Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racoleuse.

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Loucques
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Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racoleuse.

Message par Loucques »

Honorables membres de ce forum, vous n'êtes pas sans connaître les « muscles cars », ces monstrueuses voitures qu'affectionnent nos amis américains : les Chevrolet « Corvette ZR 1 », les Dodge « Viper », ou autre Ford Mustang Shelby ou Cobra.
Dès lors, lorsque vous lirez cette confession, vous comprendrez, en opinant tristement du chef, à quelle violente tentation je fus soumis par une insolente racoleuse et ne lui résistai même pas une seconde. Honte sur moi ! Mais venons-en aux faits….

Au hasard de ma navigation sur les archipels qui traitent de notre folie commune, j'ai échoué sur Peyton street, le site de Teri Morris qui ne vend que du NOS. Cabotant vers la rubrique Sheaffer et sa sous-division Targa, ma curiosité s'éveilla mollement. Il faut vous dire que je suis possesseur d'un vieux Targa classic de 76 abandonné dans une boîte et inutilisé depuis oh, au moins l'an de grâce 1982.
Soudain, mes yeux s’exorbitent et j'ai juste le temps de les rattraper avant qu'ils ne choient sur le clavier. Teri met en vente quatre plumes Sheaffer Targa classic italic de 2 MM ! Oui, vous avez bien vu deux mm !!! Moi qui aime les dodues grasses et bien mouillantes, je sursautai, faisant du même coup tomber Pépita, ma minette, qui dormait paisiblement sur mes genoux.

La photo affichée exhibait un monstre aux dents larges qui me souriait tel une pin-up du calendrier Pirelli. La bête s’adressa soudain à moi d'une voix suave, mais avec un accent chargé des boues limoneuses du Mississipi  : «Dis donc, vieux schnoque, t'as de beaux restes, tu sais ? T'as pas envie de me monter sur ton vieux Targa qui passe son temps rien qu'à feignasser dans sa boîte avec sa plume au nez tordu ? »

Enfer et damnation ! C'était la seconde fois qu'une plume m'adressait la parole ! La première, ç’avait été la LO de mon Crest qui traînait sur mon bureau, et voilà que les choses s'aggravaient, cette aguicheuse me parlait depuis mon écran. Décidément, il était dit que je serai l'homme à l'oreille de qui murmurent les plumes.

Elle poursuivit. « Je ne te coûterai que 25 dollars, 28 avec les frais de port, t'as quand même bien ça au fond de ta poche, non ? J'suis bonne fille, j'suis qu'en acier, mais du bon, de l'us steel 3O ans d'âge, celui avec lequel on fait les caisses d'enfer de chez nous, celles qui t'arrachent le bitume. J'vaux bien ces prétentieuses d'allemandes blondes qui prétendent avoir escaladé le mont blanc mais qu'ont jamais largué les amarres de leur port de Hambourg et ces autres qui portent des noms d'oiseaux avec un bec comme une sacoche, qui bouffent que du poisson mais qui n'existent que dans les zoos. »

La belle commençait à me fatiguer mais son galbe et la longueur de ses jambes me fascinaient. Elle poursuivit : « Et puis je m'em.... ici, j'suis vieille fille depuis plus de trente ans, j'suis vierge et y a jamais aucun micheton qui m'a pris entre ses doigts et encré. J'ai envie qu'on me l'fasse pour que je voie ce que ça m'ferait. Hi hi hi. »
Elle se marrait en plus, la racoleuse ! « Mais j'te préviens, mon joli, j'sors de l'usine moi, j'suis une prolétaire en acier, pas une rombière avec des dents en or. »

Pour la gouaille elle se posait un peu là ! Restait à voir si elle se montrerait aussi ardente au turbin. Bon sang ! Pour un fan de grasses comme moi, la tentation était trop forte. PDZ m'avait fait essayer sa Lamy de 1,5, je savais qu'il existait une Lamy de 1,9 et les oiseaux vantés par JVA faisaient au max 1,5 mm également. Parlons pas des Parallel pens, c’est que des tricheurs, et puis 28 dollars... Ça me faisait à tout casser 21,93 €. A peine plus cher qu'un Lamy et là, j'avais une italique de 2mm ! Tel le capitaine Haddock devant une bouteille de whisky, je n’hésitais plus. Avec ma monstrueuse ricaine, PDZ et JVA pouvaient aller se rhabiller.

