www.stylo-plume.org

Je le vois sur le site diabolique qui commence par un A je pense que je me le prendrai là. Ça a l'air passionnant! Je suis ravie de cette découverte, je ne connaissais pas

ArnaudM a écrit : ↑25 janv. 2022 09:57 ...
Cela me rappelle les ferries que je voyais entrer et sortir du port de Cherbourg de la fenêtre de notre cuisine étant enfant, que je regrette cette vue dont je n'ai pas assez profité !

Les réactions de silverado et d'ArnaudM à mon lavis d'un bateau m'ont renvoyé à mes souvenirs d'enfance. C'est l'occasion de mentionner une sorte d’écrit que j'ai omis d'évoquer dans ma première contribution à ce SDD : j’aime bien rédiger de petits textes où je tente honnêtement de recomposer les flashs que ma mémoire conserve. Beaucoup de ratures sur le cahier Oxford Optik Paper 24 x 32 à spirale - moi aussi BillHoony - avant de recopier dans un carnet A5, un Tsubame pour l’exemplaire en cours.



Souvenir - Cherbourg - la gare maritime

De ma petite enfance à Cherbourg, je conserve les jolis souvenirs des visites dominicales au port et à la gare maritime où mon père m'emmenait. Un spectacle passionnant et gratuit, pour nous, gens modestes qui faisions le trajet à pieds depuis les hauteurs de la cité HLM d'où l'apparition des cheminées du Queen Elizabeth, (Wikipédia m'apprend que c'était donc nécessairement avant 1968), nous donnaient le signal du départ.

Je me souviens particulièrement bien du jour où une autre scène, bien plus intrigante, nous attendait ; Pour mieux l'apprécier, nous étions montés sur le toit terrasse de la gare : en pleine guerre froide, je ne sais quel accord de la préfecture maritime avait alors permis à un grand navire de guerre soviétique de s’amarrer là, (peut-être les conséquences d’une avarie), et de nombreux jeunes hommes amassés sur le quai, à bâbord de l'étranger, essayaient d'échanger avec les matelots consignés à bord des paquets de Gauloises et de Gitanes contre du tabac de leur pays. Si les Russes n'avaient guère de difficultés, les Français, bien en contrebas du pont du navire encore rehaussé par la marée, voyaient la plupart de leurs tentatives échouer et les cigarettes retombaient à l'eau le long de la coque. Par une sorte d'empathie certainement excessive, je me souviens encore à quel point j'étais désolé de ces ratés et combien je mesurais déjà alors l'importance de cette diplomatie populaire et spontanée à laquelle j’assistais.

Un autre souvenir du port me ramène à ce matin de vacances - ou était-ce un jeudi ? - quand j'aperçus depuis chez nous les grandes cheminées du paquebot France qui faisait exceptionnellement escale : les jours de gros temps, Le Havre, son port d'attache, devait céder son tour pour les meilleures protections de la rade de Cherbourg. J'ai sauté sur le vélo vert qui avait perdu ses petites roulettes stabilisatrices, mais qui m’allait encore, (j'avais quoi, six ou sept ans ? 1966 ?), pour aller voir l’événement, dont je ne me rappelle plus car il s'est effacé au profit de ce qui s'est produit au retour et me marque toujours autant rétrospectivement : sur la voie qui longe la plage Napoléon, une file de voitures s'était sagement formée derrière moi, sans doubler ni klaxonner, (une autre époque …), ce dont je pris conscience au bout d'un moment, certainement alerté par le bruit des moteurs de ces autos des années 1950-60 ; J'étais brusquement remonté sur le trottoir, fort marri des signes que les conducteurs m'adressèrent, mimant une fessée.

Christof a écrit : ↑25 janv. 2022 08:30 J'aime lire en français, car comme tu l'as dit, en tant qu'étranger, il faut faire des efforts pour apprendre la langue...

Tes efforts sont payants

tu écris le français beaucoup mieux que moi l'allemand

(et pour moi c'est pas faute d'avoir essayé )

LeTigredeSiberie a écrit : ↑24 janv. 2022 19:01

Hongrois - je suis impressionné !

Merci Jérôme pour ces mémoires !

Hobiecat a écrit : ↑25 janv. 2022 20:45 Merci Jérôme pour ces mémoires !

+1

darazs a écrit : ↑25 janv. 2022 20:42

LeTigredeSiberie a écrit : ↑24 janv. 2022 19:01

Hongrois - je suis impressionné !

Étonnant que tu l'aies reconnu. Bravo !
Je ne suis pas encore bilingue, loin de là, mais ça commence à rentrer.

Lors de sa visite, le pape a dit que le hongrois était la langue parlée au paradis... parce qu'il faut l'éternité pour l'apprendre Alors j'ai le temps.

LeTigredeSiberie a écrit : ↑25 janv. 2022 22:48 Étonnant que tu l'aies reconnu.

Pourtant mon pseudo est assez piquant, non?

darazs a écrit : ↑25 janv. 2022 20:50

Hobiecat a écrit : ↑25 janv. 2022 20:45 Merci Jérôme pour ces mémoires !

