Ciao Daniel e AngeloPardi,
Pour entamer ce « post », un grande benvenuto a lei Daniel, dans notre fratrie de "doux-dingues" passionnés.
C’est toujours un plaisir d’accueillir et de compter un nouveau membre parmi notre petite communauté, qui plus est, lorsque ce membre semble totalement atteint par la même maladie que soi et est un connaisseur, car vous en êtes un Daniel, assurément. Si besoin était, la seule possession de votre Dante Alighieri, le prouve…
Comme je n’ai pas pris le temps de vous faire une réponse plus rapidement (le temps, le temps, je coure beaucoup après en ce moment…), pour me faire pardonner, ainsi qu’auprès de mon cher AngeloPardi qui m’a sollicité à plusieurs reprises sur ce sujet, et pour faire suite à vos propres remarques, j’ai décidé de vous livrer quelques explications liées à la question de Michelangelo « l’initié ».
Évidemment pas de but en blanc et froidement, mais en essayant, si tant est que se soit possible, de rendre tout cela un peu plus vivant. Ma petite personne ne présente pas un grand intérêt, en revanche, les circonstances qui m’ont amenées à pouvoir fournir mes explications ont démarrés, comme souvent, par un hasard et une anecdote assez « cocasse » qui « mérite » d’être contée.
Vous allez donc enfin, tout savoir… ou presque...
Pour commencer tout d’abord, je voulais vous dire, à tous les deux, que je partage totalement vos réflexions et remarques sur le Dante Alighieri de 1995, c'est un stylo merveilleux osai-je dire… Et, effectivement, c'est à croire que les mystères de Dante, qui sont très nombreux, habitent ce stylo et se révèlent, sans que l'on ne comprenne clairement pourquoi dès qu'on le prend en main…
Ensuite, pour vous remercier, l’un comme l’autre pour vos compliments concernant cet échange sur ce modèle et plus particulièrement mes tirades qui ont eu l'air de vous plaire. Je vous en remercie de nouveau chaleureusement.
Pour tout vous dire, et être tout à fait honnête, j'attends avec impatience qu'un des membres fasse l'acquisition et nous présente par exemple, les modèles Giulio Cesare, Giuseppe Verdi (les deux), Gabrielle d'Annunzio, Nobile, Leonardo da Vinci, Juventus, et autres éditions limitées de chez Aurora, pour avoir l'occasion de pouvoir "révéler" – c'est un bien grand mot -, et donner les explications du pourquoi des choix des finitions de chacun de ces stylos-plume.
C'est passionnant, instructif et comme vous l'écrivez Daniel : nous plonge dans l'histoire, les arcanes de la marque et de notre patrimoine culturel à tous et toutes.
J'avoue tout de même que pour les deux modèles du Dante, qui est un des personnages qui me "fascine" le plus, j'ai pris un très grand plaisir à donner ces brèves, très et trop brèves explications. Ce sera aussi sans aucun doute le cas pour, les G. Verdi, Gabriele d'Annunzio, Leonardo da Vinci et Giulio Cesare...
Je ne dis pas que tous ces modèles de stylos-plume me plaisent, loin de là - en dehors des G.Verdi, je ne suis pas fan des autres modèles -, pas plus que tous ces personnages ne me fascinent - en dehors de G Verdi, et Leonardo da Vinci -, mais, il n'en reste pas moins que chacun de ces stylos a une histoire de fabrication, de choix des matériaux, des finitions et il s'il y a un pourquoi pour tous ces modèles, il y a, de fait, des réponses et des explications.
C'est ce qui est intéressant et, au demeurant, une démarche suffisamment rare dans le monde du stylo-plume pour mériter d'être saluée à sa juste valeur.
(Je sais bien que Montblanc – avez-vous remarqué que depuis peu, j’écris : « Montblanc » en intégralité et non plus « M*******c » comme par le passé ? La faute sans doute, à quelques acquisitions récentes dont je parlerai dans les « Essais » (Mais non, pas ceux de Montaigne voyons, mais sur le « fil » approprié de ce forum) -, a, elle aussi, ses séries limitées consacrées aux écrivains, mécènes de l’art, musiciens, muses, thématiques et autre signe du zodiac chinois, mais bon, de grâce !!! Comparons ce qui est comparable, et ne confondons pas marketing et sens… Qu’on nous épargne au moins ça, per favore !)