« Tope-là ma grande, je t'achète. » Je n'en crus pas mes yeux, de joie, elle me fit le grand écart. Avec ses jambes interminables, on aurait dit Cyd Charisse dans « The Band wagon ». « Eeeehh mec, tu verras, tu ne seras pas déçu ! Ooooh non ! » me sortit-elle avec sa voix de chanteuse de blues. « Oh, lui dis-je, polie, la plume ! Sinon je t'envoie chez BTR pour un petit bain d'El Lawrence ! » Elle la ferma aussitôt. Je payai mon dû. Même pas mal au portecuir comme disait Vian.

Il ne me restait plus qu'à prendre mon mal en patience et attendre. Ma précédente acquisition américaine quoique nippone, un Platinum venant de Floride, avait mis 24 jours et dix Euros de frais de douane à gagner nos cieux gris comme un buvard. J'avais le temps de rêver. Rêver ? Mon œil ! La garce était bien trop pressée de se retrouver entre mes doigts. J’avais passé commande le vendredi soir. Le mercredi matin qui suivit je n'entendis pas le facteur qui sonna pourtant bel et bien deux fois comme toujours. Un avis m’avisait que je ne pouvais retirer mon colis que le lendemain à partir d’onze heure. Je craignais que la poste n'ait mis ma bête en quarantaine parce qu'elle aurait mordu le malheureux ! Je me déplaçai jusqu'au bureau, mais non, délai normal dans ces circonstances. Je réceptionnai le colis des mains de la buraliste sans aucun frais supplémentaire, autre agréable surprise. Au moment où elle déposa la petite boîte oblongue entre mes mains, un soupir d'aise s'en échappa. Je rentrai rapidement, serrant délicatement le petit réceptacle contre moi. Il me semblait sentir de minuscules battements qui s'en échappaient, mais je devais me tromper, ce devait être mon propre coeur impatient de libérer ma belle.

Après de fastidieuses manipulations causées par l'abondance d'adhésif, je la dégageai de la gangue de plastique à bulles dans laquelle elle était enrobée, me sentant l'âme de cette bouche d'aération new-yorkaise qui soulevait la jupe de Marilyn dans « The Seven Year Itch ».
Elle apparut dans toute son opulence pulpeuse. J'exhumai mon vieux Targa de son sépulcre et son capuchon ôté, entrepris de le séparer de sa vieille plume bossue. Mais bon sang, quelle malédiction ! La voilà elle aussi, qui, d'une voix éteinte, émet une ultime protestation.
« Tu vas vraiment délaisser mes 14K pour une va-nu-pieds en acier, simplement parce qu'elle a des longues jambes, des formes opulentes et qu'elle va flatter ton ego en mouillant d’abondance pour te donner une écriture bien grasse de macho ? Tu n'as pas honte ? » J’étais mal. La musique sauvage de l’opéra de Strauss (livret d’Oscar Wilde) retentissait soudain dans ma tête. Etais-je Hérode qui condescendait à décapiter Jean-Baptiste après que Salomé lui ait fait sa danse des sept voiles ? Je ne sus que répondre et refermai rapidement le couvercle sur la malheureuse pour étouffer ses sanglots.

