dans leur boite.
Bonne journée

Là est également pour moi d'abord tout le plaisir des stylos à plume : les plumes et leur chant. Leurs infimes et infinies différences. Le délice sans fin des plumes anciennes à nulles autres pareilles. Leurs caractères si différents. Le plaisir des lettres et des journaux de voyage. Les mains qui les ont façonnées au fil des années. L'attente d'une nouvelle plume, la rencontre instantanée parfois : en une seconde la minuscule et extraordinaire sensation, la reconnaissance : en voilà une. Le geste d'écrire, la paix qui envahit et emplit le corps et la tête la nuit dans la lumière jaune. Le travail parfois sur une plume un peu décevante. La pierre fine et le Micromesh. Les petits échecs et les jurons. Travail de cochon. D'autres fois, lentement, en écoutant, en regardant à la loupe, ça va marcher. La redécouverte, comme à présent, de plumes un peu délaissées jusque-là : les japonaises fines des années 70, très différentes des anciennes, leur légèreté, leur précision, leur facilité. Le remplissage du stylo d'encre grise transparente. Le goût, le toucher, la main des papiers, depuis toujours.

Jimmy

Pourrais-je avoir des précisions sur le Micromesh ? Je me sers par gestes très légers, comme je l'ai expliqué, d'une vieille pierre très douce dont mon père se servait pour affuter les couteaux. Le Micromesh est-il destiné comme elle à "user", "biseauter" ? Si oui, quel grain faut-il prendre pour ce faire ? Et pour polir ? Quelles sont les précautions à prendre ? Quels sont les gestes ?
Merci de votre aide.

J'ai utilisé des pierres très fines, le Micromesh est beaucoup plus doux évidemment dans la sensation. Il y a un fil qui en parle vaguement dans la rubrique "Plumes et écritures", je crois, à moins que ce ne soit "Entretien", il est actuellement proche de la tête de rubrique, avec un lien montrant comment John Mottishaw l'utilise. C'est de mémoire un grain 12000, ce que j'avais acheté se présente en feuilles souples d'environ 7,5x15 cm. Ca ne donne à l'oeil et à la main pas du tout l'impression d'être abrasif, alors que ça l'est.

Je pose la feuille sur un journal pour avoir de l'amortissement. J'ai auparavant repéré le point dur, celui qui acroche. Je fais lentement des cercles ou des huit en faisant tourner en même temps plus ou moins la pointe en cherchant à effacer ce point dur, stylo rempli d'encre, en contrôlant régulièrement à la loupe et en écrivant. Ca va très vite. Ceci, c'est juste pour la retouche. Pour affiner vraiment une plume, il vaudrait mieux je crois travailler avec deux grosseurs, en finissant bien entendu par le plus fin.

Par rapport à la pierre, la sensation est très différente, ça donne l'impression d'être très doux mais ça mord très vite en réalité, il faut y aller très doucement. Une difficulté, ce que je cherche, est d'allier un trait net et incisif à quelque chose qui n'accroche pas, avec quand c'est possible de la variation dans la largeur du trait, quelque chose qui garde, dans les fines ou très fines, un soupçon d'italique.

Je parle d'abord ici de retouche légère, c'est différent de la vraie "re-création" de la pointe.

Voilà, très rapidement et sommairement.

Jimmy

Merci de ces précisions. Je recherche le post sur le Micromesh.
Nous sommes tout à fait sur la même longueur d'ondes : une écriture fine, nette, précise, une plume nerveuse tout en étant douce, avec ce soupçon d'italique, de pleins et de déliés, si on le penche un peu sur le côté. C'est ce dernier point qui me manque sur mon Sheaffer actuel, mais qui n'a pas assez de "matière", d'épaisseur à la pointe pour que je le travaille en biseau. Autrement, il est "pile poil" question nervosité, largeur de trait et débit.
J'avais réussi à obtenir cela parfaitement sur un autre Sheaffer... que quelqu'un m'a fait tomber sur la pointe. Inconsolable !
Quant à mon Cross, il est parfait... quand la cartouche est quasiment vide, ou que je n'en mets point et trempe la pointe dans l'encre. De quoi écrire 10 lignes. Sinon, l'encre file sur le papier dans tous les sens du terme, l'écriture devient pâteuse, sans âme. Un boit sans soif. GRRRRRRRRRR !
Je viens de me commander un Sailor Saibi Togi. La perle rare ? Je vous tiens au courant.
J'adore écrire aussi au crayon de papier bien taillé. J'aimerais trouver un stylo, plume ou autre, qui fournisse les mêmes sensations. ??????????????????
Cordialement

Amusant, je me suis souvent dit qu'écrire seulement au crayon de papier suffirait à me combler !

Je suis depuis longtemps tenté par une Saibi Togi. J'hésite un peu avec la Sailor EF, je serais curieux de lire vos commentaires. La plume que j'ai - que j'aime énormément - qui doit s'en rapprocher un peu, la flexibilité en plus, est une plume ancienne Waterman Pink : en écriture légère, le trait est de l'épaisseur d'un cheveu. Avec de l'appui, le trait devient très large. Cette plume somptueuse ne gratte absolument pas, on peut écrire vite, même sur des vergés ou des vélins à gros grain. L'énorme différence avec la Saibi Togi sera la flexibilité. Surtout, postez votre avis sur la Sailor.

