Pilotnamiki détective privé calamophile!

[pilotnamiki]

Oyez, oyez, bon peuple du forum, j'ose publier ici un véritable OVNI, totalement inédit!

Il s'agit d'une longue enquête totalement foutraque (méchamment barrée même) sur un superbe Pilot laqué...

J'avais publié un post loufoque sur le Nakaya de Mgr JVA le 1er mai dernier (souvenez-vous, les smarties dans la laque ou la plume découpée par un maniaque.) AD71 m'avait gentiment remercié pour cette petite chose bien inoffensive .et bien, grâce à ses sympathiques encouragements, je récidive aujourd'hui, mais puissance 1OOO!

Attention, je me suis totalement lâché pour le texte qui suit, ce qui signifie clairement qu'il fait preuve d'un humour hardcore, dévastateur même par moment.J'insiste, et je ne plaisante pas, ne lisez pas ceci en voiture, sous peine d'un accident mortel ou au boulot sous peine d'un renvoi définitif.

Les personnes cardiaques, asthmatiques, insuffisantes respiratoires et les femmes enceintes doivent absolument éviter sa lecture, ou alors, la fractionner prudemment (ce qui vaut également pour tout le monde.)

J'ai hurlé de rire en le rédigeant et j'ai presque eu honte en le relisant, me demandant comment j'avais osé pondre une monstruosité pareille!

Par avance, pardon à toutes celles et ceux qui seront choqués par certains termes crus et par mon enquête délirante et bonne lecture aux autres !

A oui, dernière chose, je l'ai placé à la rubrique essais car il s'agit d'une forme d'essai (de destruction de vos zygomatiques, surtout!)

[jva]

Wait and see ...
D'où l'intérêt d'être de garde et d'avoir le temps de regarder le forum à des heures indues ...

[pilotnamiki]

Pilotnamiki Private Investigator: les enquêtes stylographiques de Pilotnamiki

Je me morfondais dans mon Chesterfield, les enquêtes se faisaient rares ces derniers temps.

Je revenais de l'empire du soleil levant où j'avais mis à jour une monstrueuse arnaque frappant un honorable chirurgien-ecclésiastique calamophile .Un stylographe d'apparemment grande valeur lui avait été délivré mais mes investigations avaient permis de démontrer sans ambages la culpabilité d'un maître-laqueur nonagénaire frappé d'Alzheimer et grand consommateur d'infâmes sucreries d'origine américaine dont on avait retrouvé des morceaux honteusement collés dans ladite laque. De surcroit, la plume de cet instrument de prix avait subi les assauts répétés et forts choquants d'un dangereux maniaque évadé du plus grand asile psychiatrique de la région.

Je méditais, tirant un peu sur mon cigarillo. Devant moi, mes fidèles Sheaffer Crest et Parker Vacumatic trônaient au milieu de mon bureau évoquant une zone de guerre.

Soudain, ma fidèle assistante pénétra dans mon officine miteuse, j'avais reconnu au loin le claquement sec de ses escarpins sur le parquet. Arborant la mine des mauvais jours elle me dévisagea avec un soupçon de reproche dans le regard. La paye se faisait par trop attendre à son goût, pensais-je, ce qui ne l'avait pas dissuadé de jeter son dévolu sur un nouveau tailleur gris anthracite à la coupe admirablement cintrée mettant en valeur sa taille de guêpe ainsi que ses mollets parés d'une nouvelle paire de bas à couture. Cet ensemble lui allait à ravir.

Elle se dirigea vers son bureau où sa vieille machine à écrire Remington lui tendait les bras pour une nouvelle journée de rude labeur. Elle n'eut pas le temps de poser son séant charnu sur l'assise de son fauteuil qu'un évènement extraordinaire se produisit.

Dans un immense fracas, la porte du hall s'entrouvrit. Un homme, l'air livide, les yeux injectés de sang titubait devant moi. Il semblait frappé d'une immense terreur, tremblant de tout son être Il me fixa longuement, semblant m'adresser une supplique silencieuse puis il s'effondra soudainement et heurta violemment le sol. Nous décidâmes, mon assistante et moi de l'allonger immédiatement sur la banquette.

