Conway Stewart 100 "Heather"

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Conway Stewart 100 "Heather"

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Voici un rapide essai du Conway Stewart 100. Je n’ai comme dit ailleurs guère le temps de faire de photos en ce moment, j’en ai retrouvé une de qualité médiocre faite vite fait il y a deux ans pour illustrer cet essai. On la trouvera à la fin.

Conway Stewart est une vieille fabrique anglaise de stylos. L’entreprise d’aujourd’hui a racheté le nom et s’inspire des modèles historiques de la marque très active et très populaire autrefois. Les Conway Stewart anciens étaient de jolis stylos de bonne qualité, vendus à des prix très accessibles. Le marché des CS d’époque est très actif aujourd’hui, ces modèles vintages sont parfaitement utilisables au quotidien.

Le 100 est l’héritier d’un dessin classique de la marque décliné dans plusieurs tailles. Il n’est pas toujours aisé sur l’internet de se rendre compte de la taille des stylos : celui-ci est de bonne taille, grosso-modo de la taille d’un Pelikan M800 pour donner une référence, tout en n’étant pas très lourd, au contraire de certains modèles récents de la marque. La forme fluide et lisse est légèrement ogivale, le capuchon se terminant par un « bijou » conique.

J’avais longtemps hésité lors de l’achat avec le Duro, un modèle un peu plus petit à extrémités plates (flat top) et agrafe à l’ancienne également d’inspiration historique. Les Conway Stewart sont renommés pour la qualité et la beauté de leurs plastiques. D’ailleurs, si une marque mérite qu’on emploie le mot de « résine », plus valorisant que « plastique », c’est bien Conway Stewart : leurs résines sont vraiment belles, avec des couleurs très vivantes et profondes et des motifs souvent originaux. Une autre originalité de la marque, c’est qu’on peut choisir des modèles et des couleurs qui ne figurent pas au catalogue courant : c’est que qu’ils appellent le « bespoke ».Vous voulez un 58 ou un Dinkie qui ne figurent plus au catalogue, dans la couleur Coral green ? Pas de problème, on vous le fait, moyennant supplément évidemment. C’est ce que j’ai fait avec le mien. Je le voulais absolument en couleur Heather (bruyère) que je trouvais depuis longtemps de toute beauté, Conway Stewart l’a fait.

Avant de parler du stylo, parlons de l’emboîtage. Si vous cherchez à impressionner la personne à qui vous voulez faire un cadeau, stoooop, n’allez pas plus loin, c’est ici que ça se passe. Qu’on en juge. On se trouve devant une grosse boîte noire. Jusque-là, tout va bien. Dans cette boîte noire, se trouve une belle grosse autre boîte au couvercle rembourré, gaînée de simili-cuir vert gaufré façon Vuitton. Le (la) chéri(e) est déjà impressionné. Mais là, trooooop fort, dans la boîte, il y a une autre boîte en forme de losange dans le même gaînage vert. C’est dans cette troisième boîte, Ô le vertige, qu’apparaît enfin aux yeux éblouis de l’élu(e) le stylo, accompagné de papiers très chics. Inutile de le dire : c’est gagné, on remet les compteurs à zéro et on part main dans la main dans le soleil couchant. Fondu enchaîné, FIN. Merci qui ? Merci Conway Stewart !

Pour être tout à fait franc, m’étant offert à moi-même le stylo et connaissant par cœur mes ruses de séducteur de troisième zone sur le déclin, je me serais volontiers passé de cet emballage un peu tape-à-l’œil.

Le stylo, si je me souviens bien, est vendu avec une garantie de cent ans ou quelque chose comme ça. On renvoie à l’usine un papier et c’est fait. Enfin ça devrait être fait, parce que je ne sais pas si ma garantie a bien été enregistrée.

Bon, je sais je sais, le stylo. Voilà, ça vient. J’ai déjà parlé de la forme très classique. Le stylo est fabriqué au tour, la finition est belle, rien à redire. La couleur Heather bien nommée est très délicate : un mélange translucide de bleus, de verts, de brun, d’or et d’améthyste. Des couleurs de chemin de Sologne, des couleurs qui se fondent dans la profondeur de la résine. C’est un vrai bonheur que de regarder jouer la lumière sur et à travers le corps du stylo, finement gravé de la marque et du numéro. Le capuchon comporte trois bagues, une large entourée de deux plus fines. Ces bagues sont en or, poinçonnées, pas en plaqué. L’agrafe (en plaqué) reprend la forme traditionnelle des anciens CS. Le capuchon se termine par le bijou. Un petit regret ici, valable pour tous les modèles 100 du catalogue : la couleur de ce « bijou » n’est pas assortie à la couleur du stylo, il est noir, ce qui est ici trop dur et ne va pas très bien avec la délicatesse des teintes de ce stylo Heather. Un autre détail esthétique mineur concernant l’agrafe moulée : quand on la regarde de près, elle n’a pas la finesse des agrafes des modèles anciens, à la gravure nette, le logo et la découpe sont bien plus grossiers sur le sylo moderne.