Les pré-requis étant établit, j’entre donc dans le vif du sujet pour tenter d’éclaircir, mais peut-être pas totalement encore, le mystère par lequel je semble être habité ou dont je semble être le dépositaire
Pour résumer, les questions sont donc les suivantes :
AngeloPardi a écrit :@Michelangelo :
Mais vos réponses ne font qu'exciter encore plus ma curiosité pour ce fabuleux spécimen de stylo…
Vous écrivez par exemple :
Ensuite, connaissant Aurora, ainsi que les personnes auxquelles ils ont fait appel pour la création de ce modèle,
ah ah ! Voilà qui m'intéresse fort également !!
Y aurait-il quelques secrets que vous garderiez encore en réserve ??
Ainsi que la votre Daniel :
Je me demandais dans quelle mesure les commerciaux de Aurora ne disposent pas de leurs cotés de plus de détails encore sur ces choix et ces arbitrages de finitions de leurs œuvres et s’ils les tiennent a disposition de leurs clients passionnés. C'est peut être là une partie du mystère de Michelangelo "l'initié"?
Bien. Alors pour commencer, je dois vous dire que je ne suis affilié à aucune maison, entreprise, manufacture, fabricant, créateur, revendeur, ecc... de stylos-plume, que ces dernières soient italiennes ou autres. Je sais que ce n'était pas forcément utile de le préciser, mais cela a le mérite d'être clair.
Ensuite, pour dire que je ne fréquente pas les commerciaux ! Il n’y a là aucun reproche de ma part rassurrez-vous Daniel même si ma façon de l’écrire est quelque peu abrupte. Ce n’est pas un reproche mais un constat !
Je ne fréquente, ni ceux de chez Aurora, ni ceux de quoi que soit d'autre... Je veux dire en tant qu'ils sont dans leur profession !
Les personnes et les gens m'intéressent, me passionnent et de manière générale, je suis assez bienveillant et je les apprécie plutôt "naturellement", mais alors, dans leur profession de commerciaux...
je les déteste...., je les exècre…, je les hais au plus haut point ! Y compris celles et ceux de chez Aurora - plus encore sans doute, mais ce ne sont pas les seuls !
Je sais bien qu'il en faut, et patati et patata, ecc, ecc, ecc... mais, dans leur profession, ils ne m'intéressent absolument pas et, au moins je les vois, au mieux je me porte…
Il est vrai cependant, que je suis un client fidèle et passionné de chez Aurora, comme d'autres marques, mais justement pour cette raison, je n'ai jamais eu à faire à un ou une commercial/e de chez eux ! Ou alors c'était à mon insu…
Bon, je caricature un peu là, mais pas tant que ça !!!
Je vous livre donc à présent les raisons du pourquoi, je suis à même de savoir et de donner les explications dans le cadre de ces modèles et plus particulièrement des deux Dante Alighieri !
Comme je l'écrivais plus haut, Dante fut et reste, un personnage, un homme et un écrivain qui me fascine ! Au-delà de l’œuvre qu’il a laissée à la postérité, — qui perd beaucoup de sa superbe lorsqu’on travaille longtemps dessus croyez-moi et dont on comprend aisément que la grande majorité des gens ne le liront jamais, que soit la « Commedia » ou ses autres œuvres -, c'est l'homme, sa vie, le soubassement sentimental, intellectuel, spirituel, corporel ecc qui au fil du temps m'a de plus en plus passionné.
Et lorsque l’on met le doigt dans une vie telle que la sienne, dans les circonstances historiques, politiques, économiques, culturelles, intellectuelles, religieuses, artistiques, philosophiques dans laquelle elle s'est déroulée, on y passe le bras et puis tout le reste...
Certes, certaines illusions tombent sur l'image et ce que l'on imagine ou voudrait nous faire imaginer de Dante, en contre-partie de quoi, on découvre et on apprend plus et bien plus profondément, le "génie" de cet homme !
Je n'utilise le mot de "génie" que de manière très exceptionnelle !
Bref, j'ai beaucoup, beaucoup, lu, relu, re-relu son œuvre et beaucoup, beaucoup travaillé sur cette dernière ainsi que sur la vie de l'homme. Je ne prétends pas faire autorité sur ce sujet, c'est un sujet bien trop vaste et bien trop riche pour que qui que se soit puisse jamais faire autorité à soi seul, mais disons que j'ai une assez bonne connaissance de son œuvre et de l'homme.
C'est le premier point.