L'inconnu n'avait pas repris connaissance. Dans la poche interne de son veston, je découvris un morceau de papier chiffonné sur lequel figurait une sorte de code : Custom 743 Pilot, Maki-é … Qu'est-ce que ces termes abscons pouvaient-ils réellement signifier?

Finalement, cela m'évoquait bien quelque-chose, mais ses souvenirs embrumés par le whisky se montraient quelque peu confus…

http://stylo-plume.org/viewtopic.php?f=26&t=8356

Toujours inconscient, notre mystérieux visiteur se mit à s'agiter frénétiquement et articulait quelque bribes de phrases par saccades: "Kyoto, danger, Yumi, laque, escroquerie terrible, Yakuzas, poursuite, enfer…" Puis l'homme redevint parfaitement mutique. Encore une fois, un évènement très grave paraissait lier le Japon et la laque… Il me fallait y retourner de toute urgence. Décidemment, il existait quelque-chose de pourri au royaume du Mikado!

Mon assistante me dévisagea avec sévérité, elle n'appréciait pas beaucoup mes absences répétées pourtant nécessaires au bon déroulement de mes enquêtes. Je décrochai le holster de mon épaule, mon fidèle Colt Detective 38 Special snub-nose devait m'attendre sagement ici afin de ne pas créer d'incompréhensions fâcheuses avec les autorités nippones.

Puis, je pris congé et dévalai rapidement les marches de l'escalier en colimaçon me menant à l'extérieur de l'immeuble. Sur le trottoir, ma valeureuse Buick Eight convertible paressait elle aussi m'adresser un reproche silencieux, elle ne serait pas de cette nouvelle investigation et cela la courrouçait quelque-peu…

Mon taxi m'emmena prestement à l'aéroport où un vol Japan Airlines n'attendait plus que moi. Assis confortablement sur un fauteuil inclinable, je consentis à desserrer ma cravate et à déboutonner mon col avant de m'abandonner dans les bras de Morphée.
Mon sommeil fut agité, émaillé de terribles cauchemars, une boule se formait dans mon estomac, j'avais la sensation, presque palpable d'aller au-devant d'un redoutable adversaire.

Ma longue carrière, de 18… mois m'avait entrainée dans d'incroyables aventures et face à des génies du crime tels que le sprinteur unijambiste de Nogent le Rotrou, le cannibale épileptique de Monceau les Mines, le dépeceur bègue de la Motte Beuvron ou encore le désanusseur fétichiste de Villeneuve d'Ascq. Mais rien, absolument rien ne pouvait me préparer à ce que j'allais vivre, un véritable tremblement de terre magnitude 10 voire 15 sur l'échelle de Pilot, au moins…

Arrivé à l'aéroport régional du Kansai, je pris un Shinkansen pour Kyoto, la cité du mystère et, probablement, du vice! Je retrouvai sur place deux de mes meilleurs contacts, Suzuki et Hayabusa (surnommé affectueusement "grosse buse" dans le milieu) qui avaient mené leur enquête en mon absence. Leurs investigations avaient abouti à une villa traditionnelle attenante à un papetier renommé et située au 1911 de la Sailor Avenue.

Ce qui suit s'avère absolument véridique, seuls les prénoms ont été changés afin de préserver les coupables (et surtout ma précieuse existence, vous comprendrez pourquoi en lisant la suite…)

AVERTISSEMENT: LE TEXTE CI-DESSOUS REPRODUIT INTÉGRALEMENT LES CONVERSATIONS DES SUSPECTS, LA VIOLENCE ET LA CRUDITÉ DU PROPOS AINSI QUE LEURS RÉVÉLATIONS AHURISSANTES PEUVENT DÉCLENCHER DES SYNCOPES, DES VOMISSEMENTS, DES CRISES D’ÉPILEPSIE, DE TACHYCARDIE OU DE RIRE AINSI QU'UNE PROBABLE SUFFOCATION, VOUS POURSUIVEZ DONC CETTE LECTURE A VOS RISQUES ET PÉRILS ET LE CABINET PILOTNAMIKI PI DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES CAS HOSPITALISATIONS D'URGENCE OU LES DÉCÈS SUSCEPTIBLES D'EN RÉSULTER.
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Je me trouvais devant cette imposante maison traditionnelle, la nuit venait de tomber soudain, une lumière s'alluma dans une pièce, je décidai de me faufiler sans bruit et d'observer la suite des évènements. Une jeune femme agenouillée à proximité d'une table basse déballait un magnifique stylo laqué orné de motifs feuillus, soudain une autre jeune femme fit son entrée dans la pièce principale à la décoration extrêmement zen. Elles entamèrent immédiatement une conversation toute à la fois animée et stupéfiante, la voici retranscrite:

La jeune femme agenouillée: entre Daikin, fait comme chez toi!

Daikin: Ouah, c'est ta nouvelle création, Yumi, montre!

Yumi (la demoiselle agenouillée): Oui, un Pilot Custom 743 laqué par mes soins!

Daikin: Et le packaging, on dirait du bois précieux ou du paulownia…

Yumi: Oh, tu sais, il vient de France, un truc que j'ai trouvé à la superette du coin, un fromage appelé camembert Président, j'ai récupéré la boîte, j'ai découpé, collé et voilà et j'ai même façonné un présentoir avec, chic et pas cher, quoi!

Daikin: Et cette calligraphie, quelle classe, tu as fait appel à une pointure?

Yumi: Oui, à mon petit frère de 7 ans, mais il a dessiné les Kanjis comme un sagouin, ça les rend presque illisibles…

Daikin: Qu'est-ce-qu' il a voulu écrire," stylo spécial laqué, cadeau précieux", j'ai du mal à lire…

Yumi: Il a abusé le petit morveux, il a écrit "Merde à celui qui le lira", heureusement, personne n'arrivera à déchiffrer ses infâmes gribouillis!

Daikin: Viens voir le stylo, superbe laque et ce motif de feuilles, où as-tu eu cette idée?

Yumi: Te souviens-tu de nos vacances d'été lorsqu'on avait 9-10 ans chez ma grand-mère?

Daikin: Ah oui, mamie boulettes, on l'avait surnommé ainsi parce qu'elle nous servait ses boulettes de viande maison matin, midi et soir, mais les mauvaises langues prétendaient qu'elle les confectionnait à partir des chats errants du quartier, à l'époque ça m'avait presque traumatisée!

Yumi: Je te rassure, la vioque m'a révélé son secret sur son lit de mort, la bidoche provenait, en fait, de cadavres de ragondins enragés et de chauves-souris en décomposition situés près de sa maison de campagne.

Daikin: Ah, merci Yumi, tu me mets tout de suite beaucoup plus à l'aise, cette histoire m'avait hanté pendant des années! Mais, tu ne m'as toujours pas répondu pour les feuilles.

Yumi: Tu te souviens des herbiers qu'elle nous faisait confectionner, qu'est-ce qu'on a pu se faire chier avec ça…

Daikin: Et du coup, tu t'es inspirée des feuilles d'érable qu'on ramassait tout le temps et tu les as reproduites en les laquant!

Yumi: Tu ne penses tout de même pas je me suis cassée la nénette à redessiner ces feuilles à la con, je les ai prises directement de l'herbier et je les ai collées sur le stylo avec mon vernis incolore Shisheido!

Daikin: Au sein de la laque Urushi?

Yumi: Voyons Daikin, tu sais bien que l'Urushi n'existe pas, c'est une légende inventée pour les touristes et pour l'export, comme si de la laque pouvait provenir d'un arbre! Chacun sa recette pour fabriquer son propre Urushi, en ce qui me concerne je pars d'une base d'huile de vidange de Nissan Micra modèle 1992 mélangée à de la sauce soja Kikkoman avec un fond de riz gluant pour une bonne adhésion…

Daikin: Génial, comme ça, on facture à prix d'or un truc fictif qui ne coûte pas un rond!

Yumi: Comment crois-tu que le Japon soit devenu si riche, nyark, nyark , nyark!!!!

Daikin: Mais tu as tout de même utilisé la technique Hyomon en soufflant de la poudre d'or sur le corps du stylo!

