J’ai toujours trouvé que le Man était un beau stylo, un des plus emblématiques de son époque. Il y en a comme ça. Il serait intéressant d'ouvrir un fil là-dessus, les stylos qui ont marqué leur temps. Sa réussite commerciale me paraît aisée à déchiffrer.
En 1983, on est entré dans le pire du pire. Exaltation sans retenue des valeurs du marché, de celles de l’entreprise, débuts du libéralisme sans frein. Le Man arrive à ce moment-là. Stylo à la forme très réussie, pure et nette, sobre et assez discrète pour le modèle originel noir, immédiatement identifiable, qui tire son dessin et celui de certaines de ses variantes (Opéra, Patrician) de la tradition, des origines de la marque et des stylos en général. Un assez gros stylo, assez traditionnel, qui a de la présence tout en restant assez discret. Un nom bien trouvé qui n’est pas anodin. Un gros stylo, un stylo qui marque le pouvoir, mais un pouvoir qui ne serait pas encore trop ostentatoire.
De ce point de vue, l’aboutissement du Man, pour moi, c’est plus tard cet autre stylo que je déteste lui, autre grande réussite de Waterman, l’Edson, avec lequel on a l’impression que toutes les barrières sont tombées. C’est remarquablement dessiné, ça porte le nom du père, un des symboles du capitalisme triomphant, c’est gros toujours, ça clinque et ça brille de tous ses feux, on ne se retient plus à présent, on n’est plus dans le stylo de cadre WASP qui fait de l’argent tranquillement mais sans trop s’afficher. On montre sans retenue qui a le pouvoir (ou en rêve), on s’affiche. On a réussi (ou on aimerait avoir réussi). Autres temps, on est plus en 1983 et les choses ne se sont pas arrangées. Il m’étonne que Séguéla n’ait pas parlé de l’Edson.
Bon. J’aime tout de même vraiment bien le Man depuis longtemps, tout particulièrement l’Opera, à cause de ses racines. Et vous n’êtes pas obligés d’être d’accord avec mes analyses à trois balles à la c...
Jimmy