Oui, c'est vrai, je l'avoue, je m'enflamme un peu, mais voyez-vous, l'Italie, ce sont des souvenirs de jeunesse, un peu comme Paris, pour Hermite, la nostalgie camarade!
Hermite, votre oncle a parfaitement raison, c'est un grand philosophe et vous avez eu la chance de connaître le VRAI Paris, une merveille comme vous dîtes, humain, encore populaire, avec le magnifique quartier des Halles...
Mais voyez-vous, Paris a beaucoup changé (en mal), un peu comme ces jeunes gens idéalistes et élégants que l'on retrouve quelques décennies plus tard embourgeoisés, arrogants, vulgaires, obèses, moches et insupportables...Eh bien, le Paris actuel, c'est un peu ça...(je sens que je vais me faire quelques potes sur le forum!)
Je vais opérer une rapide comparaison; vous avez connu, Hermite, un Paris de légende, à son apogée, peuplé de géants dans les domaines politiques, artistiques, culturels et musicaux.Commençons notre (cruel) comparatif: en 1968, le président s'appelait Charles de Gaulle, l'actuel se nommerait (on n'en est pas bien sûr), François Hollande, par pure humanité ou pitié, je me refuse à commenter la différence de stature, de vision et d'intérêt historique des deux, on ne compare pas un scooter à 3 roues avec le Concorde...
En 1968 vous pouviez écouter l'excellent Gilbert Bécaud, tout comme Léo ferré, Brel, Brassens, Gainsbourg, Françoise Hardy, une constellation de génies. Mais pourquoi pleurer le passé, ils ont leurs dignes descendants, si si! A Paris (et ailleurs, hélas), les artistes en vogue se nomment Indila, Tal, La Fouine, Florent Pagny , Colonel Reyel (un peu passé de mode, celui là, toujours ça de pris, un de moins...) J'en voit ici qui font la fine bouche, mais nous avons notre géant de l'époque (ou tout du moins, en phase avec elle), l'illustre Maître Gims qui parade en tête des charts.
Bon surtout, Hermite, n'essayez jamais de savoir qui sont ces gens - j'ai la décence de ne pas les considérer comme des artistes ou des chanteurs- que je viens de citer et pire, de tenter de les écouter, vous pourriez, au minimum, perdre 90% de vos neurones au bout de 20 secondes de calvaire sonore, mais, en plus, cela ruinerait définitivement, la bonne image que vous avez de la France. Bon, il existe bien, deux trois trucs un peu valables, mais certainement pas au niveau des ancêtres:
http://www.youtube.com/watch?v=ckI98d85lIQ
http://www.youtube.com/watch?v=ifSDzAg1KRg
http://www.youtube.com/watch?v=sjPIkyBdmTY
http://www.youtube.com/watch?v=BbR-NAvgvTo
http://www.youtube.com/watch?v=WbEHqBKN2ro
http://www.youtube.com/watch?v=8nr62xO6nOg
J'adore la Grande Sophie, un peu moins Jeanne Cherhal, talentueuse mais trop bobo à mon goût...Ah oui, bobo, Hermite,ça veut dire "bourgeois-bohême", une sorte de race de monstres en train de détruire ce qu'il reste de Paris aujourd'hui.
Je continue mon petit inventaire, en 1968, le pilier, le patriarche du cinéma français se nomme Jean Gabin, en 2014, il s'agirait d'un certain Clavier qui triompherait dans un film s'intitulant "qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?", effectivement une interrogation qu'il convient de se poser sérieusement...
En 1968, à Paris, les philosophes se nomment Jacques Derrida, Michel Foucault, Louis Althusser et tant d'autres. Aujourd'hui, c'est un certain Bernard Henri Lévy qui se prétend philosophe, mouais, je préfère éviter tout commentaire qui entrainerait une modération, voire une radiation immédiate de ce forum...