Yumi: Franchement, Daikin, non contente de porter le prénom d'une pompe à chaleur en plus d'en avoir quasiment le physique, tu fais presque étalage du même niveau de sagacité!

Daikin: Ouh là, tu m'as l'air plutôt véner ma chérie, tu souffres de la pleine lune?

Yumi: Pleine lune en plus d'une digestion difficile, c'est bien simple, si je croisais un de ces crétins de mec qui prétend diriger la société, je pourrais l'émasculer sur le champ à coup de baguettes, si un type se tenait là près de la fenêtre, je le butterais immédiatement, faut pas me chercher ce soir!

Moi: glups!!!!!

Daikin: Bon, alors, cette poudre d'or?

Yumi: Tout simplement les paillettes que j'utilisais petite fille pour mes tenues de fée clochette ou mélusine, ça coûte 100 Yens au Seven-Eleven du coin!

Daikin: Finalement, seul le stylo t'a coûté quelque-chose?

Yumi: Même pas, je l'ai piqué chez le papetier du coin, le tenancier me fait les yeux doux, il n'a rien remarqué l'idiot! Et, vu son physique de thon, il peut toujours aller se brosser!

Daikin: Ton affaire m'a l'air drôlement rentable ma chérie!

Yumi: Tu ne crois pas si bien dire, j'ai trouvé un acheteur en Europe, en France, je crois et ce n'est que le premier d'une longue série! Viens voir ce que j'ai pu m'acheter avec sa seule vente! Regarde ces sublimes escarpins, il s'agit d'un truc français, des Louboutins!

Daikin: Des Mobutus?????!!!!

Yumi: Plus je t'écoute, plus je me dis qu'avec toi en tant que copine, j'ai vraiment tiré le bon numéro! Au lieu de raconter n'importe quoi, essaie-les pour voir.

Daikin: Non, je n'ose pas!

Yumi: Si, si, je t'en prie!

Daikin: Waouh, j'ai l'impression d'une petite rehausse avec ces pompes de luxe.

Yumi: Oh, ça n'est que léger, à vue de nez tu passes de ton mètre 32 habituel à environ 1,84 mètre, finalement, rien de bien significatif!

Daikin: Tiens, je te les rends.

Yumi: Attends, ce n'est pas tout, viens voir ça!

Les deux jeunes femmes se précipitèrent vers une sorte de cour intérieure où un singulier bolide trônait.

Yumi: Grâce à la vente d'un seul stylo, j'ai pu m'acheter cette Ferrari neuve!

Daikin: Ouah, génial la peinture mauve irisée, les jantes de 28 pouces couleur jaune canari, le volant vert fluo en peau de lézard héloderme venimeux du Guatemala et cet intérieur en moumoute fuchsia, la grande classe!

Yumi: Oui, harmonie des formes et des couleurs, discrétion, j'ai toujours eu un excellent goût!

Daikin: Au fait, comment va ton père?

Yumi: Très bien, mais sa vue a tendance à baisser un peu. Ces temps-ci, il confond la voisine, Mlle Koyabashi avec une Honda Civic type R. Il lui tournait autour hier pour admirer ses jantes alliages et son châssis sport, je pense qu'elle l'a pris pour un vieux pervers.

Daikin: Oh, remarque, la voisine ressemble un peu à une Honda et moi, même, le soir je prends parfois les grues cendrés pour des Pilot Capless.

Yumi: Tiens, à propos, voici ton diplôme officiel de maître-laqueur délivré par mon père.

Daikin: C'est dingue, je ne l'ai jamais rencontré, comment est-ce possible?

Yumi: Je me suis fait passer pour toi, il n'y a vu que du feu.

Daikin: Mais, je n'y connais rien.

Yumi: T'occupe, je te formerai en une heure ou deux, j'ai besoin de toi comme associée. On va lancer la Girl's lacquer Team, on va leur rentrer dedans à tous ces vieux machos, girl's lacquer, girl's power!

