Sailor "Fude" (alias le stylo avec les lapins)
Posté : 08 juin 2012 22:24
Il y a bien des moyens de s’attirer des regards intrigués en réunion. Par exemple, certains prennent leurs notes en rose...
Moi j’ai trouvé une autre méthode : je sors mon stylo plume avec les petits lapins !
Non, pas celui-ci :
Mais celui-là :
C’est un Sailor « maki-e » (les guillemets sont importants ici), à plume Fude, qui dormait depuis 2 ans dans mon tiroir. Je l'ai ressorti récemment et je vous propose aujourd’hui une revue des grands traits (c’est le cas de le dire…) de ce stylo.
Il vient du Japon, comme l’indiquent sa marque illustre et surtout son décor, et c’est la plume de type Fude qui m’a tout d’abord intrigué. Etudiées pour l’écriture des Kanji ou Hanzi, ces plumes permettent de varier fortement la largeur du trait en fonction de l’inclinaison du stylo, afin d’imiter la plume d’un pinceau (fude=pinceau en Japonais). Avec ce type de plume, très caractéristiques donc du marché asiatique, on trouve quelques grands et beaux stylos comme le Sailor 1911, ou le plus original Hero M86.
Ici il s’agit d’un Sailor, présenté comme un maki-e. Réglons ce point pour commencer : il s’agit d’un modèle économique, qu’on peut trouver entre 20 et 30€ en enchères, qui n’est que maquillé en maki-e car la déco est simplement peinte sur le plastique. Le vrai maki-e est réalisé en projetant des poudres métalliques (or, cuivre…) sur la laque fraîche, puis on recouvre le tout par une fine couche de laque superficielle. La finesse de ce type de travail et la beauté caractéristique des objets ainsi réalisés n’a rien à voir avec le bout de plastique peinturluré qui nous occupe ici (pardon si j'ai l'air méchant). Mais à ce prix-là c’était une évidence. Rendons tout de même justice à ce stylo : la peinture est bien faite et même si on récupère un peu de poudre sur les doigts au début, la déco tient plutôt bien.
Quelques mots sur les motifs, dont l’histoire est importante : les lapins représentés sur le corps du stylo sont une reproduction d’animaux peints sur des rouleaux du 12ème siècle, connus sous le nom de Chōjū-giga (caricatures d’animaux). Sur ces rouleaux, les personnages sont caricaturés par des animaux, s’adonnant à des activités diverses plutôt caractéristiques de l'aristocratie. Les lapins présents sur le stylo sont issus des scènes de « préparation de la fête » (en haut) et de « combat de sumo » en bas.
On notera que le lapin du bas, qui a l’air de danser, est en réalité représenté sur le dos dans le rouleau, ayant probablement perdu son combat contre une grenouille. Ces rouleaux sont des trésors nationaux japonais. Leur signification est sujette à interprétation car l’absence de texte rend difficile toute analyse, mais il est généralement considéré que la représentation sous forme d’animaux permet une caricature irrévérencieuse de ces scènes de la vie aristocratique ou monacale. On y trouve par exemple un singe priant devant une grenouille représentant Bouddha (nous sommes au 12ème siècle…). Certains commentateurs y voient même l’ancêtre des mangas actuels. On trouve ainsi des effets visuels communs entre ces rouleaux et les mangas contemporains (les visages expressifs, les traits pour figurer les mouvements…)
En parlant d’animaux, revenons à nos moutons.
La plume est en acier, plaqué or et caractérisée par son bec tordu à 55° par rapport à l’axe du stylo.
Cette particularité permet de faire varier l’épaisseur du trait, en fonction de l’inclinaison. Voilà ce que ça donne (avec le bleu noir de Waterman), le trait varie d'un cheveu (plume à l'envers) à presque 2mm (plume à plat) :
Quel intérêt pour ce stylo ?
- Pour l’écriture de tous les jours, ce stylo n’a aucun intérêt à mon humble avis. Si on le tient normalement, le trait est vraiment large, dans toutes les directions, donc à moins de n’écrire que des titres en gros caractères, c’est franchement illisible. Quant à le tenir vertical, il écrit plutôt bien et de manière agréable mais ce n’est pas ce que j’attends d’un stylo plume.
- Pour des utilisations plus artistiques, je n’ai malheureusement pas les talents d’un calligraphe pour juger de ce qu’on pourrait tirer de ce type de plume… mais pourquoi pas ?
- En revanche, là où il prend tout son intérêt c’est pour le croquis. Ombrer un dessin est particulièrement facile et rapide. La plume permet de reproduire l’effet d’à-plat que réaliserait un pinceau. Et cela tout en utilisant l’encre de son choix. Petit exemple en haut avec une plume classique, en bas avec ce petit Fude :
Conclusion : un petit stylo amusant que je garde dans le sac pour gribouiller quand j’ai le temps, mais que je ne sors plus en réunion.