Derechef, j'enfûtais le convertisseur sur la nouvelle venue qui en poussa un petit cri de triomphe et la plongeai dans le flacon de Diamine Prussian blue. Deux ou trois pressions et le plein se fit. Je la ressortis du flacon.
« Tu verras, dit-elle, tu n'auras pas besoin de suivre les recommandations qu'a jointes Teri à son envoi, me laver à l'eau ou à l'eau savonneuse si je ne libère pas mon encre immédiatement. Ne t'en fais pas, je démarrerai au quart de tour, je suis trop contente d'être à ton service, pose-moi sur le papier, je suis impatiente de m'adonner à ce pour quoi j'ai été créée avec amour il y a plus de trente ans par les ouvriers de Fort Madison. Et tu verras, malgré mon âme d’acier je suis souple et c’est avec grâce que je tracerai les lettres sur le papier quel qu'il soit. Je transfigurerai ton écriture comme Crest l'a fait avant moi, mais différemment. J'aurai la voix grave, belle, chaude, de Kathleen Ferrier, avec moi tu auras un autre plaisir d'écrire. »

Mais une fois que je la lançai sur le premier bloc de papier à portée de main, ce furent plutôt les gros traits de contrebasse qui ouvrent la deuxième de Mahler, sa symphonie « Résurrection », que j'avais l'impression d’entendre résonner. Ou alors, vu ses origines, le souffle puissant du ténor de Coltrane attaquant « Alabama », souligné par les roulements sombres des mailloches d'Elvin Jones.

Quoiqu’il en soit, le plaisir était total ! Seule conséquence de son épaisseur de trait, après quelques pages, je constatai qu’elle consommait ses vingt litres au cent tout comme ses homologues automobiles, les Mustang Cobra, Dodge Viper ou Corvette ZR 1. Mais qu'importe ! Avec elle, je pouvais appuyer sur la pédale et arracher le bitume, pardon, le papier, tracer les lignes d’écriture comme on trace au long de ces interminables droites qui traversent le désert du Nouveau-Mexique cher à Tony Hillerman.

Je jubilais. J'étais surpris par sa douceur, sa souplesse. C'était effectivement un plaisir solitaire tout nouveau que je découvrais. Me restait à calmer les sept autres qui, alignées sur la table de travail, râlaient des barres en constatant mon air béat, la nouvelle grosse monstrueuse à la main. Un concert de grommellements s'échappait de dessous les capuchons qui menaçaient de se soulever comme autant de couvercles de casseroles à pression.

« Rassurez-vous, leur dis-je, je compte bien, tel Leibniz dans son harem, revenir régulièrement vers chacune d'entre vous. Maintenant il faut que je me consacre à cette bête pour en faire ma belle et la discipliner à ma main. »
Quelques récriminations se firent bien encore entendre mezzo voce, mais ce que je n'osais leur dire, c'est que si Mahler et Coltrane laissaient planer leurs nappes sonores sur les débuts de ma Targa italique 2 mm, par contraste, c'était aux traits de violons suraigus que Bernard Hermann avait créés pour la célébrissime scène de la douche de Psycho que leur tracé, par contraste, me faisait penser.
Encore une fois, honte sur moi ! Mais qu'importe, des unes aux autres, à usage identique, le plaisir est différent et les sensations variées et je comptai bien ne pas m’en priver.

Par contre ce dont je ne suis toujours pas revenu, c’est que j’écrivais avec un stylo mis au rancart il y a trente ans et que je croyais ne plus jamais sortir de sa retraite forcée. Il s’agissait bel et bien d'une résurrection !

« On n’écrit pas pour embêter les gens. » disait Raymond Queneau. Dès lors, je m’arrête ici et vous laisse admirer ma belle dans toute sa pulpeuse splendeur.


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Face à la vedette du jour, de gauche à droite : Platinum Music, Crest LO, Van Gogh B, Sapporo Music. "Qu'est-ce qu'on lui fait à cette grosse, pour son baptême ?"


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"Bof ! C'est que de l'acier ! Et ça se dit une plume ! Qu'est-ce qui lui prend, à notre patron ?"


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"Ventre à l'air, les filles, sinon je vous crache mon encre !"


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Un plaisir. Que dis-je, non, une jouissance, cette Sheaffer Targa italic 2 mm.


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Echantillonnage comparatif, plumes et encres.


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L'envers du décor.
Modifié en dernier par Loucques le 01 déc. 2012 20:26, modifié 3 fois.
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jva
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par jva »

Quelle épopée !!
Quelle verve !!
Que ce fut haletant.