+1

Merci à vous deux.

darazs a écrit : ↑25 janv. 2022 20:50

Hobiecat a écrit : ↑25 janv. 2022 20:45 Merci Jérôme pour ces mémoires !

+1

+1 (...Mémoires qui m'ont instantanément transportées 65 ans et 2000Km en arrière, plein Sud…)

silverado a écrit : ↑26 janv. 2022 07:50

darazs a écrit : ↑25 janv. 2022 20:50

Hobiecat a écrit : ↑25 janv. 2022 20:45 Merci Jérôme pour ces mémoires !

+1

+1 (...Mémoires qui m'ont instantanément transportées 65 ans et 2000Km en arrière, plein Sud…)

+1

Je n'ai pas encore fait mon devoir dominical mais j'ai aussi cette occupation mémorielle, les dessins en moins.

jddegap a écrit : ↑25 janv. 2022 16:26 ...Souvenir - Cherbourg - la gare maritime....

Mes souvenirs sont plus récents 1976-1979 (et du Queen Elizabeth II) mais tout aussi vivaces ! Je regrette vraiment de ne pas avoir ton talent pour les retranscrire en dessins. Je dois me contenter d'un tableau de Michel Larivière hérité de mes parents... et de tes dessins !

Un grand merci en tout cas car tu as réveillé la nostalgie de la Gare Maritime ce chef d'œuvre Art Déco (un des plus grands bâtiments en France je crois) qui accueille aujourd'hui la Cité de la Mer. Et surtout de nous faire partager tes carnets et ton cheminement jusqu'à la version finale, c'est superbe !

Merci silverado, zephyr et ArnaudM.

Merci darazs, Furiozzo, senzen, Dominique_H_31, Olorin, Mrs Hobie, Losty, Scriiitch, zephyr, Nickko, silverado, LeTigredeSiberie, TT1270, Mirifix78, Hobiecat, de vous être associés à ce sujet.

C'est amusant, car quand j'ai préparé ce SDD, je ne pensais pas qu'il susciterait autant d'intérêt (ça me met la pression pour la suite ) et qu'il nous permettrait de découvrir autant de belles pages d'écriture.

Un grand merci à tous pour votre bienveillante participation.

J'ai répondu dès la publication sachant que je m'absenterai pour quelques jours.
4 jours plus tard, je reviens, je viens de lire les 4 pages du topic.
Waou ! J'aurais aimé rebondir sur plein de choses dites ici, mais ça prendrait des heures. Merci en tout cas pour vos participation et merci Toffou pour ce sujet.
Même s'il y a des choses qui reviennent plusieurs fois et que bon nombre de nos rituels se ressemblent, il y a des nuances dans la pratique de l'écriture pour chaque membre.
C'était intéressant de vous lire.

Mouhwee a écrit : ↑25 janv. 2022 13:05 Je le vois sur le site diabolique qui commence par un A je pense que je me le prendrai là. Ça a l'air passionnant! Je suis ravie de cette découverte, je ne connaissais pas

Trouvé en lisant "souvenirs d'un Européen" de S.Zweig ce passage (il collectionnait les autographes), je cite ce passage un peu long (désolé):

"Ce que je recherchais, c’étaient des manuscrits originaux ou les projets de poèmes, de compositions, parce que le problème de la genèse d’une œuvre d’art, sous son aspect biographique aussi bien que psychologique, me préoccupait plus que tout le reste. Cet instant de transition infiniment mystérieux où un vers, une mélodie, surgissant de l’invisible, de la vision et de l’intuition d’un génie, entre dans le monde des réalités terrestres sous une forme fixée graphiquement, où pourrait-on le surprendre et l’observer si ce n’est dans ces manuscrits primitifs des maîtres, nés dans la lutte ou le feu de l’inspiration, comme dans un état de transe ? Je n’en sais pas assez d’un artiste quand je n’ai sous les yeux que son œuvre achevée, et je souscris à la parole de Goethe : pour comprendre pleinement les grandes créations, il ne suffit pas de les voir dans leur état d’achèvement, il faut les avoir surprises dans leur genèse, dans leur devenir. Mais c’est aussi un effet purement visuel que produit sur moi une première esquisse de Beethoven, avec ses traits fougueux et impatients, son désordre confus de motifs ébauchés et abandonnés, avec leur fureur créatrice, qui s’y condense en quelques coups de crayon, de cette nature comblée d’une surabondance démoniaque. Une telle esquisse me jette dans une sorte d’agitation physique, tant son aspect excite mon esprit ; je puis contempler une de ces pages hiéroglyphiques d’un œil enchanté et amoureux, comme d’autres un tableau parfait. Une page d’épreuves corrigée par Balzac, où presque chaque phrase est balafrée, chaque ligne bouleversée comme un champ labouré, les marges blanches grignotées de traits noirs, de signes, de mots, me rend sensible l’éruption d’un Vésuve humain ; et voir pour la première fois dans le manuscrit primitif, dans son premier état terrestre, un poème que j’ai aimé pendant des décennies excite en moi un sentiment de religieuse vénération ; c’est à peine si j’ose le toucher. A la fierté de posséder quelques-unes de ces pages s’associait aussi l’attrait presque sportif de les acquérir, de leur faire la chasse dans les ventes publiques ou dans les catalogues. Que d’heures intenses je dois à cette chasse, que de hasards exaltants ! Ici, on était arrivé un jour trop tard, là, une pièce convoitée s’était révélée fausse ; puis se produisait de nouveau un miracle : on possédait un petit manuscrit de Mozart ; pourtant la joie n’était pas sans partage, parce qu’une bande de musique y avait été découpée ; et soudain cette bande enlevée cinquante ou cent ans auparavant par un vandale passionné réapparaît dans une vente à Stockholm et l’on peut rétablir l’air complet, tel que Mozart l’a laissé il y a cent cinquante ans. A cette époque, il est vrai, les revenus de mes ouvrages ne me permettaient pas encore des achats de grande importance, mais tous les collectionneurs savent de combien s’augmente la joie que donne une pièce rare quand il a fallu, pour l’acquérir, renoncer à un autre plaisir. Je mettais d’autre part à contribution tous mes amis du monde des lettres. Rolland me donna un volume de son Jean Christophe, Rilke son œuvre la plus populaire, La Chanson de l’Amour et de la Mort, Claudel son Annonce faite à Marie, Gorki une importante esquisse, Freud un de ses traités ; tous savaient qu’aucun musée ne conserverait leurs manuscrits avec plus d’amour. Combien de tout cela est maintenant dispersé à tous les vents, avec d’autres joies, moindres celles-ci !"

