Les stylos de nos maitres

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Scriban
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Message par Scriban »

jpeg a écrit :Comme quoi pour un écrivain le choix de l'instrument utilisé est moins anodin qu'il n'y paraît parfois : " Je découvris un jour que cela me rendait nerveux, de commencer par la plume d'acier, et pour me rassurer, je me mis à me servir du crayon, ce qui certes représentait un détour, une peine supplémentaire. (...) Chaque fois, un sourire de satisfaction naissait dans mon âme (...). Entre autres, il me semblait que je pouvais travailler au crayon de manière plus rêveuse, plus calme, plus lente, plus contemplative, je croyais pouvoir guérir, littéralement, grâce à la méthode de travail que j'ai décrite ". Texte complet > ici >.

Extrait de Wikipedia : " Walser est l'écrivain des choses petites, délicates et belles. La petitesse caractérise également sa technique d'écriture des années 1920 : Walser esquissait ses textes au crayon, sur de simples bouts de papiers, d'une écriture minuscule, avant de recopier à la plume ceux qu'il destinait à la publication. "

Jimmy

Juste remercier de cette belle remarque à propos de Walser , et juste dire que je redécouvre , grâce à Jimmy et à d'autres ici , qu'avec ou sans Yukari c'est vrai : l'écriture peut être un plaisir intellectuel délicat si on s'y consacre , et si on y fait attention , c'est vrai...
Amitiés
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Loucques
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Loucques »

Scriban a écrit :la photo dans un post précédent , c'est bien Thomas Mann ? Incapable de dire avec quoi il écrit...
Bien vu. D'après ce que j'ai pu collecter comme infos, à ses débuts il écrivait avec un stylo de marque inconnue avec plume acier.
Lors de son exil aux Etats-Unis, sur une photo, il semble que ce soit un Parker qui dépasse de la poche poitrine de sa veste.

Montblanc a baptisé un exemplaire de sa production de son nom, (en faisant allusion à "Der zauberberg", je crois) mais il semble que Thomas Mann n'ait jamais utilisé de Montblanc.

Je ne résiste pas à vous rapporter une anecdote amusante à son propos et à celui d'Arnold Schoenberg avec qui il était en exil en Californie durant la deuxième guerre, on devine pour quelles raisons.

Dans son roman "Doktor Faustus", Mann avait pris Schoenberg et le dodecaphonisme comme modèles pour son personnage du compositeur Adrian Leverkühn.
Dans sa préface, Mann avait d'ailleurs précisé : "j'ai pris la liberté de m'inspirer de mon contemporain le professeur Arnold Schoenberg et ses théories musicales comme modèle pour mon personnage...."

Schoenberg avait modérément apprécié.

Invités tous deux à Hollywood par un ami commun, lors du repas, Schoenberg ne put s'empêcher d'apostropher Mann : "En tous cas, cher Maître, l'avenir dira lequel de nous deux était le contemporain de l'autre !"

(Et maintenant, la question à dix balles : pour écrire ses partitions dodécaphoniques, Schoenberg utilisait-il un Sapporo Music ou un Platinum Music double fente ?)
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par jpeg »

Loucques a écrit :(Et maintenant, la question à dix balles : pour écrire ses partitions dodécaphoniques, Schoenberg utilisait-il un Sapporo Music ou un Platinum Music double fente ?)
Un conservateur en musique répondrait aigrement "Avec un stylo chinois, certainement" :-)

L'anecdote de la confrontation des gros egos susceptibles est rigolote.

Jimmy
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Scriban »

Je ne résiste pas à vous rapporter une anecdote amusante à son propos et à celui d'Arnold Schoenberg avec qui il était en exil en Californie durant la deuxième guerre, on devine pour quelles raisons.

Dans son roman "Doktor Faustus", Mann avait pris Schoenberg et le dodecaphonisme comme modèles pour son personnage du compositeur Adrian Leverkühn.
Dans sa préface, Mann avait d'ailleurs précisé : "j'ai pris la liberté de m'inspirer de mon contemporain le professeur Arnold Schoenberg et ses théories musicales comme modèle pour mon personnage...."

Schoenberg avait modérément apprécié.

Invités tous deux à Hollywood par un ami commun, lors du repas, Schoenberg ne put s'empêcher d'apostropher Mann : "En tous cas, cher Maître, l'avenir dira lequel de nous deux était le contemporain de l'autre !"

(Et maintenant, la question à dix balles : pour écrire ses partitions dodécaphoniques, Schoenberg utilisait-il un Sapporo Music ou un Platinum Music double fente ?)

