www.stylo-plume.org

Afin de ne pas polluer le beau fil où Noon présente ses essais de couleur, je prolonge ici le petit échange à propos de Balzac.

Il y a maintenant 3 ou 4 ans, j’ai entamé la relecture de la Comédie humaine, qui m’avait bien occupée durant plusieurs années à partir mon adolescence. « Mémoires de deux jeunes mariées » a été l’un des premiers romans relus. J’ai retrouvé intact un des éléments de ce qui fait pour moi le charme et l’intérêt de Balzac, à savoir ses descriptions (et j’ai bien conscience que cela rend cet auteur très pénible à beaucoup !)

Dès le début du roman, une phrase. Je la lis, je la relis, j’en chialerais presque. Je retrouve le mot « ponceau », que je n’avais plus jamais lu depuis, pffff, on va dire 35 ans.

« J’ai fait quelques rangements chez moi, j’ai mis sur le velours ponceau de la belle table tout ce qu’il me fallait pour t’écrire en songeant à ma nouvelle position. »

Ponceau ... rouge foncé, mais vif ...


Alors je me suis dis que si je devais avoir une encre rouge, moi qui n’écris – pour le moment – jamais en rouge, ce serait une encre ponceau.
Pouvez-vous me dire quelles encres rouges pourraient être qualifiées de « ponceau » ?

Voici les repères tels que donnés sur le site Encycolorpedia
https://encycolorpedia.fr/c60800

Merci pour vos propositions !

Question intéressante !
Je suis partie du nuancier de GouletPen et j'ai trouvé trois encres qui, selon moi, s'en approchent :
- 3 Oysters Delicious Chilli Red,
- Diamine Matador,
- Noodler's Cardinal Kestrel.

edit : sur le nuancier de Plum73, je trouve que la Diamine Red Dragon, la Waterman rouge s'en rapprochent aussi.

edit n°2 : ajout du lien vers le site de Plum73.

Jolie mémoire, jolie couleur; j'ai pensé immediatement au Diamine Poppy Red, et justement ponceau c'est un nom du coquelicot... Sauf que j'obtiens cette teinte un peu plus foncée avec un stylo qui évapore un peu, comme actuellement un Muji F. C'est à dire qu'avec un stylo fraîchement encré on obtiens une tenite plus claire, comme ici:

L'Iroshizuku Bishamonten, dans les éditions du 100ème anniversaire, s'en rapproche aussi : j'essaierai de refaire un essai, elle semble plus rose qu'elle n'est sur cette photo au téléphone.

Belle recherche.

J'ai reçu autrefois un échantillon de Matador qui me semble assez proche de la requête en effet. Arlepo doit la fournir pour tester.

Je me réjouis de découvrir ce matin en lisant ce sujet que loin de déplaire, les descriptions de Balzac peuvent continuer de fasciner d'autres lecteurs que moi . J'ai eu la chance que mes professeurs de français ne le fassent pas étudier aux classes dont je faisais partie, si bien que c'est vraiment à l'état totalement libre que je l'ai découvert en lisant La rabouilleuse - connu aussi sous le titre Un ménage de garçons - dans une vielle édition appartenant à ma grand-mère et je me souviens notamment que les descriptions du mobilier d'un des personnages éveillaient en moi des sensations profondes : je voyais la couleur du bois des tables et des vaisseliers, sentait les parfums de la cire. Depuis, j'ai lu ce roman plusieurs fois consécutives et la plus grande partie de la Comédie humaine. Je songe aussi à la description de la flore des toits de Paris, qui est un véritable poème en prose, au début de La peau de chagrin, quand Raphael, son héros, est encore un jeune homme pauvre vivant dans un galetas, à l'évocation des rivages de Bretagne dans Béatrix. Balzac est une des expériences les plus profondes et le plus heureuses de ma vie de lecteur.

Mais, excusez-moi de me laisser aller à cette évocation d'une de mes passion ! Je reviens à l'objet de cette conversation : la fameuse couleur "ponceau" - curieusement, Mémoires de deux jeunes mariées, fait partie des oeuvres de Balzac que je n'ai pas lues, ou plus exactement, que je l'ai commencée, mais pour une raison que j'ai oubliée, laissée inachevée dans le volume I de la Pléiade. Il me semble que Hobiecat a raison : dans la gamme des Iroshizuku, le Benzeiten 100ème anniversaire me paraît un candidat sérieux. Je ne sais malheureusement pas charger de photos sur ce forum - quelqu'un pourrait-il me l'expliquer ? - sans quoi je ferais un essai de cette couleur pour vous la montrer à mon tour. Quant au Bishamonten, je n'en dispose pas encore et aimerais bien l'essayer.

Pour moi Benzaiten ne conviendra pas : c'est plus un vieux rose qu'un rouge, donc cette couleur ne correspond pas à la demande initiale de Misko à mon avis.

Pour insérer les photos:
viewtopic.php?f=4&t=2161

C'est possible, je vais faire un essai pour le vérifier car à vrai dire j'ai un flacon de cette tonalité mais je ne l'ai pas encore testé. Sinon, en regardant le nuancier de Plus 73, j'ai vu plusieurs rouges qui pourraient convenir dont le waterman.

@ Neko : en plus du lien fourni par Psyann, tu trouveras une liste actualisée des hébergeurs d'image en fonction sur ce topic.

Heureuse de découvrir votre intérêt et vos réponses !