Le deuxième, bien plus drôle celui-ci, étant le suivant :
Il se trouve que par hasard, et par l’intermédiaire de mon travail, j'ai été amené à rencontrer une personne disons…, très haut placée dans l’organigramme de chez Aurora.
À l'époque, je ne savais même pas qui elle était, et encore moins qu’elle travaillait chez Aurora. Cette rencontre n'avait strictement rien à voir avec les stylos-plume.
Suite à cette rencontre, nous avons tout d’abord été amenés, à nous revoir assez régulièrement pour le travail, ensuite, plus personnellement, parce que nous nous sommes, sur certains points du moins, appréciés.
J'ai cependant mis très longtemps à lui parler de ma passion des stylos-plume ! On imagine assez bien pourquoi... Dans la mesure du possible, en tout cas dans ce cas précis, je ne voulais pas mélanger travail et passion, entre autre chose...
Bon. Cette personne avait bien vu et noté que je n'utilisais pas des « bics crystal » au travail et que je me trimballais toujours avec plein de stylos-plume mais enfin, nous nous en tenions-là, sans jamais que nous n'en parlions plus que ça.
Jusqu'au jour… Jusqu’au jour où, lors d'une réunion, j'ai sorti mon Aurora Optima demostrator.
Je puis vous assurer, vous jurer même, que je ne l'avais pas fais exprès.
Là, cette personne m'a regardé longuement en silence, puis elle m'a dit (je traduis directement en français) :
"- Michelangelo ! Vous m'aviez habitué à beaucoup mieux que ça, pour écrire !"
Elle avait dit : "mieux que ça" sur un ton si dédaigneux, que je n'ai pas su quoi répondre sur l'instant !
Je suis resté avec mon stylo-plume en main, sans voix, comme un c*n !
Franchement, lorsque c’est une personne telle que cela, de chez Aurora, qui vous balance une remarque pareille et sur ce ton qui plus est, non content de passer pour un imbécile vis-à-vis de celles présentes autour de la table, qui n'attendent que la moindre occasion pour vous éjecter parce que d'après elles : vous êtes trop jeune, vous ne comprenez rien et vous n'avez rien à faire ici, et qui, de surcroît, ont déjà le sourire narquois aux lèvres devant la remarque, alors que vous, vous appréciez ce stylo, eh bien…., vous faites comme moi.
Vous ne dîtes rien, vous re-capuchonnez votre stylo-plume que vous prenez soin de déposer bien en évidence sur la table devant vous et négligemment, comme si de rien n'était, vous plongez la main dans votre poche ou votre sacoche, peut-importe, et vous sortez l'arme fatale... Celle qui fait dresser les cheveux sur toutes les têtes des Italiens..., pas même un stylo bille, un roller, ou un gel, mais... un crayon à papier Faber-Castell dans sa version la plus dépouillée !
Vous regardez tout le monde et vous dîtes :
"- Deutsche Qualität ! De toute façon, pour ce qu'il y a retenir de ce que vous dîtes, cela suffit amplement ! Je peux même effacer les âneries ! »
La seule personne autour de la table à éclater de rire suite à ma remarque fut celle de chez Aurora. Allez donc savoir pourquoi ?
Depuis ce moment-là, nous avons commencé à échanger sur les stylos-plume. Je n'avais pas beaucoup à me forcer, même pas du tout, pour lui dire mon admiration pour certains des modèles de sa marque ! Mais évidement, nos discussions ne tournaient pas que autour de Aurora. Omas existait encore, nous parlions beaucoup de Stipula aussi, que cette personne aime beaucoup et de plein d'autres marques et modèles, japonaises, allemandes, françaises, suisse ecc...
Je vous le dis tout net et tout de suite pour que se soit limpide ; cette personne n'est pas un/une ami/e. Je n'ai pas son oreille, nous ne nous connaissons que par trois biais :
Le travail.
Notre fascination mutuelle pour Dante.
Et la passion des stylos-plume.
Cela en fait un certains nombres je vous l'accorde, mais pas de quoi nous prétendre amis, au mieux des connaissances.
Je ne lui ai que très rarement demandé de faveurs de quelques sortes et de quelques natures que se soient concernant Aurora ! Cela est arrivé deux fois depuis que nous nous connaissons et jamais, je ne les aie demandées pour moi personnellement ! Ni prix, ni exclusivités, ni informations en avant-première, ni invitations, au prétexte que nous nous connaissions un peu et que nous avions été amenés à travailler ensemble.
J’ai continué à acheter mes stylos-plume Aurora et leur encre, chez mes revendeurs et basta !
