www.stylo-plume.org

A demain !!

Lettre à un ami allemand,

Mon bel ami, vous dirais-je que vous n’êtes pas le premier ?
Ma mémoire ne va jusqu’à se souvenir de vos prédécesseurs, car il en fût, c’est certain.
Non, ne soyez ni jaloux ni offusquez. Comment voulez vous qu’il y ait pu y avoir une rencontre entre nous dès mes débuts ? Même si vous êtes classique, vous êtes précieux et ce n’est pas avec un ami tel que vous que peut se faire l’apprentissage de la noble tâche à laquelle vous êtes dévoué.
Ne soyez pas triste et soyez assuré que c’est vous qui m’avez fait redécouvrir le plaisir d’user de vos talents, il y a plus de vingt ans de cela.

Oserais-je vous dire que j’ai oublié les exactes circonstances de notre rencontre ?
Et que finalement après tant d’années, je ne sais que peu de chose de vous, pas même votre âge. Vous m’avez donné quelques indications qui me semblent pour certaines se contredire un peu. Je me permets de vous les rappeler pour vous incitez à m’en dire plus.

Vous cachez sous votre corps noir, un filetage du piston en plastique noir.
Sur votre bague, votre identité nominative est complète.
Sur votre belle et longue plume unicolore de ce bel or jaune est gravée «18 C ». Je sais que vous avez fait des efforts pour vos amis français, mais jusqu’à quand ?
Votre conduit pour lequel vous me permettrez d’user du vocable anglais pour ne pas commettre une traduction hasardeuse est en « split ebonite ».

Tout ceci porterait à croire que vous êtes des années 80.

Pourtant, vous exhibez déjà fièrement sur l’attache de votre agrafe, ce que je comprends, le nom de votre pays réunifié, sans toutefois vous identifiez avec un numéro.
Quand, la grande maison dont vous êtes issu a t-elle optée pour « Germany ». Dès l’automne 1989, où a-t-elle attendue l’officialisation du 3 octobre 1990 ?

Je sais vous avoir délaissé depuis que par vous, j’ai repris goûts à vos condisciples. Sachez qu’à ces premiers amours, l’on revient toujours mais reconnaissez que vous auriez besoin d’un séjour en maison de soins pour être de nouveau pleinement agréable.

Non, je vous prie, ne me snobez donc pas avec votre étoile blanche qui vous distincte de vos semblables, des amis, je vous ai donné. Certes, ils ne sont pas tous de la même famille, quelques uns quand même dont le majestueux Czar qui se serre contre vous dans la chaude maison de bois que je vous ai offerte. Vous savez pourtant combien, j’aimerais m’offrir un bouquet d’étoiles.

Si vous n’aviez pas si haute opinion de vous-même, vous seriez plus accessible et nous nous fréquenterions plus. Vous savez que ce n’est pas pour votre étoile blanche que je vous aime. C’est une indéniable et incompréhensible attirance pour la langue de Goethe dont malheureusement je n’use pas, pour votre pays et son histoire, que vous représentez dignement à travers le monde. Et n’oubliez pas que j’ai une affection particulière pour votre nom « Meisterstück » à la consonance si allemande.

D’avoir été mon seul ami pendant tant d’années, vous avez partagé avec moi beaucoup de grands moments. Vous avez été le témoin et le confident de beaucoup de mes pensées, le messager de mes correspondances. Votre plume a reçu mes secrets, elle a quelques fois chanté les mots, d’autres fois elle les a pleuré. Ainsi, même si nos chemins se séparent souvent depuis quelques années, notre vie commune est irremplaçable.

Permettez que je joigne à cette lettre quelques photos de notre amitié.

Me répondrez-vous pour qu’enfin, je connaisse votre âge ? Et me dire si les images vous ont fait plaisir ?

Espérant, n’avoir pas été ni trop longue, ni trop ennuyeuse,

Libelle, une amie française

Mon premier stylo était un Swallow pour lequel je n'ai jamais trouvé de documentation. Il paraît que ce serait un Swan d'une qualité inférieure ce qui expliquerait peut-être que le piston soit bloqué depuis quelques années. Son frère jumeau qu'un collègue collectionneur m'avait offert en remplacement est mort lui aussi de la même maladie quelques années plus tard.



Il n'empêche que je reste nostalgique de ce merveilleux stylo que mon père m'avait offert vers l'âge de 9/10 ans. Sa plume est un alyzé de douceur, un océan de souplesse avec un débit hors du commun, ce qui en fait un instrument de calligraphie incomparable malgré sa petite taille.



Si vous aviez par hasard de la documentation et notamment une méthode pour ouvrir et réparer ce stylo, je suis preneur.
Vous comprendrez aisément qu'un premier stylo laisse des traces, des impressions, des sentiments et j'y tiens moi à ce petit stylo !