Daikin: Génial, girl's lacquer, girl's power! J'ai une idée pour ma première réalisation, on pourrait partir d'une base de Pilot Prera, on placerait dans ton faux Urushi maison mes collages d'école maternelle agrémentés de coquillages de la plage de Fukuoka.

Yumi: Eh, pas mal du tout, sauf qu'on utiliserait plutôt un Plumix usagé pour réduire les coûts et on vendrait le tout au prix d'une Lexus LS 600h!

Daikin: On va se faire un max de fric, je vais pouvoir réaliser mes rêves, comme par exemple, de la chirurgie esthétique.

Yumi: Si tu vas par-là, ma chérie, il y a pour une vie entière chez toi! Mais tu devrais déjà t'attaquer à ton problème numéro un si tu veux un jour pouvoir ferrer un de ces stupides mâles, je veux parler bien-sûr de ta cellulite affolante.

Daikin: Tu crois?

Yumi: Bien-sûr, ceci dit, ça présente tout de même un avantage déterminant. Selon une étude scientifique, cela éloignerait les parasites, voilà pourquoi les moustiques s'enfuient terrorisés lorsqu'ils t'aperçoivent ou te hument! Et quand c'est les deux, ils nécessitent une psychothérapie d'urgence.

Daikin; Alors, c'était pour ça…

Yumi: J'ai lu ça dans un journal médical renommé, deux immenses scientifiques de l'université de Padoue, en Italie, ont œuvré pendant trois décennies pour aboutir à ce constat prodigieux, les professeurs Harpo et Pipo!

Daikin: Déjà, rien qu'à leurs noms, ça transpire la grosse pointure et la crédibilité!

Yumi: Revenons à nos stylos laqués, j'ai une idée géniale on devrait créer une comédie musicale pour promouvoir nos merveilles.

Daikin: Tu crois?

Yumi: Oui, bien sûr, on irait la tourner aux States. Je vois d'ici la scène. Imagine un gros plan sur une boutique de stylos de luxe, avec nos créations en vitrine. Tout à coup un gang entoure le magasin en question, brise la vitrine et s'empare de nos joujoux, des Namiki Empereur laqués par nos soins.

Daikin: Quel type de gang?

Yumi: Des mecs échappés de la prison de Saint Quentin, avec leurs uniformes réglementaires "Saint Quentin correctional departement", d'ignobles trafiquants d'instruments d'écriture. Pour les incarner, je pense à des chimpanzés délinquants avec des coupes grunge.

Daikin; Des singes?????

Yumi: Mais oui, ils ne sont pas syndiqués, ils ne nous coûteront pas un rond! Attends la suite, tout à coup une Ford Police Interceptor déboule toutes sirènes hurlantes à grande vitesse, effectue un drift, fait fumer ses gommes arrières et se plante devant les orangs outans médusés.

Daikin: Chimpanzés…

Yumi: Oui, si tu veux. Quatre flics baraqués et bien foutus émergent de la caisse et commencent à entonner une sorte de ballet en exhibant fièrement leurs fusils à pompe sur un thème heavy-metal . Ils effectuent quelques triples saltos arrière et tout à coup visent les singes en fuite et leur explosent la tronche à coups de chevrotine en gros plan. On filmerait la scène au ralenti avec une caméra ultra haute définition, pas de pitié pour les voleurs de stylos!

Daikin: Mais, c'est inhumain, on ne peut pas faire ça!

Yumi: Bon ok, j'avoue, ça parait un peu brutal, mais ces macaques vont devenir des stars posthumes du web. Avec son côté snuffmovie, notre vidéo va atomiser les scores, au moins 12 millions de vues en moins d'un quart-d'heure sur Youtube! Et puis, imagine le buzz sur les réseaux sociaux!

Daikin: Non, je ne voulais pas parler des singes, on s'en fout, mais des Namiki Empereur, on ne peut pas risquer de les endommager!

Yumi; Enfin une remarque pertinente Daikin, tu remontes dans mon estime! Rassure-toi, j'ai tout prévu. Il n'est bien sûr pas question d'utiliser de vrais Namiki Empereur, ça coûte une blinde ces petites choses-là. Non, on fera appel à des copies réalisées en Corée du Nord dans des conditions très éthiques par des enfants de 4 ans détenus dans des goulags enchainés entre eux et pieds nus dans la neige.