Un autre point intéressant chez Conway Stewart : on peut choisir le système de remplissage. Classique système à cartouche/convertisseur, levier à l’ancienne sur certains, remplissage par pression sur un bouton à l’extrémité. J’ai quant à moi choisi un système qui se rapproche du piston : on dévisse un petit capuchon à l’extrémité du stylo, puis on visse ou dévisse le bouton moleté qui se cache dessous, comme sur un stylo à piston. On n’a pas affaire ici à un vrai piston, mais à un convertisseur intégré, à contenance moindre. Ce système fonctionne bien.

La prise en mains est excellente. Rien n’accroche les doigts, la ligne est très lisse, la section de bon diamètre.

Le plus important maintenant : la plume. Là, ça se gâte un peu. Entendons-nous bien : ce que je vais dire de la plume n’est que mon avis à moi, ce que je n’aime pas conviendra parfaitement à d’autres, ce n’est pas un jugement sur les plumes.

La plume est une grande et belle plume 18 carats, imposante, rigide, sans trou (quelqu’un pourrait me rappeler comment on traduit « breather hole », déjà ?). C’est une plume d’origine Bock, typique, montée sur un feed en plastique. L’alimentation est excellente, très agréablement réglée et parfaitement régulière. C’est une F assez fine. Mais voilà : je n’aime pas les plumes fines rigides. Celle-ci ne fait pas exception à la règle. Comme chantait l’autre, « elle m’emmerde vous di-is-je… ». Erreur de casting. Du coup, ce très joli stylo a passé les deux dernières années au fond d’une boîte, même pas la sienne, avec quelques rares permissions de sortie. Je le remplace maintenant par une italique M (une stub, en fait), on verra bien. Je trouve vraiment dommage de ne pas me servir de ce bel outil, j’espère que ça ira mieux comme ça. Encore une fois, cela n’est pas un jugement sur les qualités des plumes Conway Stewart. Ah, tiens, une vacherie en passant : il aura fallu du temps pour changer de plume, la maison-mère semble bien plus préoccupée par l'important marché américain que par l’écoute de nos petites requêtes de frenchies.

Bon, eh bien voilà. Il ne doit plus rester grand-chose à dire. C’est un beau stylo très classique et une marque qui mérite le détour. Il est grand temps que ce bel objet sorte du formol et écrive les lettres auxquelles il était destiné. Je n’ai que peu de choses à lui reprocher. Un soupçon de clinquant en trop, peut-être, et encore... Le sentiment qu'une certaine grâce inhérente aux anciens modèles manque un peu à ce gros stylo conforme aux canons modernes. Mais je ne me battrai pas à ce propos si vous me dites qu’il vous plaît : je l’aime vraiment bien.

Regardez de près la collection courante : à côté de choses à la décoration peinte que j’éviterai poliment de qualifier, il y a de jolies pièces parmi les modèles abordables, sans parler des collections de prestige. Certaines bien belles mais trop lourdes à mon goût, d’autres plus austères (j’adore leur réédition du Doctor’s pen qui me fait très envie). Enfin, je mets pour le plaisir un lien commercial, regardez aussi les vieux, ils ne sont pas chers du tout et très plaisants.

Pour éviter de charger, juste deux liens tirés un peu au hasard de mes signets pour faire un peu de lecture supplémentaire. On ira également farfouiller avec intérêt sur le site de CS USA ou encore de Stylophiles où il y a de jolies photos. Google vous indiquera gentiment tout ça.

Le premier lien (en anglais) qui présente très rapidement la marque : http://www.rickconner.net/penspotters/index.html (rubrique Conway Stewart, of course).

Un lien commercial vers un vendeur britannique très fiable, surtout pour voir de vieux CS :
http://www.writetime.co.uk/conway/conway.htm

Jimmy
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Re: Conway Stewart 100 "Heather"

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A propos de bespoke, je me permets d'ajouter un lien concernant les couleurs qui date un peu, il y a peut-être quelques évolutions depuis. Lien qui provient une fois de plus de l'excellent FPN. Le stylo couleur Heather y est également photographié, la photo est un peu fadasse : http://www.fountainpennetwork.com/forum ... ather&st=0.

A noter en tête du forum dédié CS deux liens pour les amateurs de précision, le premier sur les poinçons et un autre sur les codes couleur gravés sur le corps.

Jimmy
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Re: Conway Stewart 100 "Heather"

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Encore un ajout : reçu ce matin la nouvelle italique M (IM). Le trait est plus large que ce que j'imaginais en pensant à la F ronde d'origine, il mesure 0,8-0,9 mm de large. J'avais au départ l'idée de commander une IB, elle aurait été trop large pour ce que je cherchais pour accompagner le stylo. C'est comme prévu une stub, douce avec cependant encore suffisamment de mordant, une variation de trait bien sûr moindre qu'avec une cursive, facile à utiliser en écriture rapide.

Si quelqu'un qui lit ceci en utilise une, je serais curieux de connaître la largeur du trait d'une IF.

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