Merci Loucques de cette anecdote fine et vivante !
En retour , et quitte à nous installer définitivement dans la digression : pas plus tard qu'hier soir je lisais cette anecdote à propos de H. Von Hofmannsthal venu écouter une lecture de Rilke dont on commençait à beaucoup parler . Après la séance Hugo va saluer René , le remercie , puis va rejoindre un groupe d'amis qui tous attendent sa réaction ; Hofmannsthal : " Bon , oui , d'accord il est plus grand que moi , mais vous m'accorderez qu'il procède de moi !..." Les deux écrivains sont presque exactement contemporains , nés et morts presque aux même dates !...
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Scriban »

P.S. Avec quoi les deux rivaux écrivaient-ils ? En 1910/1920 je pense qu'on trouvait déja facilement du bon stylo-plume dans les rues de Vienne non ?
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Loucques »

Scriban a écrit :P.S. Avec quoi les deux rivaux écrivaient-ils ? En 1910/1920 je pense qu'on trouvait déja facilement du bon stylo-plume dans les rues de Vienne non ?
Certainement. Quoique à mon humble avis, les premiers jets de ses partitions avec un crayon et une bonne gomme.
Après, au propre... avec le même stylo plume acier que Mann, peut-être ?
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Bluebird »

J'aime beaucoup cette photo de Walter Benjamin au travail , immergé, stylo en main , s'apprêtant à noter.

A droite une page d'un carnet, travail sur deux poèmes de Baudelaire , "La Destruction" et "Le Vin des chiffonniers".


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Message par Scriban »

Excellente cette photo Bluebird...

Bon , je ne vais pas faire dans l'originalité :

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Re: Les stylos de nos maitres

Message par libelle »

Ces photos sont formidables, belles, intéressantes, elles nous portent à d’autres pensées que celles du stylo seul, celles du monde sans limite de l’écriture et de l’écrit.

Toutefois, tout ceci serait plus intéressant encore si lesdites photos étaient commentées et éminemment plus pertinent avec le sujet si un instrument d’écriture était associé aux illustres personnages photographiés ;) :arrow:
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Bluebird »

Jean Giono , mais j'avoue , j'ai triché, je pensais d'abord à Aragon pour la première photo, j'ai cliqué et le nom de Giono était dans l'adresse du lien sur votre site d'hébergement ...
:twisted:

il en tient deux dans la première et c'est presque un pinceau dans la seconde ...
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Message par Bluebird »

Pour la première photo de Giono, Libelle, :) , je pencherais pour un Pelikan dans la famille des 100 ...
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Bluebird »

Georges Perec > ici <

dans cette courte vidéo sur le site de l'Ina .
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Scriban »

libelle a écrit :Ces photos sont formidables, belles, intéressantes, elles nous portent à d’autres pensées que celles du stylo seul, celles du monde sans limite de l’écriture et de l’écrit.

Toutefois, tout ceci serait plus intéressant encore si lesdites photos étaient commentées et éminemment plus pertinent avec le sujet si un instrument d’écriture était associé aux illustres personnages photographiés ;) :arrow:

Bonjour Nathalie , re bonjour Bluebird , j'ai été dérangé tout à l'heure mais je pensais dire un mot à propos de tout ça plus tard : j'étais totalement incapable de deviner de quel(s) stylos Giono se servait pour écrire , merci donc pour votre renseignement. Aline , une de ses fille , m'avait dit un jour qu'il n'a jamais touché une machine à écrire - ça on s'en serait douté ! - et qu'il lui arrivait , lui aussi , de travailler avec un crayon à papier pour réunir de la documentation avant d'attaquer un nouveau roman . On trouve ces photos dans la petite monographie de la collection "Ecrivains de toujours" Ed. Seuil. C'est malheureusement une des seules que je possède avec une consacrée à Joyce qui ne propose rien d'intéressant hélas ; mais si parmi nous il y en a qui ont de ces excellents petits bouquins je suis sur qu'on arriverait à réunir plein de choses sympas !...

Je file écouter de la zizique , bon week end à vous tous !
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par libelle »

Ce que j'ai pu trouvé concernant Giono

Jean Giono (Manosque, 30 mars 1895 – Manosque, 9 octobre 1970)

Comme beaucoup d’écrivains, Giono s’est forgé un rituel d’écriture qu’il a perfectionné au fil des années : choix de la plume, de l’encre et du papier ; technique de préparation du texte et de rédaction du manuscrit ; méthode de ratures et de corrections ; organisation quotidienne du travail. Il s’entoure aussi d’objets et d’œuvres d’art qui lui sont chers et le suivent à chaque déménagement de son bureau d’une pièce à l’autre dans sa maison du Paraïs à Manosque.

« La plume a une très grande importance pour moi, le papier aussi, la couleur du papier et le grain du papier ont une très grande importance, même pour la formation de ma pensée. Si mon papier n’est pas celui que je veux, si ma plume n’est pas celle que je veux, je suis gêné pour écrire. Si la plume glisse librement, je peux écrire des choses qui me plaisent.