Vous avez une démarche un peu différente du commun des mortels : vous partez d'une plume pour la façonner à votre goût, là où d'autres (dont moi) vont chercher sans fin la plume magique, en ne modifiant que légèrement la plupart du temps celles à qui il manque un petit quelque chose.

Par curiosité, avez-vous essayé des plumes anciennes ?

Jimmy

J'ai le Sailor Sapporo en plume EF dans 10 jours. Je vous dirai.

Pas de professionnel du stylo dans ma Bourgogne natale. Direction la librairie papeterie, rayon stylo-plumes. Plume extra-fine ? "On n'en a pas, cela ne se vendrait pas". Et des fines ? On cherche, on finit par en trouver une ou deux. J'essaie d'expliquer mes attentes, et comprends vite que je ferais mieux de me taire.
On me tend quelques stylos, un flacon d'encre, un bloc de papier. Je commence par observer la plume : "quoi, c'est ça qu'ils appellent fin ? Pour moi c'est un pieu !" J'élimine, souvent du premier coup d'oeil. Et puis j'essaie, je fais des boucles, j'écris des mots... sans enthousiasme. Pas mal, oui, bonne glisse, prise en main agréable, mais trop gros ! Je doute, je doute, je culpabilise devant mes exigences, sous le regard perplexe du vendeur. Mon chéri, stoïc, attend. Je finis par acheter, sceptique, en priant que ma pierre fasse des miracles.
Je rentre à la maison, je bâcle mon travail, et c'est parti ! je m'installe, je frotte, je polis. Je sais ce que je veux, je vais y arriver. J'y passe la nuit, j'y passe des heures les jours suivants. Je suis d'une humeur exécrable. Je désespère, je tremble, je me maudis, mais je ne lâche que quand je suis satisfaite. Mon chéri, stoïc, se tait.
ça y est, j'y arrive enfin ! Mais j'insiste encore. Je retremble, je me remaudis : le mieux est l'ennemi du bien ! Je cache la pierre sur la bibliothèque. Je monte sur une chaise pour la reprendre... Et je finis enfin par me satisfaire.
Mon fidèle stylo m'accompagne des années. Et je casse ma plume. Ou j'ai envie ou besoin d'un stylo pour un nouvel usage. Et c'est reparti !
Non, je n'ai jamais essayé de stylos anciens, et mon budget, compte-tenu d'autres marottes, me limite question prix.
Je découvre dans votre forum qu'il existe des pros à Paris, des passionnés comme moi, des gens pour les écouter, les conseiller. Pourquoi, en effet, prendre le problème à l'envers comme je le fais ? Pourquoi prendre des risques ? Se comporter comme le commun des mortel(le)s ? Quoique... Me conduire comme le commun des mortel(le)s n'a jamais été mon truc. Pas trop l'instinct grégaire.
Cordialement

Stoïc (sic) et sceptique vont en bateau...

Il est vrai que ce qu'on appelle "fine" en Europe n'a pas grand chose de fin la plupart du temps. Savez-vous que des plumes anciennes (des stylos, j'entends) ne vous coûteront pas plus cher que vos Cross et consorts bien souvent, voire moins, puisque vous ne semblez pas exigeante sur le rare ou l'exceptionnel ? Ce qui risque de revenir un peu cher, c'est que si vous les faites venir de loin, vous ne pourrez pas les essayer avant !

Mais on en trouve à Paris aussi

Quelques exemples : le Waterman 92 rouge de cet exemple >> monté avec une plume au toucher d'exception a coûté une petite centaine d'euros, on en trouve à moins cher. Le Waterman 94 du même fil en couleur Moss agate avec lui aussi une très belle plume (fine dans son cas) a dû coûter un peu plus de 150 euros. Reprenez l'index en tête de la rubrique vintage : exemples encore, les deux Waterman de ce post >> ont coûté pour le plus cher 60 euros. On trouve avec un peu d'habitude de merveilleux petits Pelikan 100 (voir l'index encore) des années 30 pour 150 à 200 euros, souvent montés avec des plumes exceptionnelles. Ce sont certes déjà des sommes, mais ce n'est pas forcément plus cher que du neuf avec des plumes souvent un peu mortes.

Juste pour faire envie. Il y a là des plumes qui devraient vous plaire infiniment.

Jimmy

Stoïque, en effet, à ne pas confondre avec Loïc présent sur ce forum !
Je jetterai un oeil sur le forum vintage.
J'ai commandé du Micromesh ! Au secours !
Cordialement

Vous n'aurez fait qu'une partie de votre chemin de croix avec le Micromesh. Il vous restera le plus difficile : ajouter de la flexibilité à des plumes 14 carats. Un premier essai intéressant ici >>par un téméraire.

Jimmy