Merci, Jérôme, pour ces quelques lignes si émouvantes (et bien écrites)

grindsel a écrit : ↑28 janv. 2022 22:46 Merci, Jérôme, pour ces quelques lignes si émouvantes (et bien écrites)

Merci Mag.

La semaine a été bien remplie, et cela m'a pris du temps pour venir au bout de ces quatre pages, mais j'ai envie de participer (on a droit jusqu'à dimanche suivant, non?)
J'ai toujours écrit les notes à la main, j'ai griffonné pendant les réunions, mais je me suis remis au stylo plume notamment quand mon fils (gaucher, au passage) a commencé (mal) écrire à l'école. Je voulais lui montrer qu'on peut apprendre à écrire joliment, lui donner l'envie et plaisir d'écrire, alors on a testé des stylo plumes... Résultat de courses (il est en 6ème): il écrit au stylo bille, c'est toujours illisible (il n'arrive pas à se relire), mais moi, j'ai plein de stylos et des encres.

Comme beaucoup entre vous, le fait de posséder des stylos cherche sa justification dans l'écriture, alors j'ai repris quelques carnets.
J'ai commencé un journal (pas très intime, plus pour noter ce qui s'est passé dans ma vie et avec ma famille) que je tiens depuis un an et demi. J'ai commencé un carnet pour noter les stylos que j'ai (mais qui sera complété avec des photos dans l'ordi) et un autre carnet pour mes calendriers d'avent (stylos et Inkvent).
Je fais aussi un classeur (format 16 à l'italienne) avec les essais d'encres et différents types de papiers.

Dans la vie de tous les jours, j'écris mes notes (durée de vie entre 2 minutes et une semaine), sur le papier brouillon. Les notes de réunion aussi (papier brouillon ou carnet Rhodia Dot A5, il permet d'arracher les feuilles), je griffonne, je dessine des fleurs et des feuilles pendant les réunions. Cela m'aide à mieux écouter, mais les gens ne le voient pas toujours comme ça. Comme certains entre vous ont dit, le fait d'écrire permet de mieux assimiler le sujet et mieux le retenir. Je refait les notes de réunion dans l'ordinateur (pour pouvoir partager et archiver plus facilement) si besoin.

Je fais mes to-do lists à la main, mais ma liste de courses est dans mon téléphone. J'aimerais faire plus de calligraphie, mais le temps me manque.
Pour mon carnet pro, depuis quelques mois j'ai adopté la solution Filofax avec les système de feuilles qui peuvent s'insérer et sortir et ranger dans l'ordre comme on veux (similaire à Atoma). J'ai acheté la perforatrice qui va avec et cela me permet de rajouter les notes sur le papier que je veux (j'aime pas le papier Filofax).
Je n'écris jamais de lettres (le mail c'est plus facile à lire pour les autres et plus rapide), de temps en temps une carte postale ou carte de voeux.

Je m'attendais dans vos réponses à plus de profs avec des corrections à faire ou des écrivains, mais je vois qu'on est nombreux à utiliser le stylo par pure plaisir de geste.
Merci pour ce sujet, toffou, très intéressant et bien suivi!

TT1270 a écrit : ↑28 janv. 2022 21:28

Trouvé en lisant "souvenirs d'un Européen" de S.Zweig

Excellent!!! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de retranscrire ce passage!