Mon porte-plume pèse à peu près la moitié d’un gramme. C’est un petit morceau de bois au bout duquel il y a une fente. Dans cette fente, je glisse une plume. Cette plume, je la trempe dans de l’encre très noire. J’aime l’encre très noire. Je prends la précaution de la laisser dans l’encrier débouché. L’encre s’oxyde et devient extraordinairement noire, presque comme de l’encre de Chine. J’aime écrire avec cette encre là.
J’aime avoir un porte-plume entre les mains, j’aime l’encre noire, j’aime le papier sur lequel j’écris, et j’aime la façon que j’ai d’écrire. »,
Jean Giono

(Excepté la couleur de l’encre, on pourrait croire à un texte de Jimmy :) )

Image

Jusqu’en 1946, les supports d’écriture peuvent être très différents de forme et d’aspect : cahiers d’écolier, feuilles volantes de plusieurs couleurs (blanches, bleues ou jaunes), carnets à spirale. À partir d’Un roi sans divertissement en 1946, Giono adopte un papier de couleur paille, plus reposant pour ses yeux fragiles et qui accentue le contraste recherché entre l’encre et le support. Cette façon de faire restera quasiment inchangée jusqu’à la fin de sa vie. Il manie la plume comme un pinceau, à la façon du calligraphe oriental. Le crayon de papier, les stylos à bille ou à plume sont réservés aux notes préparatoires et aux brouillons.

« Dès que le flux de la pensée et que le flux de l’histoire viennent bien, je serre les lignes, j’écris de plus en plus petit et je suis presque avare de papier. Lorsque je suis embarrassé ou quand les choses viennent moins bien, alors l’écriture s’arrondit, devient un peu plus large. », Jean Giono
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par Bluebird »

Joli texte de Giono , merci Nathalie ...
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par jpeg »

C'est vraiment bien, ces passages à propos de l'écriture de Giono. Où avez-vous trouvé ça ? Si vous en avez d'autres du même tonneau, allez-y.

C'est le dernier paragraphe que j'aurais pu écrire : quand ça vient bien, quand la tête est claire, mon écriture diminue. Quand quelque chose n'est pas à sa place, elle s'élargit.

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Re: Les stylos de nos maitres

Message par libelle »

Oh, j’ai trouvé cela simplement sur le net, cette mine d’information pour peu que l’on fouille un peu, beaucoup, à la ….. :roll:

Un document de quelques pages absolument passionnant.

J’ai chargé le PDF, bien plus complet que le petit extrait ci-dessus : http://img72.xooimage.com/views/d/a/0/g ... 55ec8.pdf/

Bonne lecture
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par libelle »

«Ce n'est point dans l'objet que réside le sens des choses, mais dans la démarche.», Antoine de Saint-Exupéry

Antoine Marie Jean-Baptiste Roger de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944.

"La termitière future m'épouvante, et je hais leur vertu de robot", étaient les derniers mots qu'il avait écrit avec son Parker 51, dans une lettre datée du 30 juillet 44 destinée à Pierre Dalloz.

Il paraitrait que Saint-Exupéry collectionnait les stylos !

Il portait sur lui son Parker 51, répertorié dans l’inventaire de l'épave daté du 29 janvier 1945.

A défaut de voir son stylo, un manuscrit de janvier 1936, "Au centre du désert", le chapitre central de Terre des hommes:

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Re: Les stylos de nos maitres

Message par dboulonnais »

libelle a écrit :Oh, j’ai trouvé cela simplement sur le net, cette mine d’information pour peu que l’on fouille un peu, beaucoup, à la ….. :roll:

Un document de quelques pages absolument passionnant.

J’ai chargé le PDF, bien plus complet que le petit extrait ci-dessus : http://img72.xooimage.com/views/d/a/0/g ... 55ec8.pdf/

Bonne lecture

Superbe Nathalie, vraiment très enrichissant votre intervention : moi aussi, j'ai cru retrouver du Jimmy dans ces mots ! Un peu de ce que je fais, dans la méthode quand je cherche la bonne approche d'un sujet, le bon questionnement, le bon mot
J'ai pris le pdf, dans le cadre d'un travail avec les élèves sur le travail de l'écrivain, cela peut-être très intéressant !
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Re: Les stylos de nos maitres

Message par libelle »

A votre service Damien, ça vous coutera un Man :)

C'est bien grâce à ce fil que j'ai trouvé ce document que je n'ai pris le temps de lire de A à Z qu'après vous l'avoir livré. Vraiment bien fait.

S'il pouvait y avoir un tel document pour chaque écrivain plus ou moins connus, ce serait le paradis pour les prof! et pour nous aussi.


Avis de recherche:

C’est par lui que j’aurai dû commencer, un collègue ça se salue. Ne chercher pas trop ce n’est pas de ses activités connues que nous somme collègues à 60 ans d’intervalles. Lisez ou relisez Vercoquin et le Plancton où il décrit l’univers et l’ambiance de son lieu de travail. Je vous rassure (ou pas) rien de semblable de nos jours.

Je cherche depuis un bon moment mais je ne trouve rien. Avec quel instrument d'écriture Boris Vian a t-il noircit ses pages ...pendant ses heures de travail. Si, si, je vous assure que ces premiers textes, il les a écrits au frais de l'entreprise qui l'employait.
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