Daikin: C'est très bien de leur enseigner tôt l'éthique du travail bien fait et ils contribuent à l'édification du glorieux régime du bien-aimé leader Kim-Jong-Un, un immense humaniste!

Yumi: Avec notre business de laque, dans six mois on ouvre une maison de passe à Macao, dans moins d'un an un casino à Las-Vegas et un site trash pour concurrencer Youporn.

Daikin: Génial, on pourra enfin réaliser nos fantasmes.

Yumi: Non, tu as des fantasmes Daikin?

Daikin: Oui, je n'ai jamais osé te l'avouer, plus jeune je flashais sur les cacatoès collectionneurs de Wahl-Eversharp Doric, sapés comme Raymond Barre et sifflotant "My Way" mais aujourd'hui je suis revenue à plus de réalisme et je m'imagine aux côtés d'un sémillant escargot des Galápagos déguisé en centurion romain, affectionnant les Waterman Patrician et fumant la pipe.

Long silence, Yumi dévisage Daikin avec une expression mêlant pitié et terreur.

Yumi: Ma pauvre Daikin, je pense que tu es mure pour l'asile, tout comme l'auteur de ces lignes…Moi, heureusement je suis normale puisque je rêve d'un diable de Tasmanie trapéziste volant portant l''uniforme de capitaine des pompiers de Yokosuka, sosie officiel de Walter A Sheaffer et président du fan club d'Edouard Balladur!

Daikin: Oui, on perçoit tout de suite la différence.

Yumi: Et on pourra enfin se tirer de Kyoto, ce nid à touristes. S'ils savaient à quel point on les berne ces imbéciles…

Daikin: Jamais ils ne devront se rendre compte que les joueurs de koto ou de Shamisen ne produisent aucun son mais utilisent un playback pourave à base de sampler Akai S1000 modèle 1987, que les acteurs des théâtres Nô et Kabuki sont des aliénés à qui on accorde quelques sorties créatives, que les combats de sumos constituent une forme de régime accélérée pour nos obèses incurables, que les kimonos traditionnels sont confectionnés par des immigrés clandestins dans des entrepôts désaffectés équipés de machines chinoises, que nos geishas…

Daikin n'eut pas le temps de poursuivre sa phrase, ému aux larmes par ces révélations fracassantes, je fis chuter mon portefeuille, ce qui ameuta tout le quartier.

Bondissant comme un diable de sa boîte, Yumi et Daikin émergèrent promptement de l'imposante villa me fixèrent avec haine puis exécutèrent une sorte de signe à destination d'un auditoire invisible dans la nuit noire.

Yumi: Cet étranger a percé nos secrets, ils ne doit pas s'enfuir, lardez-le de coups de plumes de Sailor KOP , tranchez-le en petits morceaux et nourrissez nos fausses carpes Koi (qui sont en fait des poissons rouges de Fukushima) avec!

Immédiatement, des dizaines de Yakuzas grimés en ninjas jaillirent des toits poussant des cris gutturaux, ils s'apprêtaient à fondre sur moi. Tétanisé une fraction de seconde, je bondis sur la puissante motocyclette prêtée par Hayabusa et je parvins à m'enfuir à plus de 300 km/h dans les artères étroites du vieux Kyoto. J'avais réussi à semer mes poursuivants, mais mon cœur et mon esprit étaient ravagés, mon univers s'effondrait totalement. L'innommable le disputait à l'impossible, à l'indicible à l'invisible, bon, euh, j'arrête là!

Je dissimulai ma véloce monture à proximité du sanctuaire de Yasaka et m'introduisis furtivement dans le quartier historique de Gion où l'arrière-cour d'une imposante bâtisse me tendait les bras. Je piquai un somme agité, caché dans une sorte de réserve en attendant l'aube.

Vers 6 heures du matin, la maisonnée commença à s'agiter frénétiquement. Je m'approchai pour observer les geishas, ou plutôt les geikos comme on dit ici et je fus saisi par l'effroi. Ces jeunes femmes n'étaient pas natives du Japon. En quelques minutes, je réalisai qu'un nouveau mythe nippon venait de s'écrouler.