Bon dimanche

@ Libelle: Quelle jolie ode à votre compagnon de vos premiers jours qui rime pour maintenant avec toujours...
Cette description si intime et je dirai féminine m'invite à le regarder plus attentivement, sait-on jamais, peut être existe t-il aussi une étoile qui brille pour moi?
@Al : Qu'importe la qualité dite "inferieure" j'adore la couleur .
Ne faisant pas partie du sujet du dimanche je n'occuperai donc pas plus de place .
Je souhaite un bon dimanche à tous les lecteurs et lectrices de ce post.

Nous étions dans les années précédant mai 68.
Petite écolière timide d'une école primaire de campagne, je faisais partie des heureuses élues qui entraient en sixième au "CEG" du chef-lieu de canton. Nos "maîtres", hommes sévères respectés pour leur autorité - j'étais habituée à une institutrice d'une classe à plusieurs niveaux - et leur savoir, demandaient que nous écrivions au stylo-plume, et non au stylo-bille qui était venu remplacer les plumes sergent major.
Je confiai la somme que m'avait remise ma mère, (qui avait dû d'ailleurs faire un trou sérieux dans son budget) à une externe afin qu'elle allât m'acheter l'objet requis dans l'unique librairie de la ville. Elle revint avec un modeste stylo noir à plume capotée et une boîte de cartouches de la même couleur. Oui, nous devions écrire en noir, le bleu étant le privilège des professeurs qui corrigeaient ainsi nos devoirs. C'était ainsi, nul ne pensait à discuter cette exigence.
Quel est le nom de ce modeste stylo Waterman, je pense, que je crois vaguement reconnaître en parcourant les photos de Damien ?
Toujours est-il que je découvris grâce à lui les délices de la plume et les déboires qui allaient avec à l'époque ; je me rappelle mes doigts tachés d'encre, car il fuyait en fin de cartouche. J'appris aussi qu'une plume peut se casser, et que chacune a son identité propre. Le remplaçant, du même modèle, me déçut : ce n'était pas "ma" plume.
Ce fut alors le début d'une quête qui m'amena, au bout de quelques déceptions Waterman et Parker, vers un Sheaffer Imperial noir. Il me fallut auparavant gagner ma vie pour me l'offrir. J'avais trouvé... ou tout du moins je le croyais. Quelques décennies plus tard, cette quête dure encore et je n'écris jamais en noir, pour moi couleur de l'autorité et de la sévérité.
P.S. Waterman ou Parker, j'hésite...

Mon tout premier est un Parker 45, offert par l'association des parents d'élèves de mon école, je devais avoir 7 ou 8 ans.
Un cadeau de St Nicolas, gravé à mes initiales.



Au niveau des plumes capotées, voici quelques Parker :



Un P21, 2 P51 et 2 P61. J'adore le look du 61, le gris est la dernière version à cartouche, Parker ayant laissé tomber le remplissage par capillarité.

Le succès du 51 fut tellement grand, que les concurrents sortirent à leur tour des plumes de ce type.



1 Mercury (made in Belgium), 1 Monte Rosa ( sous marque de Montblanc), un Hero moderne (copie du 51 ), 2 inconnus et un VIS fabriqué en Italie.

Montblanc lui même y passera avec la gamme des 22 et 24 :


Ici on peut voir le 22, le 24 est dans son bain.

Pour les ébonites, voici 2 modèles :

Un anglais plume semi-flexible, un bulb-filler, original la version simplifiée du vacuumatic de Parker en quelque sorte.



Et ici en compagnie d'un vintage "GéBé" qui est un délice avec sa plume ultra-flexible.

On rappellera quelques infos sur l'ébonite:

Charles Goodyear obtint l'ébonite en 1839 en soumettant le caoutchouc naturel à un processus prolongé de vulcanisation à chaud.
Sa couleur proche de celle de l'ébène est à l'origine de son nom.
Nelson Goodyear (son frère) la fait breveter et la commercialise dés 1851.
Le caoutchouc est vulcanisé avec un taux de soufre situé entre 20 et 40 %. Il se forme un solide noir, dur et cassant ( d'où la relative fragilité des stylos en ébonite: attention aux chutes !).
Les applications inductrielles sont nombreuses, notamment:
Isolants électriques
Tuyaux de pipe
Becs d'instruments de musique
Disques 78 tours antérieurs à l'utilisation des disques vinyles
Stylos
Boules de bowling

Les stylos étaient tous en ébonite, depuis 1883, date des premiers Waterman's jusqu'en 1923, quand Sheaffer's utilise des matières plastiques.
A la fin des années 30, la matière n'est plus utilisée, et il faut attendre les années 90 et la vague "rétro" pour voir des fabricants lancer des stylos en ébonite (Stipula, Delta, Bexley, Oldwin, notamment)
A noter que les conduits de qualité sont également en ébonite.