Bravo pour ton acquisition, cher Loucques. Moi qui allait te montrer une BBB chez Penboard :lol: :lol: . J'attendais ton post et je ne suis pas déçu.

Il n'y a pas à dire : les photos sont du Loucques tout craché ... Je n'arrive toujours pas à te lire !!

Bon, heureusement que tu cites Kathleen, Gustav et Richard. Sinon, j'appelais rapidement la CENSURE pour propos ... comment pourrait-on dire ... très évocateurs à tendance tendancieux :lol: :lol: .
Mais, Dieu que ce fut bon de te lire !

J'y retourne. Je suis sûr que j'ai laissé échapper des trucs.

;)
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par LYTH »

Excellent post Loucques. Merci.
Tu as une belle collec' de grasses dis donc !
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Thomaparis
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Thomaparis »

Oui : il est constant dans ses vices ! ;)

Félicitations pour cet achat, et merci pour ce récit d'une rencontre saisissante. Et on est vraiment saisi, toute l'ambiance y est (sauf peut-être le calendrier Pirelli qui ne fleure pas assez les USA, et le côté "prolo" affiché) : on te donnerait presque l'absolution. Mais non, tu n'as pas affiché de repentir : tu continueras à être tourmenté par le Malin, sous la forme de cette grasse Tentatrice :twisted: :mrgreen:
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Thomaparis »

jva a écrit : Je n'arrive toujours pas à te lire !!
J'ai mis du temps aussi avant de reconnaître le début de La Recherche... Mais j'adore les tracés que Loucques nous donne à voir : une variante de l'expressionnisme abstrait, sauf que pour les initiés un texte existe, parfaitement clair... ;)
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par o1984 »

Quelle verve, quel enthousiasme ! bravo !

Et en plus, cette photo qui nous emporte dans un autre monde…
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par petitdauphinzele »

Et bien, ça en fera une que je me réjouis de tester lors de nos réunions ! ;)

Quelle aventure, pour un prix tout doux ! :mrgreen:
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par vincent30 »

Récit épique et photos saisissantes, mais je constate avec soulagement que je ne suis pas le seul a n'avoir strictement rien pu décrypter de l'écriture de Loucques sur la présentation du Sheaffer "paint brush XXXL Bi-Turbo 8 L 24 soupapes"
:D :D :D
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Calzature »

Merci , Loucques, de ce beau moment !

Sinon, graecum est, non legitur ?
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Thomaparis »

vincent30 a écrit :Récit épique et photos saisissantes, mais je constate avec soulagement que je ne suis pas le seul a n'avoir strictement rien pu décrypter de l'écriture de Loucques sur la présentation du Sheaffer "paint brush XXXL Bi-Turbo 8 L 24 soupapes"
:D :D :D
bi-turbo, ce n'est pas très américain, tout ça : plutôt V10, 12L, 340ch (le ratio puissance/cylindrée est toujours très bas sur les américaines "traditionnelles", moins maintenant qu'ils copient l'Europe et le "downsizing")
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par dwight »

Excellent Louques, quel merveilleux talent de conteur!
Tu me laisses sans voix :D
Raymond
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par lyrane »

Génial... superbe ! et la première encre c'est quoi ? elle est très belle aussi !
Thomaparis
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Thomaparis »

L'encre verte ? C'est écrit : de la Diamine Woodland green.
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par timanu »

Magnifique revue

ça me donne envie de ressortir quelques grosses mémères et de beurrer quelques cahiers ...
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fuji
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par fuji »

Bravo, excellent récit, plein d'images. Merci !