Merci pour votre attention.
Moi j’ai trouvé une autre méthode : je sors mon stylo plume avec les petits lapins !
Non, pas celui-ci :
Mais celui-là :
C’est un Sailor « maki-e » (les guillemets sont importants ici), à plume Fude, qui dormait depuis 2 ans dans mon tiroir. Je l'ai ressorti récemment et je vous propose aujourd’hui une revue des grands traits (c’est le cas de le dire…) de ce stylo.
Il vient du Japon, comme l’indiquent sa marque illustre et surtout son décor, et c’est la plume de type Fude qui m’a tout d’abord intrigué. Etudiées pour l’écriture des Kanji ou Hanzi, ces plumes permettent de varier fortement la largeur du trait en fonction de l’inclinaison du stylo, afin d’imiter la plume d’un pinceau (fude=pinceau en Japonais). Avec ce type de plume, très caractéristiques donc du marché asiatique, on trouve quelques grands et beaux stylos comme le Sailor 1911, ou le plus original Hero M86.
Ici il s’agit d’un Sailor, présenté comme un maki-e. Réglons ce point pour commencer : il s’agit d’un modèle économique, qu’on peut trouver entre 20 et 30€ en enchères, qui n’est que maquillé en maki-e car la déco est simplement peinte sur le plastique. Le vrai maki-e est réalisé en projetant des poudres métalliques (or, cuivre…) sur la laque fraîche, puis on recouvre le tout par une fine couche de laque superficielle. La finesse de ce type de travail et la beauté caractéristique des objets ainsi réalisés n’a rien à voir avec le bout de plastique peinturluré qui nous occupe ici (pardon si j'ai l'air méchant). Mais à ce prix-là c’était une évidence. Rendons tout de même justice à ce stylo : la peinture est bien faite et même si on récupère un peu de poudre sur les doigts au début, la déco tient plutôt bien.
Quelques mots sur les motifs, dont l’histoire est importante : les lapins représentés sur le corps du stylo sont une reproduction d’animaux peints sur des rouleaux du 12ème siècle, connus sous le nom de Chōjū-giga (caricatures d’animaux). Sur ces rouleaux, les personnages sont caricaturés par des animaux, s’adonnant à des activités diverses plutôt caractéristiques de l'aristocratie. Les lapins présents sur le stylo sont issus des scènes de « préparation de la fête » (en haut) et de « combat de sumo » en bas.
On notera que le lapin du bas, qui a l’air de danser, est en réalité représenté sur le dos dans le rouleau, ayant probablement perdu son combat contre une grenouille. Ces rouleaux sont des trésors nationaux japonais. Leur signification est sujette à interprétation car l’absence de texte rend difficile toute analyse, mais il est généralement considéré que la représentation sous forme d’animaux permet une caricature irrévérencieuse de ces scènes de la vie aristocratique ou monacale. On y trouve par exemple un singe priant devant une grenouille représentant Bouddha (nous sommes au 12ème siècle…). Certains commentateurs y voient même l’ancêtre des mangas actuels. On trouve ainsi des effets visuels communs entre ces rouleaux et les mangas contemporains (les visages expressifs, les traits pour figurer les mouvements…)
En parlant d’animaux, revenons à nos moutons.
La plume est en acier, plaqué or et caractérisée par son bec tordu à 55° par rapport à l’axe du stylo.
Cette particularité permet de faire varier l’épaisseur du trait, en fonction de l’inclinaison. Voilà ce que ça donne (avec le bleu noir de Waterman), le trait varie d'un cheveu (plume à l'envers) à presque 2mm (plume à plat) :
Quel intérêt pour ce stylo ?
- Pour l’écriture de tous les jours, ce stylo n’a aucun intérêt à mon humble avis. Si on le tient normalement, le trait est vraiment large, dans toutes les directions, donc à moins de n’écrire que des titres en gros caractères, c’est franchement illisible. Quant à le tenir vertical, il écrit plutôt bien et de manière agréable mais ce n’est pas ce que j’attends d’un stylo plume.
- Pour des utilisations plus artistiques, je n’ai malheureusement pas les talents d’un calligraphe pour juger de ce qu’on pourrait tirer de ce type de plume… mais pourquoi pas ?
- En revanche, là où il prend tout son intérêt c’est pour le croquis. Ombrer un dessin est particulièrement facile et rapide. La plume permet de reproduire l’effet d’à-plat que réaliserait un pinceau. Et cela tout en utilisant l’encre de son choix. Petit exemple en haut avec une plume classique, en bas avec ce petit Fude :
Conclusion : un petit stylo amusant que je garde dans le sac pour gribouiller quand j’ai le temps, mais que je ne sors plus en réunion.
Merci pour votre attention.
.
Bon, j'essaierai d'en refaire pour les prochains essais en préparation...