Voici quelques uns de mes stylos en ébonite:

Ingersoll


Atlantica safety géant, et Waterman #12, antérieur à l' apparition du logo du globe "IDEAL"


Waterman's #12, Waterman's #22, taper cap, et stylo sans marque, avec un beau chasing


Et l'un de mes stylos en ébonite préféré, Wahl decoband senior, en ébonite dite" rosewood"

libelle a écrit :Oserais-je vous dire que j’ai oublié les exactes circonstances de notre rencontre ?
Et que finalement après tant d’années, je ne sais que peu de chose de vous, pas même votre âge.

Je pense, contrairement à ce que dit ma photo, que ce beau et bon 146 est fait de pièces d'époques variées...C'est plus fréquent que l'on pense, sauf bien entendu si le stylo a été acheté neuf en magasin...!!! Auquel cas, je donne ma langue au chat ! Cela étant, l'essentiel est qu'il écrive bien, non ?

Où êtes vous tous ? Pas de stylo à plume capotée ? Pas de stylo en ébonite ? , Soit, mais, bon ! Un premier stylo, vous devriez pouvoir nous en parler, à défaut de le montrer, non ?
Allons, un petit effort !

AD71 a écrit : Quelques décennies plus tard, cette quête dure encore et je n'écris jamais en noir, pour moi couleur de l'autorité et de la sévérité.

Et puis le noir, comme l'autorité, ça obstrue les conduits !

(Sans internet ce we, je poste un peu tard)

Voici un petit stylo tout simple : un Waterman Facettes «torsadées», made in France.
Il a du être fabriqué au début des années 1970. Je l’ai acheté entre 1970 et 1975 et il a accompagné une partie de mes années de lycée.
C’est un stylo très léger.








Voici le logo d’alors de la marque

Ce petit Waterman, o1984, me rappelle des souvenirs. Année 1975, un copain d'école en possèdait un, à plume m si je me souviens bien. Un type brillant que j'ai perdu de vue, littéraire en diable qui lisait Marx et Proudhon en seconde. Avec cet engin, il pondait des dissertations de je ne sais combien de pages écrites de n'importe où. Le stylo le suivait partout, les doigts toujours tachés d'encre parce que l'engin était généreux de son encre. Jusqu'à ce que la drogue le fasse plonger dans l'absentéisme comme un météore qui brille trés fort et disparait dans la nuit. Je n'ai jamais su où l'un et l'autre ont fini...

Je n'ai pas d'APN donc pour les photos, ça va être difficile mais de plumes capotées, oui je pourrais parler de ce Waterman flash noir que mon père m'avait filé et que j'ai toujours. Une pointe douce entre F et M. Je n'avais pas le droit de l'emmener avec moi. Il me servait donc pour les devoirs à rendre le lendemain.
Il y a quelques années, je l'ai réencré pour voir... et, bin j'ai été déçu, la plume est douce certes mais épaisse et trop "wet" pour mon écriture. Comme quoi la mémoire embellit et fait briller les souvenirs qui constellent notre vécu...

Merci pour les photos.
J'avais le même décor extérieur de stytlo mais avec une plume normale.
Je l'ai perdu. J'en ai acheté un à Damien qui l'avait dans ses réserves.
Aux yeux de mes enfants, ce sera un peu "le premier stylo de Papa" (pour peu que cela les intéresse ... ça, 'faut voir ... ).

J'ai appris à écrire avec un porte-plume; puis en 4e j'ai découvert les stypen en plastique. Tous les élèves en avaient un au collège (ou presque). Le mien étaient de couleur beige avec des veinures blanches - café au lait du plus bel effet. Il ne m'a pas laissé de bons souvenirs, c'est l'année que j'ai redoublé et il avait une fâcheuse tendance à fuir dans la trousse. Il y a une dizaine d'année, j'ai renoué avec le stylo plume. J'ai acheté un parker sonnet en laque vison noire et or moucheté (http://morastylos.com/catalog/product/g ... mage/1596/)
Cela a été une révélation. Sa plume fine, ses reflets chatoyants me plaisaient beaucoup. Aujourd'hui, en dépit des acquisitions ultérieurs, il reste un de mes préférés.
A Libelle, j'ai beaucoup apprécié cette lettre au MB
Patrick

JeanB a écrit :

libelle a écrit :Oserais-je vous dire que j’ai oublié les exactes circonstances de notre rencontre ?
Et que finalement après tant d’années, je ne sais que peu de chose de vous, pas même votre âge.