Est-ce cela qui lui a plut ? Je ne sais pas !
Toujours est-il qu'un jour, j'ai reçu une lettre contenant un carton qui nous invitait Madame Michelangelo et moi-même, à l'inauguration de L'Officine de l'écriture Aurora à Turin.
Nous nous y sommes rendus et c'est à la suite de la visite de la manufacture qui avait été organisée ce jour-là pour les invités que la dite personne est venue me trouver pour me dire qu'elle souhaitait me faire découvrir une surprise qu'elle m'avait préparée !
La surprise n’étant rien de moins qu'une infime partie, une très très infime partie, du projet de recherche, d'étude et de conception du modèle Dante Alighieri de 1995.
Autant vous dire que j'en suis resté stupéfait, heureux aussi, plus que si elle m'avait offert le stylo-plume, je crois. J'ai plongé dans la lecture avec délectation et c'est à ce moment-là que j'ai découvert que le même procéder avait été mis en place pour tous les modèles en éditions limitées de chez eux.
Je n'ai pu tout lire, le projet de recherche du Dante Alighieri de 1995 est énorme, le nombre de dessins, schémas, recherches, les gravures de plume, les études sur la forme, les matériaux, les références à Dante, c'est à en perdre la raison…
Aurora a fait appel à des spécialistes très pointus de Dante, Universitaires, chercheurs/euses, traducteurs/trices, historiens/nnes, enfin, un travail colossal et incroyable a été réalisé pour fabriquer ce modèle.
Une vraie folie ! À la mesure dirai-je même, de celle de Dante et de son œuvre.
Pour information et vous donner quelques « secrets » supplémentaires — je ne vois pas pourquoi je le garderai pour moi -, les premières études pour ce modèle ont commencé au début de l'année 1989, soit, environ six ans avant la commercialisation !
Je vous laisse imaginer la somme de papier, de temps et de travail que cela représente. Le nombre de personnes mobilisées tous cadres confondus, dépassent de très loin ce qui avait été fait auparavant chez Aurora. Je ne sais même pas s'il existe pour une autre marque et même chez Aurora ensuite, d'équivalent.
Ce n'est pas que le stylo adopte des innovations technologiques jusque-là inconnue, mais le sens qui lui a été donné est, à la lettre, exceptionnel. C'est sans doute pour cela que ce stylo est si particulier, je dirais presque, toute proportion gardée, qu'il est habité, qu'il a un souffle tout à fait rare et qui n'appartient qu'à lui.
On comprend dès lors aisément, indépendamment des matériaux luxueux, le prix de vente de ce stylo-plume d'exception qui, lorsque l'on sait cela et la somme de travail fournie pour le réaliser, n'est finalement pas aussi excessif que ce que l'on pourrait penser de prime abord.
Une telle ampleur de travail, à ma connaissance, quoique je n’en sois pas certain, et dans de bien moindre mesure, n’a été déployé qu’à quatre reprises par Aurora, pour les modèles :
Dante Alighieri Inferno, Giuseppe Verdi (pas le 200 ième anniversaire), Leonardo da Vinci et Grabriele d’Annuzio.
Enfin, pour conclure et finir ce long « post », et aussi étrange que cela puisse paraître, je ne possède ni le Dante Alighieri, ni le Dante Alighieri Inferno…
Des stylos qui, pourtant, m’ont et continuent de me faire rêver…
J’ai eu des occasions multiples d’avoir les deux en main et de pouvoir écrire avec, mais jamais leur propriétaire respectif n’ont consenti à me les vendre…
Les aurais-je achetés ?
Pas sûr…
Peut-être, la part de rêve et de merveilleux tiennent-elles, sur ces stylos-plumes à cela aussi ?
Le fait de ne pas les posséder…
De la même façon que l’on ne possède jamais une femme ou qui et quoi que soit d’autre…
Éventuellement, on s’offre, on donne, on prête, on partage, mais quant à la possession, le mystère reste entier….
Un peu comme pour « L’Origine du monde » de Courbet ou la « Pietà » de Michel-Ange, comme vous l’écrivez en français….Et la liste pourrait être encore très longue…
Mais, il se fait tard, et mes divagations n’auraient que peu de choses à voir avec les stylos-plumes… Si bien que pour ce soir, je vous quitte et vous abandonne…
Temporairement seulement, en espérant secrètement, une réponse….
Qui sait ?
Buonasera a tutti...