La voiture qui va avec le stylo ... Un "muscle car" 8-)

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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Loucques »

jva a écrit :Quelle épopée !!
Quelle verve !!
Que ce fut haletant. ;)
Jean-Vincent, tu n’imaginais quand même pas que j’allais rester sans réagir devant vos magnifiques exploits oulipiens à JeanB, Xof et toi-même. D’accord, je ne l’ai pas été vraiment, oulipien, mais je me suis bien amusé et j’espère simplement que cela en aura amusé d’autres. Cette plume fut le prétexte bienvenu.
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Loucques »

Thomaparis a écrit :
jva a écrit : Je n'arrive toujours pas à te lire !!
J'ai mis du temps aussi avant de reconnaître le début de La Recherche... Mais j'adore les tracés que Loucques nous donne à voir : une variante de l'expressionnisme abstrait, sauf que pour les initiés un texte existe, parfaitement clair... ;)
Bien vu. Je me demandais si un membre du forum réagirait.
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Loucques »

petitdauphinzele a écrit :Et bien, ça en fera une que je me réjouis de tester lors de nos réunions ! ;)

Quelle aventure, pour un prix tout doux ! :mrgreen:
Et moi je me réjouis déjà de l’amener.

C’est vrai que le coût modeste de cette plume, ajouté au fait que ce Targa que je n’imaginais même plus utiliser un jour gisait dans une boîte abandonné depuis trente ans, m’a fait ressentir la rencontre entre ces deux éléments comme tout à fait extraordinaire.

Le constat du plaisir fantasmé (puisque je pensais ne jamais le trouver) que cette plume me procurait, était accru du fait qu’il avait été rendu possible par un stylo que j’avais conservé par miracle, voire par oubli de son existence. En effet, au fil du temps, j’ai stupidement jeté ou négligemment abandonné des objets dont j’ai, ultérieurement, amèrement regretté la disparition. Et la satisfaction que j’ai éprouvée dès mes premières lignes avec cette « italic broad » était extraordinaire parce que c’était le type même d’écriture que je recherchais.

Je jubilais donc littéralement en me servant de ce stylo dans la mesure où il combinait cette alchimie : le Targa conservé et exhumé, la plume dénichée dans le NOS de Teri Morris, et l’accouplement des deux qui vient concrétiser la quête d’un plaisir tordu qui se niche dans le rendu des nuances de l’encre par l’épaisseur du trait et la générosité du débit via la souplesse de la plume.

La modestie du coût amplifie ce plaisir non pas par satisfaction d’une avarice quelconque, mais simplement parce que la modestie de mes moyens ne m’aurait jamais permis d’arriver au même plaisir si je n’avais gardé ce vieux Sheaffer et si je n’avais découvert cette plume en vente à un prix on ne peut plus accessible.

Ce qui démontre que le plaisir du calamophile n’est pas indissolublement lié à la quantité d’argent dépensé et que les plus grands bonheurs peuvent être la conjonction d’éléments surprenants et inattendus qui vous tombent dessus sans crier gare.

Un concours de circonstance vous offre, au détour du chemin, ce que vous cherchiez confusément mais ne pensiez jamais trouver ou ce que vous ne cherchiez pas parce que vous ne saviez même pas que cela pouvait exister. Vous restez alors stupéfait par ce concours de circonstance qui vous procure un plaisir rare, un véritable cadeau du hasard.

De là ce sentiment jubilatoire qui a provoqué chez moi l’impulsion d’écrire cette petite histoire.

Maintenant, en lisant ces lignes, des visiteurs qui passent par ce forum doivent se dire qu’il sévit ici des gens complètement fous.
Modifié en dernier par Loucques le 03 mai 2012 21:16, modifié 1 fois.
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Loucques »

Calzature a écrit :Sinon, graecum est, non legitur ?
Mis à part « Delenda Carthago » et « Quo usque tandem, Catilina, abutere patientia nostra », cela fait 49 ans que j’ai perdu mon latin.
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Re: Comment, avec plaisir, j'ai succombé à une sacrée racole

Message par Loucques »

lyrane a écrit :Génial... superbe ! et la première encre c'est quoi ? elle est très belle aussi !
Les encres et les plumes respectives sont spécifiées en bas des textes. L’écriture les rend peut-être difficiles à déchiffrer. Soit de haut en bas : Diamine Woodland green effectivement, Diamine Prussian blue, Diamine Steel blue, Diamine Chocolate brown et à nouveau Diamine Prussian blue. Vous l'aurez compris, je suis dans un période d'essai Diamine.
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