Ces demoiselles provenaient d'Amérique du Sud et il s'agissait de repentis de cartels de la drogue auxquels on offrait une nouvelle vie après quelques opérations visant à changer leur sexe et leur aspect initial quelque peu rugueux. Une éducation très accélérée, un copieux maquillage (à la truelle, non à la pelle de chantier) et une perruque made in China se chargeaient du reste.

Je parcourus de long en large le quartier de Gion pour constater que ces "dames" avaient organisé des trafics fructueux, dans divers domaines comme l'import- export de nouilles instantanées Nissin frelatées et aux dates de péremption maquillées. Ainsi, un lot d'octobre 1995 se retrouva-t-il remis dans le circuit alimentaire avec une date de consommation limite portée à Octobre 2015, les moisissures mortelles et les salmonelles ayant été opportunément ôtées, enfin presque…

Une des maisons les plus réputées de la place, tenue d'une main de fer par une grande artiste autrichienne barbue prénommée Conchita, arborant la tenue de Sailor-Moon, le sceptre magique de Gigi, la coiffure de Candy et le caractère d'Excel Saga se livrait à des contrefaçons de Nakaya très réalistes mais avec des pièces provenant du Vietnam et de Mongolie. Les fausses plumes Elastic étaient issues du tronçonnage d'ailes avant de Mitsubishi Galant modèle 1982, le tout très habilement maquillé.

Le comble de la mesure fut atteint dans une autre maison qui s'échinait à donner l'aspect d'un Sailor Kop à des MB 149 où le plastoc, euh pardon, la résine précieuse (arf, arf!) était retravaillée pour ressembler vaguement à de l'ébonite, la plume industrielle rigide teutonne devenant une fausse Nagahara souple travaillée main! A la vue de ce sacrilège, je ne pus m'empêcher de recracher la maigre pitance ingurgitée depuis deux jours, j'avais atteint le fond, il me fallait fuir cet enfer immédiatement!

Un festival Cosplay devait se tenir le lendemain matin, je mis à profit la pénombre pour me façonner une tenue en farfouillant dans les poubelles. Au petit matin, je trônais dans mon déguisement de Pikachu.

Je me mêlai rapidement au cortège très animé, mais je décelai rapidement une tension croissante. Tout à coup, les autres mascottes m'entourèrent et bloquèrent ma progression. N'y connaissant pas grand-chose en Pokémon, j'avais dû commettre quelques erreurs grossières dans la confection de mon costume.

Des enfants de maternelle, hostiles, me poussèrent violemment à terre et se mirent à me massacrer le dos avec leurs nunchakus. Mon signalement de fugitif avait circulé auprès des écoles tout comme des maisons de retraite.

Soudainement une grand-mère de 95 ans bondit dans les airs et entreprit de fondre sur moi, katana tranchant en avant, j'allais périr à Kyoto, coupé en deux par une vieille dame, coincé dans une tenue grotesque, non, NON!!!!!!

Mon cœur battait la chamade, de la sueur perlait sur mon front, j'avais les mains moites, mais où suis-je? Kyoto, le Japon…

Non, par bonheur, je venais de me réveiller sur mon Chesterfield dans mon bien aimé cabinet de détective privé. Les cadavres jonchaient le sol, les cadavres de bouteilles de whisky, naturellement. Quel affreux cauchemar!

Heureusement, mon Japon, le vrai, demeurait tout comme l'art de la laque et la sublime Kyoto aux 17 sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco contre un seul à Paris, par exemple…

Je retrouvai mes esprits avec un café très serré et un bon vinyle de Benny Goodman. Demain, une nouvelle affaire particulièrement sordide allait, à nouveau, m'accaparer, le cas du couple de prestidigitateurs autrichiens kleptomanes.
Madame a pour habitude de dissimuler des Paker Duofold Centennial dans ses bas et son porte-jarretelle en plus de Caran d'Ache Léman dans son soutien-gorge et des Aurora 88 dans sa barbe fleurie. Quant à monsieur, il cache des colombes et des Montblanc Starwalker dans son anus artificiel, une nouvelle plongée dans l'horreur pour votre serviteur, mais tel est mon destin!

