www.stylo-plume.org

La question a sans doute déjà été posée. J'ai pu trouver ici ou là quelques bribes de réponses, mais rien de précis, et je m'interroge au milieu de tous les passionnés que vous êtes :
Pour quelle raison préférez-vous le stylo à plume à tout autre instrument d'écriture ?
J'aimerais beaucoup connaître vos motivations.
Merci d'avance !

En parodiant Montaigne - La Boétie : "parce que ce sont elles, parce que c'est moi".

Trève de plaisanterie et restons sérieux ...
La marteau et le burin sur la pierre sont peu adaptés à notre monde moderne.
Je ne sais pas dessiner.
Peu de stylos-bille écrivent bien. Beaucoup me font mal à la main.
J'ai beaucoup écrit aussi au roller. Mais, à la fin, l'écriture avec un bille ou un roller est monotone.

La vie m'a appris à développer mes sens (comme chacun d'entre nous). L'écriture à la plume permet d'en toucher plus d'un : la vue (le stylo lui-même, l'écoulement toujours différent de l'encre sur les divers papiers, la couleur de l'encre et ses variations en fonction de la largeur du trait, du papier, etc ...), le toucher (celui du corps du stylo -ébonite, laque, celluloïd ...-, celui du papier, celui de la plume qui glisse ou gratte sur le papier), l'ouïe (celle de la plume sur le papier, écoulement du temps passé à écrire mais qui laisse une trace écrite), l'odorat (certaines encres sentent vraiment mauvais, il faut le reconnaître) et, évidemment, le goût (non de l'encre, mais du petit cognac que l'on peut se servir pour une belle séance d'écriture, ou une bière, un repas lors des rencontres entre passionnés).

L'écriture est variée, toujours nouvelle, chantante, changeante avec les plumes. La vie s'ouvre. Les plumes anciennes ont quelque chose à dire tout comme les jeunes. C'est quasi-infini.

Bref, pour conclure rapidement (mais on pourrait en parler pendant des heures) : parce que ce sont elles, parce que c'est moi .

jva a écrit : La vie m'a appris à développer mes sens (comme chacun d'entre nous). L'écriture à la plume permet d'en toucher plus d'un : la vue (le stylo lui-même, l'écoulement toujours différent de l'encre sur les divers papiers, la couleur de l'encre et ses variations en fonction de la largeur du trait, du papier, etc ...), le toucher (celui du corps du stylo -ébonite, laque, celluloïd ...-, celui du papier, celui de la plume qui glisse ou gratte sur le papier), l'ouïe (celle de la plume sur le papier, écoulement du temps passé à écrire mais qui laisse une trace écrite), l'odorat (certaines encres sentent vraiment mauvais, il faut le reconnaître) et, évidemment, le goût (non de l'encre, mais du petit cognac que l'on peut se servir pour une belle séance d'écriture, ou une bière, un repas lors des rencontres entre passionnés).

L'écriture est variée, toujours nouvelle, chantante, changeante avec les plumes. La vie s'ouvre. Les plumes anciennes ont quelque chose à dire tout comme les jeunes. C'est quasi-infini.

Un beau développement auquel j'adhère sans réserves.

Je ne peux pas ajouter beaucoup à ce qu'a écrit jva.

Pour ma part je suis revenu au stylo plume parce que j'avais l'impression que cela me rendrait le plaisir d'écrire, et c'est ce qui s'est passé. Aujourd'hui, je ne me vois pas écrire une lettre avec un autre objet d'écriture. Le choix du stylo, de l'encre sont autant d'attentions que l'on donne à son correspondant.

Par exemple, je n'utilise mes Cerfs pour les occasions spéciales et lorsque je sais que j'aurais le temps de me poser, le plaisir d'écrire et partager.

Dans ma jeunesse, pas si lointaine, dans nos premières années d'école primaire et sitôt que nous avons fini l'apprentissage de l'écriture, nos instituteurs nous ont fait abandonner les Bic Orange pour le stylo plume, encre bleue effaçable.

Ce fut pour moi comme une révélation; déjà la plume glisse mieux sur le papier et je trouve que l'écriture s'exprime mieux avec ce genre d'instrument qu'avec une bille ou un roller (même si la mienne laisse à désirer en comparaison de ce que je peux admirer ici).

Voilà déjà pour le "Pourquoi une plume ?".