Neko1962 a écrit : ↑20 oct. 2019 08:11 Je me réjouis de découvrir ce matin en lisant ce sujet que loin de déplaire, les descriptions de Balzac peuvent continuer de fasciner d'autres lecteurs que moi

Neko, merci pour ton message. A l’occasion, reprends la lecture de Mémoires de deux jeunes mariées. C’est une pépite, en plus d’être l’unique roman épistolaire de la Comédie humaine (genre que j’affectionne par ailleurs). Quand je l’avais lu pour la première fois, j’avais été intriguée par certaines évocations, relatives à la maternité. J’avais ensuite découvert que ces passages étaient la réutilisation de la correspondance avec son amie Zulma Carraud !

Hobiecat a écrit : ↑20 oct. 2019 09:10 Pour moi Benzaiten ne conviendra pas : c'est plus un vieux rose qu'un rouge, donc cette couleur ne correspond pas à la demande initiale de Misko à mon avis.

Avant d’aller chercher une quelconque quotation dans les rouges, dans ma perception intime des couleurs, ponceau correspond à un rouge coquelicot mort fané, quand le rouge s’assourdit. Poppy Red est bien trop pimpant à mon sens ! (Ah ! les Poppys, le boy’s band de quand j’étais en CE1...)

J’avais trouvé 6 rouges dans les tests de Plum qui tendaient, pour moi, vers le ponceau. Mais quand on compare certaines avec les visuels des sites marchands, on a encore une autre tonalité ...
Dans l’absolu, au terme de ma recherche*, c’est une encre que je dois pouvoir me procurer pour réellement écrire avec.
Je vous soumettrai ma première sélection, mais là, dans l’immédiat, j’ai –littéralement– quelque chose sur le feu !

* Hihi ! La Recherche de l’Absolu,1834

Dans le genre encre rouge assez facile à trouver, pas chère, et rouge pur sans nuances d'orange ou de rose, je recommande la Sheaffer Skrip Red. Comme toutes les encres classiques des fabricants historiques, elles est assez polyvalente (ni trop fluide, ni trop sèche, et utilisable sur la plupart des papiers) et facile d'entretien. Pour moi ça reste la référence dans les rouges. J'utilise des rouges plus foncés pour la belle écriture, des plus orangés et voyants pour des corrections, mais la Skrip reste la plus pure. Le rouge est vif sans être criard, et plus ou moins foncé selon le débit d'encre. Les photos et scans donnent toujours des résultats variables, donc rien ne vaut un essai en vrai. Petit bémol de l'écriture en rouge: les encres rouges sont toujours plus récalcitrantes au nettoyage que les autres couleurs.

Edit: je trouve que cette revue montre bien comme la couleur devient plus foncée quand le débit augmente, par exemple avec une plume flexible. http://inklode.com/ink/sheaffer-skrip-red/

Merci à Psyann et Shimaree des liens vers les sites d'hébergement de photos pour pouvoir faire mes essais de rouge et voir si celui-ci convient à l'idée de rouge ponceau dont Misko précise qu'il évoque pour elle la tonalité du coquelicot fané voire mort. Je le ferai je pense demain dans un moment tranquille du tout début de matinée.

En réponse à Misko, je vais suivre ton conseil et reprendre ma lecture interrompue il y a longtemps des Mémoires de deux jeunes mariées. cela tombe bien, je viens de terminer de lire un court roman de Yoko Ogawa et après une assez longue période consacrée à cet auteur et d'autres écrivains japonais contemporains ou de la génération de 1945, je me demandais quel livre choisir en ce moment ! Eh bien le problème est résolu ! Je recommence ce soir !

Le rouge Hématite de Herbin me paraît correspondre exactement au ponceau.

Monty a écrit : ↑20 oct. 2019 18:08 Le rouge Hématite de Herbin me paraît correspondre exactement au ponceau.

Plus les paillettes! Mais c'est vrai qu'on peut les laisser décanter.

Hobiecat avait raison : le rouge Benzaiten d'Iroshizuku n'a rien à voir avec le rouge ponceau. C'est effectivement une sorte de rose, comme j'ai pu le vérifier ce matin en en faisant un essai - du coup, il va me falloir chercher un rouge plus soutenu de type feuilles d'érable dans la même marque !

Je vous propose Monaco Red de Diamine qui est l'un de mes rouges foncés préférés...

Version : "sec ou humide" (temps gris : d'ordinaire, c'est une couleur plus éclatante)


Celle ci est plus proche (sur internet )

Pas facile comme recherche ... ce rouge me semble être un vermillon foncé, c'est-à-dire un rouge qui ne tire ni sur le rose, ni sur l'orange ... ce qui n'est pas courant dans les encres du moins (en aquarelle, je vois parfaitement à quoi ça correspond).
Diamine propose une palette assez vaste de rouge, et le Monaco Red me semble en effet un bon choix. Après, ça dépend de la plume choisie, plus elle sera fine, moins le rouge sera foncé.

Tout à fait, noon. Tu penses à quelle couleur en aquarelle ? Rouge de Venise ?
Monaco red c'est à mon avis proche du fameux "rouge Hermès" . Mais cela dépend aussi du papier.
Sur ma photo, c'est un morceau de bristol et la couleur paraît plus terne

grindsel a écrit : ↑21 oct. 2019 11:55 Tout à fait, noon. Tu penses à quelle couleur en aquarelle ? Rouge de Venise ?
Monaco red c'est à mon avis proche du fameux "rouge Hermès" . Mais cela dépend aussi du papier.
Sur ma photo, c'est un morceau de bristol et la couleur paraît plus terne

[Hors sujet ON]
Surtout pas le rouge de venise, qui fait partie des bruns.
Non, je pense plutôt aux rouge dit permanents, qui sont assez intenses.
Il y a un beau et vrai vermillon chez Rembrandt, mais il est assez doux (ce qui en soit est normal pour un vermillion).



[Hors sujet OFF]