Si vous avez atteint ce stade, bravo à vous, cela signifie que vous êtes toujours en vie après cette honteuse pignolade. Je tiens à m'excuser platement envers celles et ceux qui seraient susceptibles d'être choqués par le vocabulaire employé ou mes blagues à deux balles, mais, entre nous, j'ai pleuré de rire en rédigeant cette "chose" et vous peut-être aussi en la lisant, et par les temps qui courent, cela n'a pas de prix!

Dernière info, je n'ai ingurgité aucune substance stupéfiante ou alcoolique avant et pendant la rédaction ce qui aggrave encore mon cas, dans une certaine mesure (je fonctionne mentalement ainsi dans mon état normal…)

Pardon, enfin, à Shadok, je trouve ton stylo superbe et son processus de fabrication n'a évidemment rien à voir avec mon délire!

That's all folks!

[creatorcom]

07h du mat. Je profite du calme encore présent dans la maison, je lis ce message. Excellente cette fiction. Ma journée de repos, commence bien. Sur le bureau, mon Sailor 1911 avec sa plume 21k.
Je le regarde et je ne peux m'empêcher de penser à la Mitsubishi Gallant. Et si Pilotnamiki n'avait pas rêver....

[georges zaslavsky]

encore un très beau roman fiction des photos du stylos seraient bienvenues

[LYTH]

Merci pilotnamiki ! J'ai bien ri.

[Hellmut]

Pour le Maki-e et la laque urushi fantôme, je m'en doutais depuis longtemps,
maintenant j'ai la preuve

D'ailleurs Maki-e signifie littéralement 'repeint à la va-vite', d'où la célèbre expression
'maki-é comme une voiture volée'.
Cqfd.

[jva]

Merci PilotNamiki.
Le lire dans la nuit ne permet pas de tout savourer. Je viens de le relire et j'ai vraiment riz .
Merci !

[AD71]

Qui a encore un Maki-e (signifiant littéralement 'repeint à la va-vite', d'où la célèbre expression 'maki-é comme une voiture volée') à présenter sur le forum pour titiller encore l'imagination de Pilotnamiki ? Ou un MB édition limitée : je sens que ça l'inspirerait aussi...
Rassure-moi, Pilotnamiki, le cannibale épileptique de Montceau-les-Mines, tu l'as arrêté, je l'espère ? C'est près de chez moi !

[emsiscrib]

Hilarant, truculent, bien écrit.

Excellent !

[Plum73]

Aie, nos Amis fan des Namiki et autres décors japonisant vont maintenant avoir des doutes
Merci pour la nouvelle

[allen]

Excellent !
J'avoue ne pas avoir ri aux éclats mais eu envie de te suivre jusqu'au bout ça oui (et sur l'écran d'un téléphone il faut un style qui accroche)

Il y a toujours une part de vérité dans un récit: reste à savoir si c'est ce qui est dit sur l'auteur, sur la page pauvre Yumi ici convoquée ou sur les japoniaiseries artisanales. J'ai ma petite idée

[Dunhill]

Excellent, on dirait presque du Hugh Laurie, j'ai bien rigolé ou du moins sourie. Merci PilotNamiki.

[jpeg]

...Grâce à la vente d'un seul stylo, j'ai pu m'acheter cette Ferrari neuve!

Toute ressemblance avec un vendeur américain bien connu des amateurs de vieux allemands serait évidemment fortuite, lequel me disait un jour "Les gars, vous êtes vraiment gentils d'accepter de me payer ces prix-là, grâce à vous, j'ai pu me payer comptant un cabriolet BMW neuf."

Tout ça, c'est un coup à faire s'agiter les mânes d'Hammett, de Chandler et de Mc Coy Tu as dû t'amuser.

Jimmy

[petitdauphinzele]

Je me doutais bien que le maki-e n'était que bluff, rien ne vaut la résine précieuse recueillie sur le Mont Blanc à la fine pointe de l'aube.

Cette enquête le confirme.