Maintenant, s'il faudrait expliquer "Pourquoi cette plume plutôt qu'une autre, ou pourquoi tant de plumes" il faudrait déjà que j'entame une thérapie avant de pouvoir répondre

Pourquoi une plume ?
The answer, my friend, is blowin' in the wind
The answer is blowin' in the wind.
Mais pourquoi deux plumes ou plus ? Voilà la question.
En fait, c'est uniquement pour le plaisir de fréquenter ce forum.

Moi ce fut en passant en 6ieme.
Avant c'était soit stylo bille, soit feutre soit roller. Avec surtout la promesse d'avoir une encre effaçable au début. Du coup dans le monde impitoyable du collège c'était un gain de rapidité pour corriger.
Ensuite, en changeant les couleurs d'encre ce n'était plus le même raisonnement. Et puis il y a le côté esthétique et plus flatteur sur une stylo plume. Oui à l'époque je trouvais mes Watermans achetés en papeterie terribles. Enfin écrire au stylo plume il y a un forme de silence, avec les billes et certains rollers comma la point est juste maintenue par un ressort il y a un sempiternel cliquetis.

Je n'ai pas grand chose à ajouter aux propos de JVA.
J'adore la sensation de glisse sur le papier, le chant des plumes (chaque stylo a sa "voix"), le vaste nuancier de couleurs disponibles ...

Pour toutes les raisons exprimées plus haut...
J'ai eu - à ma demande - mon premier stylo sérieux pour ma première communion ! (je ne souhaitais pas de montre - déjà en sympathie avec Alain !).
Et puis, un peu trop d'informatique et de numérique autour de moi

Un souvenir.d'enfance, pardon pour le radotage. En primaire il fallait utiliser le porte plume vraiment traumatisant pour l'élève que j'étais. J'accumulais en effet les pâtés sur le cahier ce qui me valait de nombreuses réprimandes. En CM2 un jeune instituteur nous a autorisé le stylo plume. Ma mere m'acheta un petit Waterman flash. En troisième il fut remplacé par un Parker 45 je crois. Mes tantes m'offrirent pour mes 20 ans un Sheaffer Targa. La passion du stylo plume ne m'a depuis pas quitté. C'est un objet qui m'a accompagné pendant 50 ans et j'espère que cela durera longtemps encore.

Parce que c'est la classe comme une belle paire de chaussure ou une nouvelle bague.
Parce qu'on peut avoir la couleur exacte que l'on cherche.
Parce qu'on peut faire varier l'épaisseur du trait.

Mirifix78 a écrit : Pour quelle raison préférez-vous le stylo à plume à tout autre instrument d'écriture ?
J'aimerais beaucoup connaître vos motivations.
Merci d'avance !

Il conviendrait, me semble-t-il de préciser ta formulation, qui reste ambiguë.
Elle inclut en effet le fait que nous préférions le stylo à plume aux autres instruments d'écriture ... mais qu'en sais-tu ?

Qui te dit que nous ne sommes pas également très actifs sur le forum "jaimetabille.com", où Hobiecat a déjà réalisé plus de 20000 posts rien que sur le processus d'injection du plastique destiné au capuchon des Bic Cristal produits dans l'usine allemande de la marque en 1982 ? Hum ?

Qu'est ce qui te dit, pour parler de mon cas personnel, que je préfère l'élégance, le toucher, la flexibilité d'une plume, l'esthétique, la variété des formes, les gammes de coloris, les matières, les différents types de systèmes de remplissage, ... des stylos plumes au contact froid, quelconque, sans âme, insipide, d'un stylo à bille ? Hum ? ...

Tout a été dit par jva sur le jeu des sens et les sollicitions agréables que la plume apporte, l’enchantement de la variation et parfois de l’inattendu (quoi que des fois )... la trace brillante et humide laissé par l’encre sur le papier me ravit particulièrement la vue... il m’arrive parfois de tracer n’importe quoi, juste pour voir cette tâche sur le papier s’étaler, s’étirer, briller jusqu’à former un motif intelligible (ou pas).