Je pense, contrairement à ce que dit ma photo, que ce beau et bon 146 est fait de pièces d'époques variées...C'est plus fréquent que l'on pense, sauf bien entendu si le stylo a été acheté neuf en magasin...!!! Auquel cas, je donne ma langue au chat ! Cela étant, l'essentiel est qu'il écrive bien, non ?

Enfin un vrai clavier pour écrire et une connexion pour voir vos photos
Ainsi donc avec deux jours de retards, je peux m’émerveiller à lire les souvenirs des uns, voir les splendeurs des autres, apprendre sur l’Ebonite et répondre.

o1984 a écrit :Voici le logo d’alors de la marque

Ce logo me rappelle effectivement ce qui fut probablement mon premier stylo-plume : une belle cochonnerie.
C'était un Waterman métallisé tout argenté, qui fuyait et dont la métallisation laissait sur les doigts de jolies paillettes. Au bout d'un moment, la résine précieuse Waterman apparaissait, d'une coueur jaunasse translucide. Ma trousse, en plastique véritable doublé de tissu synthétique, en a gardé de grandes auréoles bleues inaltérables.

Son seul intérêt était d'avoir une encre effaçable avec les feutres effaceurs.

Mais avec l'avènement du correcteur blanc Typpex, je me suis empressé de retourner au bon vieux stylo bille Bic, puis au roller.

Ce n'est qu'il y a moins d'un an, qu'en cherchant de beaux stylos à billes, je me suis décidé à me mettre à la plume. Ma femme m'a alors offert (sur mes conseils issus du présent forum) un Sailor Sapporo, plume EF.
Ce dernier serait donc véritablement mon "premier" stylo-plume !

Sinon, après la faculté et les rollers, j'ai utilisé ceci :



pour lequel un collègue m'a donné l'astuce pour le remplir éternellement. Ce n'est pas dangereux, potentiellement catastrophique pour l'esthétique ...
Mais ne comptez pas sur moi pour vous le dire.

Et écrire avec n'était pas si mal ...

J'en ai un qui a tenu trois ans. L'agrafe plastique n'a pas résisté au temps. La plume si ...

JeanB a écrit :On rappellera quelques infos sur l'ébonite:

Charles Goodyear obtint l'ébonite en 1839 en soumettant le caoutchouc naturel à un processus prolongé de vulcanisation à chaud.
Sa couleur proche de celle de l'ébène est à l'origine de son nom.
Nelson Goodyear (son frère) la fait breveter et la commercialise dés 1851.
Le caoutchouc est vulcanisé avec un taux de soufre situé entre 20 et 40 %. Il se forme un solide noir, dur et cassant ( d'où la relative fragilité des stylos en ébonite: attention aux chutes !).
Les applications inductrielles sont nombreuses, notamment:
Isolants électriques
Tuyaux de pipe
Becs d'instruments de musique
Disques 78 tours antérieurs à l'utilisation des disques vinyles
Stylos
Boules de bowling

Les stylos étaient tous en ébonite, depuis 1883, date des premiers Waterman's jusqu'en 1923, quand Sheaffer's utilise des matières plastiques.
A la fin des années 30, la matière n'est plus utilisée, et il faut attendre les années 90 et la vague "rétro" pour voir des fabricants lancer des stylos en ébonite (Stipula, Delta, Bexley, Oldwin, notamment)
A noter que les conduits de qualité sont également en ébonite.

Votre sujet sur l'ébonite m'interpelle. Voici des images de fabrication de l'ébonite par une petite entreprise européenne à partir du latex et du soufre. Elle est mon fournisseur. Matière naturelle, l'ébonite fait partie des matériaux que j'utilise de même que la galalithe et le bois. J'espère bien d'ailleurs pouvoir proposer prochainement des modèles en galalithe de couleur ( provenance France )et je suis sur la piste de celluloid européen

https://picasaweb.google.com/1165865985 ... HardRubber#

Avec ces barres brutes, voici un exemple de ce que je réalise:
le stylo avant finition:


le stylo terminé:


bonne visite

Il manquait au moins une contribution, la vôtre Fred car non seulement vos stylos sont en ébonites, pour ne parler que de ceux là, mais vous en êtes l’artisan, le créateur.

Assez peu de stylos contemporains sont en cette noble matière naturelle, quand une marque française existe, il faut absolument la mettre en avant. D’autant plus que vous proposez Le Pétrarque en au moins 13 différentes variations d’ébonite : ébonite noire ou en ébonite unie sable, rouge, violette, bleue, verte, orange et en ébonite gerbée rouge, orange, bleu denim, jaguar, jaune, miel.

Fred a écrit : bonne visite

La visite virtuelle est passionnante avec toutes les étapes du latex aux tubes d’ébonites. Il ne manque que la forêt d’Hévéa