En 1968, l'auteur le plus en vogue est l'illustre romain Gary (Emile Ajar pour les intimes), ses actuels descendants se nomment Guillaume Musso et Marc Lévy, des individus maléfiques tirant à des millions d'exemplaires de faux romans indignes et que j'abats régulièrement dans un de mes rêves récurent, pour Musso, j'utilise du 357 Magnum , balle à tête creuse, tiré par un Manurhin MR 73 en pleine face et pour Lévy, de la chevrotine 7-0, 28 grains, dans la poitrine avec un fusil à canon scié. Bizarrement, après ce rêve particulièrement sanglant, je me lève toujours joyeux et léger, avec le sentiment du devoir de sauvegarde de l'Humanité accompli!
En 1968, l'auteur féminin le plus lu en France est Simone de Beauvoir, aujourd'hui elle se nomme Katherine Pancol, une femme que l'on pourrait piéger avec une Autolib (pour Hermite, l'Autolib est une horrible voiture électrique que l'on aperçoit dans les rues de Paris les nuits de pleine lune!) L'Autolib s'approche sans bruit de Pancol (avantage de l'électricité, nyark, nyark), la renverse lui passe dessus et recule à nouveau sur son corps à terre (opération à renouveler une trentaine de fois.) Comme la bougresse est du genre coriace, on l'achève en la frappant de multiples fois au visage avec un cadre de vélib rouillé, puis on la balance dans la Seine après l'avoir lestée du plus grand nombre de ses chefs-d’œuvre! Pour Hermite, le vélib est un superbe vélo parisien dessiné par un mormon aveugle, dépressif, épileptique, incontinent et sous acid(e).
On pourrait continuer longtemps avec les magnifiques DS et les élégantes Peugeot 404 remplacées par ces machins que sont les SUV ou encore les librairies du quartier latin supplantées par les boutiques de luxe des multinationales du secteur et les Starbucks grignotant lentement, mais sûrement les troquets authentiques.
Le vrai Paris est mort quelque part dans les années 80, avec le développement de la spéculation immobilière et l'expulsion des classes populaires de son centre. La cité s'est "gentry fiée", seuls les cadres, les bobos et les grands bourgeois y ont accès maintenant, résultat, une ville d'un conformisme bien pensant pesant, d'un ennui mortel (cela fait longtemps que Paris n'est plus une fête, surtout la nuit), pour s'amuser vraiment, il convient de filer à Londres, Bruxelles, Berlin, Amsterdam, Barcelone...
Les artistes sont partis de Montparnasse pour emménager à Berlin et les sièges sociaux d'entreprises boudent de plus en plus la Défense pour Londres, Luxembourg, Amsterdam ou Dublin, le marché de l'art se concentre à Londres, New York et Hong Kong...
Si on ajoute à cela la chaleureuse propension à l'accueil d'un grand nombre de parisiens dont l'attitude, avec les touristes oscille entre le grizzly sous amphétamines et le Doberman frappé du syndrome Gilles de la Tourette, on se dit que tout cela n"est pas très fameux.
Heureusement, il reste un immense patrimoine architectural, des endroits magiques (mais d'autres vraiment repoussants), la culture (mais avec beaucoup moins de musées qu'à Londres), le tourisme (mais avec des hôtels pas toujours à la hauteur), la Haute Couture, la gastronomie...
Ce Paris conformiste, consumériste, propre sur lui, prospère mais sans âme m'évoque un peu une sorte d'immense village Potemkine de la mondialisation pour touristes épuisés en provenance d'Asie ou des puissances émergentes. Ils pensent y trouver du pittoresque et de l'authenticité, ils découvriront les ravages opérés par les promoteurs immobiliers, les bobos, les spéculateurs de tous poils et les multinationales...
Le nostalgique que je suis pleure un Paris révolu, moins riche mais accueillant toutes les classes sociales, plus sale mais plus humain on le retrouve dans les films de Claude Sautet ou de François Truffaut, mais il ne s'agit plus que d'images révolues, hélas!
Au fond, Thomas Dutronc reflète exactement ma pensée:
http://www.youtube.com/watch?v=jWNReMsJ0z8
Bon, je vais me coucher après avoir englouti une boîte entière de Prozac, mais je vais rêver que je trucide Musso, Lévy et Pancol, ça me remontera le moral!