J’ajouterais cependant que l’envie d’ecrire est bien plus fort avec un outil que l’on affectionne et qu’on respecte, l’inspiration et l’envie de bien faire sont différents... un peu comme lire un livre de la pléiade, faire une photo avec un appareil que l’on connaît, etc. (on pourrait trouver des relations similaires pour plein d’autres objets). L’affection et le respect que l’on porte à l’objet joue sur son usage et l’etat d’esprit. Le bic (j’aime bien écrire avec un bic -le crystal-, je ne rechigne pas à écrie avec, notamment cette capacité à forger le papier qui se courbe petit à petit... mais encore une histoire de sens) a une durée de vie trop courte pour tisser un lien affectif contrairement au stylo...

Il y a aussi la variabilité de l’encre, on peut changer de couleur avec un choix incomparable, sans pour autant changer le stylo. C’est un côté pratique qui complète la satisfaction des sens.

Je pourrais aussi évoquer le rituel... la fermeture du stylo, la recharge de l’encre, le premier trait tracé lorsqu’on commence une phrase ou une ligne, etc. Ça parlera sans doute aux amateurs de thé.

Bref, tout cela tourne autour des sens et de l’état émotionnel...

Pour aller dans le même sens: j'aime le bruit du capuchon lorsqu'on le visse sur le corps du stylo.

Il y a certain sujet dont on pourrait faire un roman.
Il est rigoureusement interdit de parcourir un des messages de ce sujet en diagonale.

Merci à tous et toutes pour ces réponses pleines de passion ! Je constate que la relation qui unit l'utilisateur à son stylo est charnelle et qu'elle fait vibrer tous les sens comme l'a si bien écrit jva.
Utiliser une plume, c'est comme faire un bon repas dans un restaurant étoilé. On peut facilement comprendre que vous soyez plus ou moins addicts et en vouliez toujours plus : manger tous les jours du poulet, ça lasse, même si c'est du chapon. Alors, si l'offre est là et qu'on en a les moyens, rien n'est plus voluptueux que de découvrir une nouvelle adresse où l'on pourra se délecter de mets inattendus et délicieux.
Je comprends mieux vos motivations et je trouve ça plutôt intéressant. Moi qui ne m'étais focalisé que sur l'efficacité de l'écriture, plus jolie et confortable à mon sens, que celle d'un stylo bille ou un roller mais moins pratique, je découvre que c'est tout l'ensemble qui vous excite : le voyage est plus important que la destination, comme on dit.

Mirifix78 a écrit :Merci à tous et toutes pour ces réponses pleines de passion ! Je constate que la relation qui unit l'utilisateur à son stylo est charnelle et qu'elle fait vibrer tous les sens comme l'a si bien écrit jva.
Utiliser une plume, c'est comme faire un bon repas dans un restaurant étoilé. On peut facilement comprendre que vous soyez plus ou moins addicts et en vouliez toujours plus : manger tous les jours du poulet, ça lasse, même si c'est du chapon. Alors, si l'offre est là et qu'on en a les moyens, rien n'est plus voluptueux que de découvrir une nouvelle adresse où l'on pourra se délecter de mets inattendus et délicieux.
Je comprends mieux vos motivations et je trouve ça plutôt intéressant. Moi qui ne m'étais focalisé que sur l'efficacité de l'écriture, plus jolie et confortable à mon sens, que celle d'un stylo bille ou un roller mais moins pratique, je découvre que c'est tout l'ensemble qui vous excite : le voyage est plus important que la destination, comme on dit.

Hé, il ne faut pas tout révéler.

Je me suis moi aussi reconnu dans le très beau texte de jva, à une nuance près : moi, l’encre, je la bois.
C’était en 1968, après le cours, mon professeur de CM1, monsieur Renard, m'avait relégué au fond de la salle de classe pendant qu’il s'entretenait avec ma maman.
Je m’ennuyais ferme, et soufflais machinalement dans mon porte-plume vert, cassé à son extrémité, tandis qu'au fond du récipient de porcelaine industrielle, des bulles éclataient à la surface de l’encre.
Vous avez compris : à un moment donné, j’ai eu le réflexe "jus d’orange" et j’ai aspiré au lieu de souffler.
Je n’oublierai jamais le regard navré des deux adultes posé sur mon visage éclaboussé de taches violettes ...
(Je dois admettre que je n’ai pas particulièrement apprécié le goût du sureau.)

Jérôme DELFOSSE a écrit : Vous avez compris : à un moment donné, j’ai eu le réflexe "jus d’orange" et j’ai aspiré au lieu de souffler.
Je n’oublierai jamais le regard navré des deux adultes posé sur mon visage éclaboussé de taches violettes ...